Bernard Zadi Zaourou (1938 – 2012)
Bernard Zadi Zaourou, (né en 1938 à Soubré en Côte d'Ivoire, mort le 20 mars 2012 à Abidjan ) connu également sous le nom de Bottey Zadi Zaourou, est un enseignant, homme politique et écrivain ivoirien qui a occupé le poste de Ministre de la culture dans le Gouvernement de Daniel Kablan Duncan formé en 1993.
Bernard Zadi Zaourou est le théoricien du Didiga, une esthétique qui se décline au plan artistique comme le récit des prouesses d’un héros chasseur nommé Djergbeugbeu et au plan philosophique comme l’art de l’impensable.
Zadi Zaourou peut être considéré comme un auteur féministe. En peignant des femmes l’image de guerrières intrépides, il relance par la bouche de la gent féminine, la question de la fragilité du pouvoir mâle. Cet extrait de La guerre des femmes est à ce sujet, des plus expressifs :
Mahié
Oui, (…) Quand tu seras seule avec l’homme avec qui tu passeras la première nuit, observe bien sa nudité. A la lisière de sa prairie qui est à tous points semblable à la nôtre, tu découvriras un arbre sans feuillage. Il porte un fruit qui renferme deux fèves. Ne t’acharne pas sur le fruit. Tu tuerais l’homme. Caresse plutôt l’arbre. Il grandira et grossira subitement. A vue d’oeil. Ne t’effraie pas. Couche-toi sur le dos. Amène ton double à s’allonger sur toi, de tout son long. Les tisons que tu portes là, sur ta poitrine, le brûleront d’un feu si doux qu’il roucoulera comme une colombe. Il s’abandonnera à toi. Engage alors son arbre dans ton sentier ; fais en sorte que lui-même lui imprime un rythme : haut-bas ! haut-bas ! haut-bas !
Tu verras. Ses yeux se révulseront et il s’oubliera dans une jouissance indicible. Quand tu le verras ainsi désarmé et à ta merci, ne le tue pas mais retiens que toi seule pourras l’envoûter de la sorte, chaque fois que tu le voudras, toi. Ce pouvoir, c’est l’arme nouvelle que je vous laisse. Dis à toutes mes filles, le moment venu, qu’elles en fassent bon usage et qu’elles n’oublient jamais que nous sommes en guerre et que la paix des hommes ne sera jamais qu’une paix de dupes !
(In La guerre des femmes, NEI Abidjan, éditions Neter, 2001)
Un documentaire est consacré à la compagnie « DIDIGA » lors d’une tournée de « La guerre des femmes ».
Hommages
Bernard Zadi Zaourou a été honoré. Son nom a été donné à l’une des salles du plus grand musée d’Afrique situé au Burkina Faso, plus précisément à Manega, grâce à Pacéré Frédéric Titinga, avocat, écrivain et chef coutumier qui avait beaucoup d’estimes pour Zadi. Cette salle a été inaugurée en présence de plusieurs autorités burkinabées et aussi de l’ambassadeur de Côte d’Ivoire au Burkina1. Cinq ans après sa mort, un colloque-hommage international est organisé à son honneur en novembre 2008 au sein de l’université Félix Houphouët Boigny d’Abidjan (anciennement université d’Abidjan). À l’occasion de ce colloque-hommage, Michelle Tanon-Lora, vice-doyenne de l’UFR LLC (Langue, Littérature et Civilisation), dans son discours inaugural n’a pas manqué d’exposer l’engagement de Zadi à l’épanouissement culturel, intellectuel et artistique africain. Ce colloque portait essentiellement sur plusieurs axes qui étaient entre autres :
Zadi Zaourou, le théoricien.
Zadi Zaourou, le créateur.
Zadi Zaourou, l’homme politique.
Bernard Zadi Zaourou, le pédagogue.
Recueils de Poésie
1958 : Aube prochaine
1975 : Fer de lance (livre I), Honfleur : J.P. Oswald
1977 : Les chants du souvenir
1984 : Césarienne (Fer de lance, livre II), Abidjan : CEDA
1984 : A cheval sur un nuage fou (couplé avec la Termitière)
2002 : Fer de lance ; poésie, version intégrale » Abidjan : NEI/Neter
2008 : Les quatrains du dégoût Abidjan : CEDA/NEA
Pièces de théâtre
1967 : Les Sofas suivi de L’Œil, Paris : L’Harmattan
1968 : Sory Lombe (inédit)
1978 : La Tignasse, suivi de Kitanmadjo, Abidjan : CEDA
1983 : Le Secret des dieux ; Il segretto degli Dei, Turin : La Rosa
1984 : La Termitière, Paris/Abidjan : L’Harmattan/NEA
1984 : Voyage au pays de l’or (inédit)
1985 : La guerre des femmes, Abidjan : NEA
1988 : L’Homme au visage de mort (inédit)
1995 : Les Rebelles du bois sacré, Strasbourg
1996 : Négresse Bonheur et Putain d’Afrique, Strasbourg
2008 : Les quatrains du dégoût, Abidjan : CEDA/NEA
Études critiques
1970 : Analyse stylistique du Cahier d’un retour au Pays natal, d’Aimé Césaire, Université Strasbourg II
1972 : Visage de la femme dans la société africaine, Abidjan (communication colloque)
1974 : Expérience africaine de la parole : problèmes théoriques de l’application de la linguistique à la littérature
1974 : Rites funéraires et intégration nationale du pays bété, Abidjan (article in : Annales de lettres, D7)
1977 : Langue et critique littéraire en Afrique francophone, Paris : Présence Africaine (communication colloque Yaoundé)
1978 : Césaire entre deux cultures ; problèmes théoriques de la litt., négro-africaine d’Aujourd’hui, Abidjan : NEA
1982 : La parole poétique dans la poésie africaine, Université de Strasbourg 1 (thèse pour le doctorat d’État)
1983 : Qu’est ce que le Didiga (communication au colloque : Art, écriture et lectures de l’Ilena)
1986 : Quest ce que le Didiga (Annales de lettres, série D, tome XIX, pp. 147/163
1987 : La poésie orale, (article in : Notre Librairie, n° 86, pp. 47/60)
1997 : Connaissance des arts tribaux (allocution, in : bull.trim.Assoc. Amis du Musée Barbier Muller)
1999 : Titenga Frédéric Pacere : le tambour de l’Afrique poétique/Léon Yépri (préface pp.9 à 13), Paris : L’Harmattan
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