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Le parc aquatique des îles Ehotilé

Les îles Ehotilé ont été érigées en Parc National par le décret N074-1 79 du 25 avril 1974 sur l’initiative des Communautés locales (cas unique en Côte d’lvoire et même en Afrique de l’Ouest).

Milieu naturel
Le Parc National des Iles Ehotilé est un ensemble de 6 îles (Assokomonobaha, Balouaté, Meha, Nyamouan, Elouamin et I’île sacrée Bosson Assoun) situées en domaine estuarien sur le littoral Est de la Côte d’lvoire. Cet archipel couvre une superficie de 550 ha sans compter les innombrables chenaux et autres bras de lagune qui le bordent. Suivant l’influence marine l’on peut subdiviser les îles Ehotilé en deux parties :

– la première partie comprend les îles Assokomonobaha (ou Assoko), Balouhaté, Elouamin, Meha et Nyamouan. Ces 5 îles sont situées dans une zone strictement estuarienne et forment avec trois autres îles un véritable delta juste avant l’embouchure du complexe lagunaire Aby.

– la deuxième partie est constituée par l’île Bosson Assoun. Elle est située dans une zone oligo-haline, entre les lagunes Ebrié et Tendo, a environ 2 km au large de M’braty.

La lagune ABY d’où émergent ces îles, est l’un des plus grands plans d’eau lagunaire du pays. Elle reçoit les eaux continentales de plusieurs rivières dont les plus importantes sont la Bia au nord et la Tanoé à l’est.

Le parc est soumis au climat côtier subéquatorial marqué par une température moyenne annuelle de 26,4OC, une forte humidité (80%) et par une amplitude thermique pratiquement nulle. La pluviosité moyenne annuelle varie de 1800 à 2000 mm et se repartit entre deux saisons de pluie entrecoupées par deux saisons sèches. Le relief de la zone est très peu contrasté avec des sols généralement hydromorphes sur sables quaternaires ou jeunes sur sables marins, avec par endroits, d’importantes accumulations de tourbes. Dans les zones surélevées, les sols sont sablonneux ou sablo-argileux à vaseux.

La végétation des îles appartient au Secteur Littoral du Domaine Guinéen. Dans ce secteur, la diversité des conditions édaphiques et leur évolution font que sur une petite surface, il se rencontre une grande complexité de groupements végétaux. II n’y a donc pas de climax dominant, mais une mosaïque de groupements édaphiques. Cependant, à première vue, la végétation est constituée principalement de mangroves (40%) en bordure des îles et de forêts au centre avec un sous bois souvent très dense.

La faune du parc est diversifiée. En effet, la mangrove crée un système nutritif indispensable pour la reproduction de nombreuses espèces tant aquatiques qu’aviennes. Comme toutes les zones humides côtières, le Parc National des Iles Ehotilé abrite une avifaune remarquable. Il a été dénombré 128 espèces d’oiseaux réparties en 35 familles. Ce sont, pour la plupart, des espèces aquatiques dont l’effectif a été estimé à 2583 en 2001. Aux espèces d’eau s’ajoutent, en saison sèche, des espèces migratrices.

Notons que le parc abrite aussi des mammifères classiquement inféodés à la forêt tels que les céphalophes, les potamochères, les rongeurs, etc. Outre ces animaux, le Parc abrite deux espèces qui lui confèrent son originalité :

– La chauve-souris : une importante colonie de ces mégachiroptères de l’espèce Heidolon helvurn ou Roussettes des palmiers, loge sur l’île Balouaté. Pour les populations riveraines ces animaux sont le signe de la présence des parents disparus. Ils occupent donc une grande importance dans la vie de ces peuples.

– Le lamantin : (Trichechus senegalensis), mammifère aquatique très représentatif des lagunes ivoiriennes, mais aujourd’hui fortement menacé de disparition.

Pour toutes ces richesses, les lles Ehotilé ont été classées Site Ramsar le 18 octobre 2005.

Milieu humain
La lagune Aby est bordée par les cantons Ehotilé, Adounvlè et Essouma. Sur ces trois cantons, seuls les Ehotilé et les Essouma réclament la « paternité » des îles du parc. Le chef lieu du canton, siège de la chefferie Ehotilé est Etueboué, tandis que Assinie abrite la chefferie Essouma. La population riveraine du parc repartie entre 21 villages est officiellement évaluée à 32 103 habitants, soit, 32 % de la population totale du département.

La pêche constitue la principale activité des populations riveraines autochtones du parc. Elles pratiquent, depuis des siècles, la pêche collective sous différentes formes. L’activité de pêche est pratiquée par les hommes et les femmes. Les hommes se chargent de la pêche, de l’approvisionnement en bois de chauffe (bois de palétuvier, essentiellement) et les femmes s’occupent du fumage.