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La ville de Bouaké

La ville de Bouaké se trouve au centre de la Côte d’Ivoire, sur un relief plat, avec une importante constellation de villages autour d’elle : 143 villages sont dénombrés dans un rayon de 20 kilomètres. Bouaké est recouverte d’une savane boisée et traversée par la rivière Kan. Le centre de la Côte d’Ivoire étant un peu plus « touffu » que le nord, cela explique la présence de plantations de cacaoyers et de caféiers dans la région bouakéenne. Bouaké, situé à la latitude 7°69 N et à la longitude 5°03 O, s’étend sur une superficie d’environ 72 km. Desservie par les autoroutes A3 et A8, elle se situe au nord des villes de Tiébissou et Didiévi, au sud de Dabakala et Katiola, à l’est de Béoumi, Botro, Konsou et Sakassou et à l’ouest de Brobo (sur la A8), Santama-Sokoro, Santama-Soukoura, Alangouassou et M’bahiakro.

Bouaké est influencée par un climat tropical humide. Bouaké possède un climat plus « sain » qu’Abidjan dont le climat est moins salubre7. Le climat du nord est plus contrasté que celui du sud : l’amplitude thermique est plus élevée (22° à 35° = 13). L’ensoleillement est plus constant et l’hygrométrie (pluies) plus faible qu’au sud. On distingue deux saisons pour le climat nordique : la saison des pluies allant de mai à novembre et la saison sèche allant de novembre à mai. L’Harmattan, le vent du Sahara, intervient dans la saison sèche vers janvier février, transportant du sable et desséchant tout sur son passage7. La période la plus confortable pour voyager est celle de novembre à mars : le ciel est bleu, l’air sec et les nuits plus fraîches. On distingue quatre saisons pour la ville de Bouaké :

– saison chaude, sèche et non pluvieuse (novembre à février);
– saison chaude, humide et pluvieuse (mars à juin);
– saison fraîche, humide et peu pluvieuse (juillet à août);
– saison fraîche, humide et pluvieuse (septembre et octobre)

Les origines de Bouaké

Bouaké est la deuxième grande ville de Côte d’ivoire après Abidjan. Sa croissance résulte de sa position géographique stratégique.

Elle est situé au centre, dans la vallée du Bandama, sur la voie ferrée Abidjan-Niger, à 350km environ au nord d’Abidjan et à 100km au nord-est de Yamoussoukro. On l’appelle la capitale du centre et capitale des baoulé. Sa population est estimée à 694 841 habitants pour la ville et 1,5 Million pour l’agglomération. C’est la deuxième métropole en importance après Abidjan et la troisième commune la plus peuplée après Yopougon et Abobogare. Elle est commune mixte depuis 1953, commune de moyen exercice depuis 1955 et commune de plein exercice depuis 1980. C’est la seule ville après Abidjan qui dispose d’un démembrement de la RTI (Radiodiffusion Télévision Ivoirienne).

Bouaké appartient au V baoulé, zone de transition forêt-savane. Elle se caractérise par un climat tropical humide à deux saisons: une saison pluvieuse allant de mai à octobre et une saison sèche de novembre à mars. L’harmattan souffle entre décembre et février transportant du sable et desséchant tout sur son passage. La période la plus agréable reste la saison sèche: le ciel est bleu, l’air sec et les nuits plus fraîches.

La température est assez constante, oscillant entre 24 et 34 degrés toute l’année.
Une vue panoramique prise depuis la tour de la poste, montre un relief plat, sans dénivellation. La ville, bien structurée, s’étend à perte de vue sur 2700 ha. A partir du rond point du quartier Commerce, de façon circulaire, se déroulent une quinzaine de quartiers et une trentaine de sous quartiers.

Fondé en 1865, Bouaké était à l’origine un petit village baoulé du nom de Gbèkèkro, signifiant « village de Gbèke », en référence à Gossan Kwa Gbèkè qui le dirigeait. Le peuple qui l’habitait appartenait à la suite de la reine Abla Pokou. Il s’est établi en ce lieu après l’installation de la reine à Sakassou.

Au début du XX è siècle, Gbèkèkro devient Bouaké suite à un quiproquo entre les populations baoulé et l’administration coloniale.

Evolution de la ville

On sait peu de choses de l’histoire précoloniale de la région. Quelques vestiges trouvés dans la zone de Sakassou et à l’entrée de Bouaké en venant d’Abidjan, laissent supposer une présence préhistorique dans la région. Des polissoirs ont en effet été identifiés à cinq kilomètres de Sakassou sur l’axe Bouaké-Sakassou et quelques kilomètres avant le corridor sud. Aucune étude archéologique n’a encore été entreprise dans la zone.

Jusqu’au XVIII è siècle, la région était habitée principalement par les sénoufo. C’est à partir du XIXè siècle que la migration baoulé atteint cette zone, repoussant les sénoufo plus au nord. Les baoulé-assabou, après avoir installé la reine Abla Pokou dans le Oualebo, prennent possession du site et contrôle toute la région.

Gbèkèkro était aussi un important marché d’esclaves, où les êtres humains étaient échangés contre de la poudre à canon et du sel et ce, jusqu’à l’installation d’un poste militaire français en 1898 à l’orée du village. Il s’en est suivi une guerre entre français et baoulé de Gbèkèkro. Kouassi Blé qui avait succédé à son père, est battu par l’armée française. Il abandonne Gbèkèkro et se retire à 12 kilomètres à l’est où il fonde en 1900, le village de Kouassiblékro, siège actuel de la grande chefferie Gossan de Bouaké.

Les troupes françaises, alors nouveaux maîtres des lieux, entreprennent de l’organiser et de l’administrer: dès 1900, ouverture de nouvelles liaisons dans la région, installation du premier bureau de poste en 1904, établissement des premières liaisons télégraphiques en 1907, en 1910, premier lotissement (Bouaké-Commerce) et en 1912, mise en place de la ligne de chemin de fer entre Dimbokro et Bouaké.

C’est le début de la croissance économique de la ville. L’administration coloniale s’y installe ainsi que les succursales des principales maisons de commerce chargées de drainer les produits agricoles vers le sud. Les principales usines de la ville ouvrent: Gonfreville en 1921 suivi de FILTISSAC, TRITURAF, SITAB, chargées de la transformation des produits agricoles.

De 1952 à 1966, la ville connaît une forte croissance. Elle s’étend au nord et à l’ouest. Certaines localités comme Koko ou liberté sont transformées en lotissements. Des localités périphériques intègrent la ville: il s’agit de Belleville, Broukro, Konankankro. Dans cette atmosphère d’expansion, d’importants travaux de voiries sont réalisés.

.Jusqu’au début des années 80, Bouaké connait une croissance spatiale, démographique et économique extraordinaire. L’activité commerciale bat son plein et la ville est l’un des points d’attraction du pays et de la sous-région. Les entreprises sont en pleine croissance et emploient une main d’œuvre abondante. C’est la grande période du carnaval de Bouaké, de la foire, de la piscine municipale et de son animation qui constitue autant d’attractions de la ville. De nouveaux quartiers naissent, fruits des travailleurs des différentes entreprises et du chemin de fer ; des lotissements nouveaux sont mis en œuvre.

Dans les années 1980, la transformation de Bouaké atteint sa phase finale et conduit à sa configuration actuelle. Le rayon d’extension de Bouaké est de 7,6 kilomètres et la cité couvre 1200 hectares. Tous les villages figurant dans cet espace sont intégrés à la ville.

A partir de 1980, à l’instar de toute la Côte d’Ivoire, Bouaké tombe dans une léthargie qui va s’accentuant. Peu à peu les usines s’essoufflent, les investissements s’épuisent, les grands chantiers en cours sont suspendus, des licenciements frappent de plus en plus de monde.

Bouaké est certainement l’une des villes qui a le plus souffert de la crise sociopolitique qui a frappé la Côte d’Ivoire. De 2002 à 2007, elle devient le bastion des rebelles qui occupent la moitié nord du pays après l’échec de la tentative de coup d’Etat du 19 septembre 2002. Bouaké devient alors le théâtre des combats qui opposent les forces gouvernementales aux rebelles. Des exécutions sommaires se multiplient de chaque côté ; des recrutements forcés sont opérés chez des adolescents de Bouaké pour intégrer les forces armées rebelles. On assiste aussi à des déplacements massifs de populations vers le sud, à des destructions et pillage des maisons et des entreprises. En 2004, les forces gouvernementales attaquent les positons rebelles à Bouaké; Bouaké n’est lors que l’ombre d’elle-même. Cette situation perdure jusqu’en juillet 2007 où les accords politiques de Ouagadougou, symbolisés par la flamme de la paix, donnent un nouveau départ à la réunification.

L’évolution de Bouaké est interrompue durant toute cette période. Mais le retour à la normalisation depuis la fin de la crise postélectorale donne un nouveau souffle à la ville. La vie reprend peu à peu dans la cité, les institutions se mettent en place et un début d’effervescence économique et sociale voit le jour.

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