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Mosquées de style soudanais du Nord ivoirien

Les Mosquées de style soudanais du Nord sont situées dans la moitié nord de la Côte d'Ivoire, en zone de savane, principalement dans les régions administratives des Savanes, du Worodougou, du Denguélé, du Bafing et du Zanzan (Pays Sénoufo, Manding, Lobi et Koulango).

Le style d’architecture qui les caractérise, a été introduit dans l’Empire du Mali au 14e siècle et s’est développée dans les régions plus méridionales à la chute de l’Empire Sonrhaï après le 16e siècle (Bataille de Tondibi en 1591). Ce style « Soudanais » trouve son expression monumentale et singulière dans une vingtaine (20) de mosquées en Côte d’Ivoire, dont les plus significatives sont :

– La Mosquée de Kaouara située dans la Sous préfecture d’Ouangolodougou ;
– La Mosquée de Tengréla située dans la Sous-préfecture de Tengréla ;
– La Mosquée de Kouto, située dans la Sous-préfecture de Kouto ;
– La Mosquée de Nambira, située la Sous-préfecture de M’Bengué;
– Les deux Mosquées de Kong, situées la Sous-préfecture de Kong ;

Ces mosquées, d’une valeur à la fois architecturale, historique et patrimoniale, ont pu subsister grâce au maintien de leur fonctionnalité d’origine qui impose un entretien traditionnel strict et rigoureux par les communautés d’appartenance.

Les Mosquées soudanaises sont principalement composées d’une salle de prière, principal espace central, à laquelle lui est adjoint le mihrab situé dans la tour du minaret. Cette salle de prière est, dans la majorité des cas, de forme approximativement rectangulaire ou carré. Les hommes prient dans la partie Est et les femmes au fond, dans la partie Ouest. Les femmes ont une entrée réservée et différente de celle des hommes. Les mosquées sont construites en briques de terre crue maçonnées. Les façades, le plus souvent aveugles, sont animées par des contreforts qui se différencient des minarets par leur taille.

La Mosquée de Kaouara construite aux alentours du 17e siècle par Ouattara Bakouneri, se distingue particulièrement par son architecture de minaret et de contreforts en forme d’ogives. Un imam du nom de Sylla Bassandi est enterré dans la cour de la mosquée sur le côté Ouest. La mosquée est divisée à l’intérieur en trois parties, d’Ouest en Est :

– L’espace de prière des dames où se trouve l’escalier qui mène à la terrasse ;
– Le vestibule ;
– L’espace de prière des hommes.

Cette mosquée bien que communautaire n’est pas souvent restaurée. Elle est relativement mal conservée.

La Mosquée de Tengrela est une belle architecture, construite en 1655 par le mâitre maçon Massa Flaté qui est l’auteur de la mosquée de Magadiana en Côte d’Ivoire et de celle de Djama Téné au Mali. Sa construction aurait duré cinq (5) ans. Le maître de l’ouvrage est une famille d’allogènes Dioula à l’Ouest du village Sénoufo. Elle se distingue par son architecture compacte avec très peu de contreforts. Le minaret se situe sur le côté Est de la mosquée. Le bâtiment rectangulaire orienté d’Est en Ouest comprend une salle de prière à l’Est et une cour à l’Ouest réservée aux femmes. De celle-ci, on accède à la terrasse par un escalier en épis sur la façade Sud. Cette mosquée familiale est restaurée tous les dix (10) ans par la famille Cissé, la seule spécialisée dans l’entretien de cet édifice depuis son origine. La mosquée est au cœur du quartier habité par la famille Cissé. Elle entretient avec le bâti et les espaces environnants un rapport « domestique ».

La Mosquée de Kouto a été construite au courant du 17e siècle dans un carré de 8m x 8m. Elle est implantée sur un vaste terrain à l’entrée de la ville côté Ouest. Un long mur de clôture en blocs de ciment d’une facture complètement exogène la soustrait à l’environnement urbain. Elle est composée de trois parties essentielles orientées d’Est en Ouest :

– La première est l’espace de prière des hommes avec en appendice l’emplacement de l’imam ;
– La seconde, le vestibule et la troisième, l’espace de prière des femmes dans lequel se trouve l’escalier qui mène à la toiture-terrasse.

La Mosquée de M’Bengué fut construite vers 1943 par Balamine KONATE. Elle peut s’inscrire dans un carré de 9m x 9m. Le minaret est situé au milieu de la façade Est. Il comprend une salle de prière dans laquelle on entre par trois portes, une au Nord, une au Sud et la dernière à l’Ouest. L’escalier d’accès à la terrasse est incorporé dans le volume. La mosquée fut construite sur une placette au cœur d’un quartier d’habitation. Son volume domine les maisons familiales aux alentours mais elle garde avec ces constructions un rapport de type « domestique ».

La Mosquée de Nambira est également de forme carré d’environ 9m x 9m. Le minaret est au milieu de la façade Est dans une tour massive de forme conique. L’édifice comporte une salle de prière dans laquelle on entre par trois portes inscrites dans des porches : une au Nord, une au Sud et la dernière à l’Ouest, l’entrée des femmes. L’accès à la terrasse se fait par un escalier en bois le long de la façade Nord. Les contreforts sont très volumineux, de forme conique et s’élèvent nettement au-dessus de l’acrotère de la toiture-terrasse. Elle est construite sur un terrain qui se trouve aujourd’hui entre l’ancien village et l’actuel. Elle se trouve à l’écart des habitations et des autres équipements urbains.

Les deux mosquées de Kong sont le témoignage unique de l’existence d’un centre islamique dans cette ville. Dans la première moitié du 18e siècle (1741), la ville de Kong possédait plusieurs mosquées mais il n’en reste plus que deux : la petite mosquée datant du 17e siècle et la grande plus tardive. La petite mosquée n’est plus fréquentée mais elle continue d’être entretenue du fait de son statut symbolique dû à son ancienneté, à la présence d’un centre religieux d’excellence à Kong, et à sa proximité avec le cimetière des Imams. La grande Mosquée de Kong (Missiriba) fut détruite par Samory TOURE aux environs de 1897 et reconstruite au début du 20e siècle à l’initiative de l’administration coloniale.

Valeur universelle exceptionnelle

Les mosquées de style soudanais du Nord ivoirien ont conservé leurs fonctions d’origine de lieux de prières et de rassemblement. Leur architecture n’a pas été modifiée du fait d’un entretien régulier. Néanmoins la grande mosquée de Kong a subi en 1978 une restauration inadaptée qui a provoqué un désordre structurel sur l’édifice. A ce jour, à l’exception des deux (02) mosquées de Kong les autres attendent d’être classés officiellement comme patrimoine national.

Les mosquées de style soudanais du Nord ivoirien sont comparables aux mosquées de Djenné, de Djingareyber, de Sankoré, et de Gao au Mali. Elles utilisent toutes les techniques de la brique de terre crue renforcées avec les torons. La particularité des mosquées de style soudanais du Nord ivoirien réside dans leur unicité architecturale compact et dans la présence d’éléments architecturaux intelligents, adaptés au climat pluvieux de la zone.

Source:UNESCO

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