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Masa 2022/ Théâtre: A travers  » Là-bas « , Fargass Assandé met en scène la douleur d’un couple ayant perdu leur fils unique.

La salle Kodjo Ebouclé du Palais de la culture de Treichville a accueilli dimanche dernier dans le cadre de la 12 édition du Marché des Arts et du Spectacle d’ Abidjan ( MASA ) la pièce  » Là-bas « , écrite et mise en scène par le dramaturge ivoirien Assandé Fargass.

La pièce s’ ouvre sur un décor authentique plongeant le public dans le pays dogon ( Mali ). Des soupçons de lumière éclairent l’endroit où va se dérouler la scène. L’épouse s’ affaire à modeler la pâte tout en chantant. Quant à l’ époux, assis dans une longue chaise se plaint de sa souffrance depuis le départ de leur fils pour  » Là-bas « , une destination dont on ignore tout et qui semble tenir captif le fils héritier.

Depuis plus de trois ans, le fils n’ a plus donné de nouvelles. Le père qui entre temps est devenu la risée de la communauté, implore les dieux pour le retour glorieux du fils parti. La disparition du fils a jeté l’opprobre sur sa digne lignée de forgeron. Cette situation devient intenable et le père ne peut rester indifférent. Son épouse, en tant que mère est toute aussi affectée par cette situation. Elle s’ interroge sur l’absence de son fils sans véritablement trouver de réponses. Elle fini par rendre son époux responsable de cette absence qui la  » tue «  de jour en jour « .

Blessé dans son orgueil, le père décide d’ effectuer un voyage initiatique en vue de ramener son fils. Uns sorte de voyage intérieur pour interroger sa conscience. Cette double absence ( époux et fils ) va accentuer la douleur de la mère. Elle a un pressentiment, une prémonition en quelque sorte. De retour de voyage sans le fils, la mère ne se fait aucune illusion. Son instinct de mère lui parle intérieurement…

Le père retourne sans le fils. La pâte que son épouse pétrissait est devenue un nouveau-né qu’ elle berce dans ses bras. Cette symbolique peut-être finalement présentée au dieu-protecteur afin qu’ils puissent faire le deuil du défunt. Enfin ! Dans une chanson à deux voix, le couple invoque les divinités pour que leur fils connaisse le repos éternel. Ce fils ainsi décédé va renaître dans le cœur du couple. Une renaissance qui augure des lendemains meilleurs. Un halot de lumière va s’emparer des deux personnages dont les visages traduisent la félicité. C’est sur cet épisode que le rideau se referme sous les applaudissements du public.

Fargass et Yaya Mbilé Bitang ont merveilleusement prêté leurs corps et leurs voix à cette représentation qui interroge notre humanité, voire nos consciences face au phénomène de l’ immigration clandestine. Cette mort symbolique de Seyiba, le fils doit mettre fin à cette tragédie humaine qui n’ honore guère les peuples. Ce drame vécu par les parents qui attendent le retour de leur progéniture qui ne reviendra jamais est mis à l’ index dans cette pièce. Selon le metteur en scène, si les enfants qui ont perdu leur parents sont appelés orphelins, comment devrons-nous nommer les parents qui perdent leurs enfants ? Cette douleur est tellement immense qu’ il n’ y a peut-être pas de mots pour le traduire. Peut-être qu’un jour cela se fera certainement. Une pièce qui vaut le coup d’ être vue pendant le Masa qui court jusqu’ au 12 mars.

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