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Les Lobi et leurs voisins

Labouret a baptisé "tribus du rameau Lobi" un ensemble de peuples présentant certains caractères communs dans la structure sociale et la civilisation matérielle, mais parlant des langues très différentes; nous rencontrons en Côte d'Ivoire, sur la bande de savanes sèches qui s'étend au nord de Bouna, trois de ces peuples : les Tégésier, les Lobi et les Birifor.

Les Tégésié ou Loron-lobi posent un problème particulier, parce qu’ils parlent un dialecte Koulango, bien que leur civilisation soit identique à celle des Lobi; il doit s’agir d’un mélange de Loron ayant imposé leur langue aux nouveaux venus dont ils adoptaient la civilisation et d’immigrants ayant adopté la langue des autochtones sans changer de culture.

Les Lobi, ou plus exactement les Lowilisi, parlent une langue voltaïque originale, et leurs voisins de l’Est, les Birifor, à cheval sur la volta noire, pratiquent un parler mossi. En Côte d’Ivoire, ils sont respectivement plus de 25.000 et 3.000 mais le gros de leurs effectifs se trouve au Burkina-Faso.

Lobi et Birifor sont originaires de l’Est de la volta noire (Nord Ghana) d’où ils sont venus en vagues successives depuis le XVIII ème siècle, submergeant un très léger peuplement Koulango. Ces paysans absolument sans chefs, mais prolifiques, guerriers et excellents cultivateurs, ont poursuivi cette expansion irrésistible pendant l’ère coloniale et depuis l’indépendance, réduisant les Koulango autochtones, seigneurs ou paysans, à l’état d’infimes enclaves.

Les peuples du « rameau lobi » occupent leurs savanes sèches avec des densités relativement fortes. Le fait remarquable est l’absence totale de villages; leur habitat est absolument dispersé, constitué de grandes maisons isolées, couvrant tout le paysage, et dont l’architecture en terrasse est en contraste total avec la case ronde soudanaise.

Ces peuples sont organisés en grands lignages matrilinéaires, unis par des mariages patrilocaux et regroupés en quelques grands clans (tyar, balo). Ces clans dispersés dans l’espace, sont divisés en moitiés rituellement opposées. En l’absence de villages, l’unité politique est le lignage, bien que quelques lignages, voisins ou apparentés, aient mis au point des procédures d’arbitrage pour régler leurs différends, au lieu du recours aux armes qui leur est habituel. Le seul élément de paix sociale était la neutralité des marchés, toujours situés dans des lieux déserts.

Dans cette société absolument sans chefs, et égalitaire au niveau des lignages, il y avait cependant des esclaves, propriété des patriarches, mais en assez petit nombre; les castes étaient inconnues.

Dans leur religion, le culte des ancêtres jouait un grand rôle et les tombes anciennes échelonnées sur la piste de la migration venue de l’Est font l’objet d’un culte périodique.

La grande société d’initiation, le dyoro, est peut-être le seul élément de la structure sociale qui dépasse le lignage.

Les Lobi et leurs voisins sont d’excellents agriculteurs qui se consacrent essentiellement à divers mils et au maïs; ce sont aussi des chasseurs remarquables et très actifs, comme il est naturel chez un groupe aussi guerrier.

L’artisanat est inégal; ces peuples sont de bons forgerons et ont une grande tradition d’orpaillage. La recherche de l’or était même le seul élément qui amenait le commerce à longue distance, en la personne des Dioula, qui étaient pratiquement les seuls à se risquer chez des gens aussi farouches pour qui la vie d’un étranger ne pesait pas cher. En revanche, le tissage était inconnu.

Les peuples du rameau Lobi étaient célèbres pour la nudité totale à laquelle ils attachaient des valeurs morales de robustesse et de franchise.

Les îlots divers
Les autres peuples voltaïques représentés en Côte d’Ivoire ne constituent que des îlots négligeables; c’est le cas des Gouin qui occupent quelques villages au nord de Ferké, en prolongement du large territoire qu’ils occupent dans la région de Banfora (Burkina Faso). Groupés en gros villages, leur civilisation est assez proche de celle des Sénoufo, mais en l’absence de toute structure étatique.

Les Siti, à l’Est de Bouna et les Degha près de Bondoukou sont des rameaux de famille Gourounsi dont le gros se partage entre le Ghana et le Burkina Faso.

Des Gonja enfin, c’est-à-dire des Akan marginaux, qui ont constitué au XVI ème siècle un grand empire dans le centre du Ghana, sous une dynastie d’origine manding, occupent un village isolé près de Bondoukou et deux autres dans le Koro, près de Mankono.

Un village isolé en pays Pallaka, parle une langue non identifiée mais qui paraît voltaïque. Enfin des éléments islamisés de langue mossi occupent une partie de la ville de Bouna.

Sources et Documentations : I.L.A – Institut de linguistique appliquée

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