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Yacolidabouo, un village dans l’ouest-ivoirien, aux allures d’une ville moderne

Soubré (Côte d’Ivoire) – Avec ses voies bitumées, ses écoles primaires et secondaires, son château d’eau, ses poteaux électriques et ses habitations d’une architecture contemporaine, Yacolidabouo, un village dans l’ouest ivoirien situé à 350 Km d’Abidjan, présente un paysage d’une cité moderne.

Le village dispose aujourd’hui d’une radio, animée par des professionnels de la communication. Cette onde émet divers programmes. La radio « Ouyiné » est financée grâce à des soutiens privés, de la communauté et les revenus de deux et demi hectares d’hévéa cédés par Marcel Zadi.

Depuis « Yacoli », les villageois ont la possibilité d’envoyer, depuis quelques années, des e-mails à leurs proches partout dans le monde et de faire des appels téléphoniques. Et ce, grâce à une installation de terminaux performants de télécommunications.

La culture de rente principale est l’hévéa, bien que la zone soit favorable à la cacaoculture. Les plantations familles d’hévéa sont estimées à plus de 1.000 hectares, rapporte le président du Conseil du village, Prospère Kouadio.

Le village est dirigé par deux entités, un chef de canton et ses notables, garants de la tradition et des us et coutumes, puis d‘un Conseil pour le développement du village, chargé d’assurer les aspects opérationnels des projets déployés par la communauté.

« M. Zadi Kessy a demandé que les femmes et les jeunes filles intègrent le Conseil du village », ce qui a permis à ces dernières, autrefois reléguées, d’avoir une voix aux chapitres des discussions sur les projets de développement de Yacolidabouo, indique le chef canton Ika Serebou.

« De 95 jusqu’aujourd’hui, beaucoup de choses ont été faites, et nous avons fait des formations en Côte d’Ivoire et des visites hors du pays avec M. Zadi, ce qui a été bénéfique pour le village », rapporte M. Serebou.

A ce jour, le village enregistre trois écoles primaires, un collège, un centre de santé, une école maternelle, un centre de formation et une usine de transformation d’hévéa. « Nos enfants vont à l’école maintenant à deux ans et même à un an parce qu’il n’y pas assez d’élèves », se félicite le chef de canton.

Le collège qui accueille des élèves jusqu’au niveau troisième, deviendra un centre d’examen en 2019. Ce qui permettra d’ailleurs aux jeunes filles et garçons de passer leurs examens scolaires sur place. Les villageois envisagent en outre de construire une grande école à l’avenir.

Doter le village d’infrastructures modernes, telle est l’ambition de Zadi Kessy, natif du village. Très jeune, il initie des projets et met en place une cohorte d’autochtones, les impliquant dans l’exploitation des ressources de cette zone forestière parcourue par des cours d’eau.

Les villageois, par le biais de Zadi Kessy, s’engagent dans la production de riz en exploitant des bas-fonds et ensuite la culture de maïs. Aujourd’hui, l’hévéaculture est le nouveau paradigme cultural des habitants qui, chacun, disposent d’une parcelle.

« Ici, les jeunes ont réussi à s’organiser avec l’aide de nos parents, soutenus par Zadi Kessy. Aujourd’hui, chaque jeune a une parcelle d’au moins deux hectares et un revenu d’au moins 100.000 F Cfa par mois », affirme Kpata Mabo, le président des jeunes de Yacolidabouo.

Pour donner un écho aux actions de développement du village, feu Bernard Zadi Zaourou, écrivain et professeur de lettres, a émis l’idée de l’organisation d’un festival. Ce projet sera réalisé par Eugène Zadi, son frère cadet qui a lancé le Didiga Festival dont la première édition s’est tenue en 2017.

La seconde édition a connu un franc succès avec les efforts du Comité d’organisation dirigé par Eugème Zadi assisté de jeunes passionnés de la « chose culturelle » dont Leah Muriel Guigui.

Elle a enregistré la participation du mythique groupe ivoirien Magic System qui a donné un concert gratuit au village. Au cours de ce concert, A’Salfo, le lead vocal du groupe, a loué les actions de développement de Yacolidabouo.

Le Didiga Festival, expression culturelle par le chant et la parole, comprend un ensemble de festivités qui ont pour ogre un concert. Il se tient le week-end le plus proche du 20 mars, date anniversaire de la mort de Bernard Zadi Zaourou, ancien ministre de la Culture.

Il vise en outre à faire connaître et rayonner la culture Bété, ethnie de l’ouest ivoirien. Dans toutes les régions du pays, ce festival s’affirme comme une expression culturelle spécifique. Promouvoir l’économie touristique par la présence de nombreux invités est aussi l’un des objectifs de cet événement.

Le développement de proximité de Yacolidabouo s’impose véritablement comme un exemple dans un pays en développement. Sous l’impulsion visionnaire de Marcel Zadi Kessy, il montre que les populations locales peuvent prendre en main leur dessein.

M. Zadi, dont la « passion » est comment transformer l’homme et son environnement, a, il y a quelques années, construit une trentaine de maisons modernes pour amorcer le développement de Yacoli. Aujourd’hui, la mutualisation des efforts, a permis à la communauté de créer une microfinance qui a actuellement un fonds de près de 450 millions de FCfa.

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