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Les Bété

Les Bété peuplent le centre de la Côte d'Ivoire et appartiennent au groupe Krou. Leur pays s'étend sur la forêt et la savane, entre Gagnoa et Daloa. Les villages, autrefois situés aux abords des cours d'eau, se construisent aujourd'hui aux abords des grandes routes et des pistes carrossables.

Les habitations, rectangulaires, sont en terre battue. Les Bété forment une société patrilinéaire et traditionnellement polygame, même si la monogamie est aujourd’hui largement répandue.

L’organisation sociale du peuple Bété est complexe. En partant de l’unité la plus large, elle comprend

– le digpi, ou clan; les membres d’un même digpi ont en commun un nom, le plus souvent celui de l’ancêtre dont ils sont censés descendre, et occupent un même territoire;
– le grepo, ou lignage; il exclut les filles mariées, qui résident auprès des parents du mari, et inclut les épouses de ses membres masculins; le lignage se divise en deux ou trois segments: le kosu, ou « casei », représente la cellule de base et correspond à la famille patriarcale à l’intérieur de laquelle on ne se marie pas; les membres d’une même case vivent du produit des mêmes terres, cultivés par les femmes, et partagent leur nourriture; la case a pour chef un patriarche qui détient la terre commune et la distribue à ses cadets en fonction de leurs besoins; ses fils et neveux travaillent pour son compte et, en échange, le patriarche doit, en principe, financer leur premier mariage;
– le zou, enfin, qui est l’unité minimale, la plus petite cellule reconnue dans les faits sinon en droit et qui regroupe l’épouse et ses enfants en bas âge qui peuvent occuper une maison isolée où le mari et père leur rend visite; le zou peut aussi correspondre au ménage monogame.

Mariage chez les Bété

Les Bété pratique l’échange généralisé, allant chercher leur femme « le plus loin possible ». Le problème posé par le mariage est celui de l’argent: traditionnellement le mariage était à peu près la seule occasion de dépenses, rendant ainsi l’union d’une fille nécessaire et préalable au mariage d’un fils. Deux circuits d’échange apparaissent: le premier est constitué par l’échange des filles, le seconde par celui des dots (défenses d’éléphants, bandes de coton, morceaux de fer allongés servant à la fabrication des armes et des outils). Ainsi existe pour chaque fille un lien étroit qui l’unit à ses frères; par mariage et son exil, elle leur permet d’acquérir une épouse. Très consciente de cela, la fille fait de son frère son obligé: les meilleurs moments pour une femme mariée sont, sans conteste, les retours au village paternel, chez un frère dont elle gouvernera le ménage en despote; la sœur en visite chez son cadet ne travaille pas, donne ses ordres à l’épouse (« notre épouse ») qui prépare seule la nourriture et doit obéissance à sa redoutable alliée.

En droit, l’interdiction du mariage est limitée, pour un homme, aux filles qui ont même ancêtre que lui, c’est-à-dire qui sont membres du même kosu; pour une femme, aux descendants de cet ancêtre unique; les relations sexuelles sont interdites avec la fille de l’oncle utérin. En fait, cette exogamie en ligne paternelle n’est pas l’unique interdit: toute alliance avec les cousines croisées et parallèles est prohibée, donc avec toutes les filles appartenant au kosu de l’un de quatre grands-parents. Par ailleurs, un homme n’épouse jamais la veuve du frère de sa femme. Les filles sont très tôt « retenues » en vue de mariage, vers trois ou quatre ans, parfois à la naissance; un versement d’acompte est alors effectué. Actuellement, pour pallier des difficultés concernant le paiement des dots, le mariage par rapt, avec consentement de la fille, est fréquemment pratiqué.

Occupations quotidiennes

Autrefois, les Bété vivaient de la chasse et de la cueillette; les grandes activités étaient la guerre et la chasse aux grands fauves (buffle, panthère, éléphant). Aujourd’hui, l’économie bété dépend pour une large part des cultures d’exportation introduites, entre 1920 et 1930) par des immigrants venus essentiellement de l’est; la présence de ces immigrants est souvent une source de conflits avec les autochtones qui se reprochent de leur avoir cédé du terrain à des tarifes peu élevés. L’économie bété repose principalement sur la production de café, de cacao et de cola; la récolte annuelle des noix de cola est vendue à des colporteurs venus du Soudan et engendre une importante activité commerciale. Ayant défriché la forêt, chaque chef de famille possède une plantation de café dont l’étendue varie entre 2 et 2,5 hectares. à côté de ces cultures commerciales subsistent les cultures alimentaires (riz, taros, manioc, etc.) qui sont à la base de l’alimentation; la pêche fournit aussi un appoint important.

Les activités des femmes et des hommes sont bien distinctes: les hommes défrichent la forêt, extraient le vin de palme et entretiennent les clôtures protégeant les cultures contre l’incursion des bêtes sauvages; les femmes, comme partout ailleurs en Afrique noire, ont à leur charge l’essentiel des travaux agricoles. Les cultures vivrières sont entièrement entre leurs mains: elles en vendent le produit au marché et l’argent ainsi acquis reste à leur entière disposition.

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