Sculpteurs sur bois en pays sénoufo
Dans tout le pays sénoufo, on fabrique des sièges en bois taillés dans la masse, des petits bancs montés sur quatre pieds, des chaises et des fauteuils, les pieds sont souvent sculptés.
Les fauteuils de repos sont faits de deux parties creusées dans un tronc d’arbre entier qui s’entrecroise en X; la partie dossier est sculptée sur sa face extérieure. Presque tous les hommes des villages sénoufo savent tailler à l’herminette des manches d’outils, des pilons et des mortiers, des louches et des cuillères, et même des sièges sculptés.
Par contre, les sculpteurs de masques et de statues (Kpembélé) font partie d’une caste particulière, les Koulé. Ils habitent dans des villages ou des quartiers isolés des grands centres. A Korhogo, ils sont regroupés dans le quartier Koko. On y trouve, comme dans d’autres villages spécialisés, une production intense de masques et de statues pour le commerce touristique, et que les Dioula vendent dans toutes les grandes villes d’Afrique.
Cette production en grande série n’exclut pas la production plus discrète qu’on trouve dans certains villages de brousse, de masques « dansés » et de statues « rituelles » exécutés exclusivement pour le culte du Poro. Cette double fonction de la sculpture sénoufo est pleine de contradictions. C’est par milliers qu’on découvre en vrac dans certains ateliers parfaitement organisés, non seulement des masques ou des statues sénoufo, avec ou sans patine ancienne, mais aussi des copies de nombreux masques d’autres ethnies, comme par exemple, le célèbre cimier antilope bambara (en revanche, il est vrai que j’ai vu des sculpteurs sénégalais faire en grande série le célèbre masque sénoufo appelé kpéfié!).
Les sculpteurs sénoufo sont extrêmement habiles. Ils sont en effet capables de reproduire scrupuleusement n’importe quel masque ou statue qu’on leur donne comme modèle. Une simple photographie leur suffit. C’est d’ailleurs pourquoi tant de faux, revêtus d’une patine artificielle, envahissent le marché mondial et arrivent même à tromper certains connaisseurs.
Nous ne pouvons pas, dans le cadre limité de cet ouvrage, énumérer toute la diversité de la production si riche des Sénoufo; aussi, nous limiterons nous à deux exemples très caractéristiques. Les sculptures liturgiques du groupe des Fonombélé sont appelées Khoudosion. Ce sont des sortes de statues pilons très élancées, au moyen desquelles les néophytes du Poro tapent le sol en cadence pendant la danse qui sert à entrer en communication sacrée avec les ancêtres.
Les grands masques cérémoniels sont très célèbres, particulièrement le Nassolo, au corps de plusieurs mètres de long, construit en bois et en sisal, et décoré de dessins blancs, rouges et noirs correspondant aux armoiries propres à tel ou tel enclos sacré de Poro. Mais le masque sénoufo le plus connu, parce que le plus esthétiquement accessible et aussi le plus reproduit, est le petit masque anthropomorphe appelé kpélié, d’une très grande présence spirituelle par la simplicité et le dépouillement du visage aux yeux mi clos, au front bombé, au nez long et droit, à la bouche petite et mince.
Source: Aide et Action – Ethnies africaines
Les derniers articles
-
Le Musée Charles A. Combes
Un décor atypique... Au milieu des ronces et chiendents, gît le Musée Charles Alphonse Combes.…
-
Les Ehotilé ou Bétibé
A travers les Sous-Préfectures d'Adiaké (Adiaké, Assomlan, Eplemlan, Etuessika, N'Galiwa, Mélékoukro, Adiaké-Kakoukro...) et d'Etuéboué (Abiaty,…
-
Le mariage Malinké
Le mariage reste un événement central dans la reproduction des structures familiales en pays Malinké.…
La Côte d'Ivoire, c'est une invitation au voyage, à la découverte de cette étonnante Afrique à la richesse souvent ignorée. Rezoivoire
- Les Ehotilé ou Bétibé
- L’univers mystique des Masques chez le peuple Wê
- La tenue traditionnelle des peuples de l’Ouest : origines et usages des coutumes « Wê » et « Dan »
- Le Yaka-Yaka, cette danse ressuscitée qui frappe aux portes du patrimoine culturel mondial de l’UNESCO
- Le mariage en pays Palaka
- La fête de l’igname chez le peuple N’Dénian, ou la reconnaissance à l’égard d’un tubercule nourricier
- La mosquée de Samatiguila
- Le Zaouli, musique et danse populaires des communautés gouro de Côte d’Ivoire
- La forêt sacrée de Gbêypleu
- Les silures sacrés de Bokoré