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Les Dioulas

L'appellation de Dioula (Dyola) est aujourd'hui réservée à tous les marchands soudanais, d'origine Mandé, qu'ils soient Bambara, Malinké, Dioula ou Soninké. Véritables marchands ambulants, ils circulent depuis des siècles à travers toute l'Afrique occidentale.

Sur le plan linguistique, un bambara mandé simplifié, dit « dioula», sert de langue de communication dans tout l’Ouest Africain, le long des principales routes commerciales reliant le nord islamisé avec les marchés de la Côte et du Centre. Certains se sont regroupés dans des villages. Ils sont en général tisserands. Leur vocation commerciale est à l’origine de leur dispersion. Leurs ancêtres avaient déjà contribué à l’essor de l’empire du Ghana, puis à celui du Mali. Le commerce de l’or étant à l’époque leur activité essentielle.

Les Dioula sont environ 400 000 en Côte d’Ivoire. Ils représentent une puissante confrérie commerçante, contrôlant le commerce des produits agricoles de toutes les régions où ils sont fixés. Ils ont les moyens matériels de faire du stock et de revendre à la bonne saison à j’aide d’un réseau de grossistes et de détaillants parfaitement organisé.

Tous les marchés de ces régions grouillent de Dioula. Au retour de chaque saison des pluies, les Dioula rentrent dans leur village et se remettent à cultiver la terre ou à tisser.
Avec l’ouverture des communications reliant Bamako, Ouagadougou à Abidjan., l’influence dioula s’est encore accentuée dans le nord de la Côte d’Ivoire. Les villes dioula sont les plus nombreuses dans les régions d’Odienné et Séguéla.

Histoire

Après la chute de l’empire du Mali, les Dioula s’enfoncèrent dans la forêt à la recherche de nouvelles mines d’or, ouvrant des routes commerciales et fondant de grands centres commerciaux.

Entre le XIIIe et le XVIe siècle, ce fut une infiltration pacifique. Les Dioula contribuèrent à l’établissement du grand empire de Bégho. A partir du XVIe siècle jusqu’au XIXe siècle, des minorités Dioula, avantagées par leur cavalerie et leurs armes perfectionnées, vont fonder de petits royaumes en lisière de la forêt : royaume du Gondja (fin XVIe siècle), royaumes de Kong, de Bobo Dioulasso (Dynastie musulmane des Watara, fondée par Sékou Watara au début du XVIIIe siècle).

La terre d’élection des Dioula était la croisée des chemins de l’or et de la kola, du sel marin et du sel gemme, des esclaves etdeschevaux, des produits manufacturés dont, en premier lieu, les armes.

Au Sud, les Dioula se mêlaient à un milieu animiste et monopolisaient le commerce de nombreuses chefferies en fournissant des fusils aux chefs. A part les trois royaumes cités (Gondja, Kong et Gwiriko Bobo Dioulasso), les Dioula avaient en quelque sorte un grand empire fantôme ayant une influence considérable aussi bien sur le plan économique que culturel et religieux, et d’une mobilité constante.

D’après Yves Person, devant cette agression Dioula et la pression de l’Islam (guerre sainte), la seule issue des ethnies animistes était de « trouver un sauveur parmi les Dioula autochtones, assez ouvert au monde extérieur pour savoir le combattre, mais assez lié au milieu animiste pour travailler à son salut et non à sa destruction ».

Ce fut le rôle confié à Samori Touré qui, pourtant, se présenta plus encore comme le défenseur des commerçants Dioula que comme sauveur ou défenseur des animistes. Samori est né vers 1830 dans une région située à cheval sur la Haute Guinée et le Sud du Mali. D’abord colporteur (c’est à dire : dioula) comme son père (achetant, avec la kola et les esclaves du pays Toma, l’or qu’il échangeait contre des armes et des boeufs), il s’enrôla dans les troupes des Cissé, affirma très vite sa grande valeur militaire, et devint conquérant autonome. Village par village, il agrandit son territoire et son influence, par la conciliation ou la liquidation de ses adversaires. Devant la poussée des troupes françaises qu’il combattait, il transporta en 1891 son empire en Haute Côte d’Ivoire en conquérant le pays des Sénoufo du Sud et toute la région de Kong. Il fonda sa nouvelle capitale à Dabakala. La ville de Kong ayant pactisé avec les Français, Samori la détruisit entièrement en 1897. En 1898, encerclé par les Français, il s’enfonça dans la forêt du pays Dan près des Man en Côte dIvoire. Surpris dans son camp, Samori fut fait prisonnier. Il demanda la mort mais fut déporté à Ndjalé au Gabon où il mourut deux ans après. Ce héros aux exploits célèbres s passa « pour un tyran et un roitelet cruel et sanguinaire » pour les conquérants français mais, pour les Maliens et les Guinéens, il fut s leur plus grand héros et le plus grand résistant à la domination étrangère.

Source: Aide et Action – Ethnies africaines

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