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Les N’Zima ou Appolo

Venu de l'ancienne Gold Coast, le peuple N'Zima Kôtôkô de Cote d'ivoire s'est enraciné progressivement au Sud notamment à Tiapoum, à Assinie et à Grand-Bassam sous l'autorité de Awoula Amon Tanoé installé à Grand-Bassam.

A l’origine, le peuple N’Zima communément appelé «Appolo» serait venu du Ghana voisin habiles commerçants, nombreux et forts, ils ont avec les explorateurs et administrateurs des anciennes puissances coloniales, notamment les Anglais, les Portugais, les Hollandais et ensuite les Français. Selon Ie cinéaste Roger Gnoan M’bala, premier conseiller de Awoula Amon Tanoé, roi des N’Zima Kôtôkô de Cote d’ivoire, le peuple a eu des contacts très poussés à l’interieur de la Côte d’Ivoire. Ils pratiquaient Ie commerce intérieur ou marché intérieur, appelé Ebonougoua et Egnuanzougoua en langue locale et qui signifie marché interieur ou marché entre nous. les N’Zima vendaient un peu de tout: Ie tabac,le sel, les pagnes, la liqueur, et des serviettes. En outre, poursuit-il, il y avait parmi eux des planteurs de cocotiers. Ce peuple a vécu intimement avec les autres peuples a donné un métissage massif avec les colons français et les ressortissants de la sous-regjon. Le peuple N’Zima doit son évolution à ce brassage. 7 (sept) familles sans frontières «Le peuple N’Zima Kôtôkô de Côte d’ivoire est hiérarchisé. Et cette hiérarchisation est précise. Les N’Zima ont plusieurs institutions.

A savoir l’institution des familles, de l’Abissa et de la chefferie royale. Au-dessus, iI ya le roi qui est élevé par les chefs des familles. Le roi a toujours sous son autorité des chefs des «villages», explique Gnoan M’bala. Il poursuit, «En dehors de cela, iI y a des pratiques que les N’Zima ont codifiées comme le mariage, le décès. Toutes ces institutions renferment les aspects au plan culturel et politique. Au niveau de l’institution des familles, il y a sept grandes familles ou sept clans 0, qui forment une entité N’Zima». Ce sont les Alonhomba qui ont pour symbole le raphia et la calebasse, c’est le siège régnant à Grand-Bassam. Les N’Djuaffô ou les Ahua ou encore les Mahilé : ils ont pour symbole le chien et le feu: les Azanhounlé ont pour symbole l’igname et tout ce qui pousse sur la terre. Les Adahounlin ont pour symbole la graine palmiste et le perroquet. les Ezohilé ont pour symbole l’eau, le riz et le corbeau. les N’Vavilé sont les propriétaires de l’Abissa. les Mafilé ont pour symbole l’or. Toutefois les Mafilé et N’Vavilé ont les mêmes origines. Dans la vie courante ces deux familles sont toujours ensemble» précise le cinéaste, Chaque famille, indique le premier conseiller du roi, a son symbole, son organisation interne et porte un nom singulier. Le trône ou Aboussouan bia ne pose aucun problème. Chez les N’Zima, il n y a pas de distinction de localité. Un N’Zima est un N’Zima. Il est régi par sa famille quel que soit l’endroit où il se trouve. C’est à l’intérieur des familles que tout se passe. Si au niveau des familles un problème quelconque ne trouve pas de solution, on l’expose au chef et dans le pire des cas au roi. A son niveau le jugement est sans appel. Ainsi, dans la société traditionnelle N’zima, le roi est le chef des 7 familles, le patron de ce peuple. Ces liens de familles s’étendent en pays Abouré et Baoulé, poursuivant, Gnoan M’bala indique que les N’vavilé ont découvert l’Abissa. A cet effet, tous les rites qui s’y déroulent relèvent de cette famille et de leurs enfants. Chaque famille est autonome. II y a la famille intérieure, à l’intérieur de laquelle se gère l’héritage et la famille extérieure qui forme la grande famille. Elle se retrouve pendant les funérailles et autres grands événements. Toutes les 7 familles sont à Grand-Bassam et se réunissent tous les mois pour accomplir le rite qu’on appelle Aboussouan Kpangny. La famille n’a pas de frontière. Chose qui fait la capacité et la force des familles.

Toutes les 7 familles réunies forment le peuple N’Zima dans sa globalité. Aucune Famille ne peut leur intimer des ordres quelconques. Le peuple N’Zima appartient au groupe Akan et a pour mode de fonctionnement le régime du matriarcat. C’est-a-dire que l’organisation sociale dans ce peuple repose sur la seule famille maternelle ce qui n’est pas le cas chez d’autres peuples qui reposent sur le régime patriarcat. Chez les N’Zima, le roi appartient à la famille Alonwonba. C’est elle qui porte la chaise royale. Cette chaise vient du Ghana en passant par Krinjabo. L’héritage se fait d’oncle à neveu c’est-a-dire que l’on hérite du frère de la mère. Pour choisir le roi, ce sont les femmes qui décident, notamment les sœurs, les cousines et tantes. Les femmes sont les gardiennes du trône. L’épouse du roi et leurs enfants n’héritent pas du trône, c’est plutôt le neveu, le frère. Les notables sont choisis parmi les chefs de famille. C’est ce qui forme le collège des notables. Ce collège est dirigé par un chef notable qui est le premier conseiller du roi appelé Tfouhen, ce qui signifie conseiller. C’est lui qui, au nom du roi, règle les problèmes de la société. Les notables ont pour rôle le règlement des litiges. Ils encadrent le peuple dans sa gestion quotidienne. L’Abissa danse sacrée Le roi parle rarement. Le roi ne se trompe jamais. En pays N’Zima souligne, le porte-parole du roi, «on n’annonce jamais le décès du roi.» On emploie plutôt des proverbes tels que «le grand arbre est tombé» ou «le grand vent a fait baisser la queue du lion». Le roi peut choisir de garder son nom ou en prendre un autre. Outre cela, il choisit un symbole dans la nature. Awoula Amon Tanoé, roi des N’Zima Kotoko de Cote d’ivoire depuis 2004, a choisi comme symbole le lion. Le roi choisi son symbole de façon personnelle. Le peuple N’Zima a une danse particulière qui lui est chère, l’Abissa. Danse unificatrice, fondamentale, sacrée et non carnavalesque, l’Abissa est propre au peuple N’Zima.

Elle part du Ghana originel et s’achève à Grand-Bassam. A l’intérieur de cette danse, se déroulent des rites sacres. L’Edongbolé qui signifie Tam-tam sacré est un élément important de l’Abissa. Il y a aussi des personnes désignées pour chanter. Lorsqu’elles chantent, c’est soit pour encenser ou pour critiquer et ce qu’elles disent n’est pas d’elles. Ce sont des porte-voix et ce qu’elles disent est inattaquable. L’Abissa, appelée Anoanya signifie, le cycle du mois. C’est la danse à travers laquelle chaque famille se retrouve pour magnifier son symbole et pour faire des critiques sociales, desquelles est exclue la famille N’vavilé, puisqu’elle en est la gardienne. Aussi, c’est la seule occasion ou on peut parler librement devant le roi. L’occasion est donnée de critiquer des personnes dans la société qui ont eu des comportements de déviation. Et nul ne sait de quoi on parlera réellement. Cela se fait sans haine et sans rancune. De même, on peut glorifier les personnes qui se sont bien illustrées dans la société, qui ont apporté la paix au peuple. Tout cela se fait dans la démocratie et la liberté. «Au cours de la célébration de l’Abissa, il n’y a pas de funérailles, ni de danse fétichiste. En cas de décès, iI y a deux options. Soit l’enterrement se fait nuitamment soit on attend après l’Abissa» indique un sage. Toutefois, le roi et les chefs font leur apparition le mardi qui est le jour sacré de cette danse. Ce Jour-la, les féticheuses, les jumeaux (appelés N’Da), les Alimans (ceux qui viennent après les jumeaux), les Gnuan (Ies 9ème enfants) font leurs meilleures toilettes.

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