La sous-préfecture de Kanakono
Kanakono a été érigé en sous-préfecture le 13 novembre 1996. Elle est née de l’éclatement de l’ancienne et unique Sous-préfecture de Tengrela en deux (02) circonscriptions administratives par le décret n°86-1021 du 24 septembre 1986. Aux deux (02) circonscriptions administratives du Département, il faut aujourd’hui ajouter celles de Debete, puis de Papara.
Les caractéristiques physiques de la sous-préfecture de Kanakono sont relatives au relief, le climat, la végétation, le sol et l’hydrographie. Quant aux caractéristiques socioéconomiques, il s’agit de la structure de la population des localités de la sous-préfecture et des principales activités économiques qu’elle exerce.
La sous-préfecture de Kanakono est située dans le Nord ivoirien et donc sous l’influence du climat tropical de transition ou climat soudanais. Ce climat est caractérisé par deux saisons bien différenciées à savoir une saison de pluie de mi-Avril à fin Octobre et une saison sèche de Novembre à mi-Avril. Pendant la saison des pluies les hauteurs maximales de précipitation se produisent de Juillet à Septembre. La saison sèche est caractérisée par des écarts thermiques élevés, la permanence de la brume sèche, la faiblesse de la nébulosité et l’absence quasi-totale des précipitations pendant les mois de Décembre, Janvier et Février.
La végétation est composée d’une savane ‘arbustive dominée dans les bas-fonds par des forêts galeries et de hautes herbes en saison des pluies. Cette couverture végétale précaire pousse sur un sol ferrugineux très poreux et caillouteux, non appropriée pour l’agriculture intensive. Quant au relief, il est peu contrasté ; il est constitué d’un ensemble de plateaux et de buttes cuirassées à leur sommet.
Le réseau hydrographique de la sous-préfecture de Kanakono est marqué par la présence d’un seul cours d’eau à savoir la Bagoué et ses affluents qui sont secs en dehors de la saison des pluies pour certains et à moitié intermittents pour d’autres.
Une population composite et en croissance
La population de la sous-préfecture de Kanakono a connu une croissance depuis le recensement général de la population et de l’habitat de 1998
La sous-préfecture de Kanakono a vu sa population plus que doubler de 1998 à 2014 avec un taux de croissance de 5,36% sur cette même période. La localité de Kanakono est la plus peuplée de la sous-préfecture avec une population qui est passée de 4387 habitants en 1998 à 10.127 habitants en 2014.
Cela pourrait s’expliquer par l’érection de cette localité en chef -lieu de sous-préfecture en 1996. Ce rôle administratif pourrait être un facteur d’attraction des populations. En outre cette croissance de la population trouve sa justification dans la découverte de plusieurs gisements aurifères qui ont ensuite fait objet d’exploitation artisanale.
Cette même raison explique la croissance démographique qu’ont connue toutes les autres localités de la sous-préfecture de Kanakono. Avec la découverte d’autres gisements miniers dans la sous-préfecture et la ratification de l’exploitation minière semi-industrielle par le code minier du pays, la population de cette sous-préfecture continuera de croitre. Cela va sans doute amplifier les mouvements migratoires tant internes qu’externes vers cette zone qui abrite déjà de nombreux étrangers. En effet, la sous-préfecture de Kanakono abrite 5717 individus non ivoiriens. Cela représente environ 25% de la population de cette sous-préfecture. Ce sont entre autres des burkinabés, des maliens, des guinéens vénus essentiellement pour l’exploitation artisanale de l’or et des ghanéens qui exercent dans la coiffure et les activités de loisir (maquis, prostitution…).
Caractéristiques économiques
Les principales activités économiques de la sous-préfecture de Kanakono sont l’agriculture, l’élevage, le commerce, le transport et l’activité extractive artisanale.
L’activité agricole est orientée vers les cultures de rente et les cultures industrielles. Les cultures de rentes sont, l’anacarde, le coton, et la mangue avec une faible production. S’agissant du coton, la présence de la structure « Ivoire Coton » dans la zone permet une meilleure organisation de la filière avec onze (11) coopératives. Au niveau de l’anacarde, les paysans tentent tant bien que mal de se regrouper en coopérative. Cependant, les producteurs individuels restent les plus nombreux. Au niveau du vivrier, les principales cultures pratiquées dans la sous-préfecture de Kanakono concernent, par ordre de grandeur, le maïs, l’arachide, le riz, le sorgho, le mil et les produits maraichers (oignon, chou, aubergine, piment, gombo, tomate).
L’activité pastorale dans la sous-préfecture de Kanakono est fortement dominée par l’élevage des bovins. Cependant le cheptel a fortement baissé depuis la crise politico-militaire qu’a connue le pays. Celle-ci a en effet entrainé l’abandon de cette activité par un bon nombre d’éleveurs.
Le commerce dans la sous-préfecture de Kanakono est une activité peu développée. Il est marqué par la vente des vivriers et de quelques magasins de vente de divers produits. Cela trouve sa raison dans le faible niveau de vie des populations aggravé par la crise militaire de 2002. L’état défectueux des voies de communications explique l’adynamie dont fait face le secteur du transport. Mais depuis 2016, une ligne permet de relier la localité de Kanakono à Tengrela, Boundiali puis Korhogo. Si elle était initialement gérée par la compagnie « KST », depuis 2017 c’est la compagnie « Pelessi » qui assure cette liaison. Aussi avec le développement de l’activité d’orpaillage dans la zone, l’on remarque une présence de plus en plus importante des « taxi-motos » permettant la mobilité des orpailleurs. Par ailleurs ils assurent aussi le déplacement de la population entre les différents villages.
La sous-préfecture de Kanakono enregistre plusieurs sites d’orpaillage clandestin, notamment à Kanakono, Zanikan et Sissingué. Après les opérations de déguerpissement initiées par les autorités administratives, il n’existe plus de site dortoir, les travailleurs s’étant installés dans les villages d’où ils partent les matins à la recherche des pitances quotidiennes. Ces sites d’orpaillage occupent une grande partie de la population jeune, notamment les jeunes filles qui y trouvent une occasion de gain facile. Cette situation a entrainé une augmentation de la population dans la zone et par ricochet une pression sur les équipements et une cherté de la vie.
Par ailleurs, les autorisations d’exploration accordées par l’Etat de Côte d’Ivoire à la Société OCCIDENTAL GOLD en 1998 et 1999 sur une superficie totale de 876 km2 a permis de circonscrire la minéralisation autour du village de Sissingué (9 km de Kanakono). Les études prospectives ont montré que l’usine à installer dans ledit village pourra traiter 1,6 millions de tonnes d’or par an. Ainsi, plusieurs espoirs sont fondés sur l’exploitation industrielle de ce potentiel minier qui représente le principal atout économique de cette zone.
Niveau d’équipement de la sous-préfecture de Kanakono
Il s’agit d’évaluer le niveau de dotation de cette zone en équipements sociaux de base d’ordre sanitaire et éducatif, la connexion au réseau électrique, l’accès à des sources d’eau potable et l’Etat des routes.
Equipements sanitaires
La sous-préfecture de Kanakono compte deux centres de santé : un Centre de Santé Urbain (CSU) à Kanakono et un Centre de Santé Rural (CSR) à Lomara.
Le Centre de Santé Urbain (CSU) de Kanakono couvre la ville de Kanakono et les villages de Pourou, Sissingue Et Zanikaha. Il a une capacité d’accueil de 24 lits et comprend un dispensaire et une maternité avec service de consultations et de soins. Le personnel est constitué d’un médecin, de trois infirmiers, de deux sages-femmes, de deux filles de salle et d’un agent d’entretien. La maternité a un taux de fréquentation d’environ 40 patientes (accouchements) par mois.
Le CSU de Kanakono est actuellement en pleine réhabilitation grâce au Programme Présidentiel d’Urgence (PPU) pour mieux répondre aux besoins des populations de plus en plus nombreuses.
Le Centre de Santé Rural (CSR) de Lomara couvre, outre Lomara et Popo, les villages de Dougba et Kotou et comprend un dispensaire et une maternité.
La sous-préfecture souffre donc d’une insuffisance des établissements hospitaliers. Cela serait dû à une insuffisance des moyens financiers des collectivités locales, notamment la mairie de Kanakono. Les deux établissements hospitaliers existants font l’objet d’une forte pression du fait du volume de population grandissant. Cela pourrait à la longue favoriser une augmentation du taux de morbidité de la zone.
Eau et électricité
Kanakono est connecté au réseau électrique national et compte plus de 250 abonnés. Il en est de même de Lomara et Pourou. Le village de Sissingué quant à lui dispose d’un groupe électrogène de la CIE qui alimente tout le village en électricité (pour des raisons économiques, le groupe est mis en service uniquement la nuit). Les autres villages ne sont pas électrifiés. La Compagnie Ivoirienne d’Electricité (CIE) est représenté à Kanakono par un agent qui a pour rôle de veiller au bon fonctionnement des installations et de distribuer les factures émises.
S’agissant de l’eau, Kanakono dispose d’un château d’une capacité de 100 mètres cubes. Un service de la SODECI est ouvert avec un agent pour gérer la centaine d’abonnés au réseau. Une bonne partie de la population s’approvisionne sur les diverses pompes transformées en puits. Lomara par contre dispose depuis 2014 de l’hydraulique villageoise améliorée (HVA) avec un château d’une capacité de 20 m3 en plus d’une (1) hydraulique villageoise. Le village de Sissingué bénéficie depuis mars 2016 d’un château d’eau de 45 m3 réalisé par la Société Persus Mining Côte d’Ivoire dans le cadre des projets communautaires des villages impactés par le projet minier. En ce qui concerne les autres villages, Pourou et Pôpô disposent de deux (2) hydrauliques villageoises dont une en panne à Pourou. Enfin le village de Zanikan dispose lui d’une (1) hydraulique villageoise.
Les équipements éducatifs
Les services de l’éducation concernent l’enseignement de base à savoir le préscolaire et le primaire. Il faut dire que c’est le domaine qui connait le meilleur taux de couverture dans la sous-préfecture de Kanakono. En effet, chaque localité a au moins un établissement primaire public. Ce qui est la conséquence de la volonté des autorités locales d’améliorer le taux d’alphabétisation de cette zone qui reste encore très faible selon eux. Kanakono dispose de trois écoles primaires quand les autres localités en enregistrent qu’une chacune. Le fait que Kanakono abrite le plus grand nombre d’écoles primaires s’explique par l’importance de sa population par rapport à celles des autres localités. La fausse note se situe au niveau du secondaire et du préscolaire. A ce niveau, il n’y a que Kanakono qui dispose d’un collège (6émé à la 3ème) privé nommé Collège Nirbekon de Kanakono et d’une école maternelle publique de trois sections dont une fonctionnel.
La voirie
La voirie de la sous-préfecture de Kanakono est constituée de deux voies principales et de voies secondaires toutes non bitumées à cause du manque de moyen des collectivités locales. La première voie principale traverse Zanikan et relie Kanakono à Tengrela en passant par Pourou. La seconde quant à elle traverse Zanikan et relie Kanakono à Tengrela en passant par Sissingué. Les voies secondaires permettent de relier les autres localités de la sous-préfecture entre elles.
Cependant, toutes ses voies de communication souffrent d’une dégradation assez prononcée surtout pendant la saison des pluies. Cela limite les échanges entre Kanakono et les autres localités. La réhabilitation régulière voire le bitumage de ces voies de communications constituerait une bouffée d’oxygène pour cette zone en proie à une vie chère dans la mesure où cela permettrait une meilleure mobilité des biens et des personnes, donc un désenclavement de la zone.
A la fin de ce chapitre, il convient de retenir que la sous-préfecture de Kanakono possèdent des caractéristiques physiques qui rendent possible la pratique de l’agriculture avec les cultures de rente telle que le coton et l’anacarde et aussi de l’élevage. Mais la découverte de plusieurs gisements aurifères a entrainé un développement de l’activité d’orpaillage faisant de cette sous-préfecture une zone minière. Le succès de l’orpaillage a entrainé une pression sur les équipements de la zone déjà insuffisants. Par ailleurs le mauvais état des voies de communication freine le développement des activités commerciales et de transport dans la zone.
Source: Exploitation aurifère de sissingué et développement de la sous préfecture de Kanakono.
par Foungotrigué Drissa Sorho, Université Peleforo Gon Coulibaly de Korhogo
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