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Le parc zoologique d’Abidjan

Le parc zoologique d'Abidjan date d'avant l'indépendance. Créé en 1930, il s'agissait à l'origine d'une structure privée, propriété personnelle de M. Yvan Chollet qui l'a revendue à l'État en quittant le pays en 1965.

Le parc a été nationalisé en 1972 et placé sous tutelle du ministère des Eaux et Forêts, son financement dépendant quant à lui du ministère de l’Environnement. Sis sur une jolie colline plantée de superbes fromagers, cocotiers, flamboyants, hévéas naturels, manguiers, essences rares et autres arbres centenaires, ce parc animalier s’étendait initialement sur une superficie de près de 20 hectares, mais n’existe plus aujourd’hui que sur une dizaine d’hectares, dont seuls 4 sont réellement exploités, l’effectif de ses pensionnaires ayant drastiquement diminué au cours des années et des crises, et certaines parcelles du zoo étant devenues au fil du temps l’habitat spontané de particuliers sans logement.

Aujourd’hui,  » sur la route du zoo…  » n’est plus qu’une indication commode à donner aux chauffeurs de taxi pour se rendre du côté d’Adjamé ou d’Abobo, et nombreux sont les Abidjanais qui passent désormais devant sans plus s’y arrêter, où secouent la tête d’un air désolé à l’évocation de ce que l’on pourrait qualifier d’arche de Noé à la dérive : cet espace écologique, qui drainait autrefois tant de monde (jusqu’en 1999, le zoo enregistrait plus d’un millier de visites hebdomadaires), avec ses 500 animaux de plus de 50 espèces différentes (à l’époque, on y trouvait même des ours bruns !), n’enregistre plus guère d’affluence que les mercredis à l’occasion des sorties scolaires hebdomadaires, et ses trop rares visiteurs y viennent davantage pour taquiner les singes et compter fleurette à leur belle dans les allées verdoyantes et désertes du parc, que pour s’émerveiller devant des animaux qui, il faut bien le reconnaître, ne seraient pas reçus au casting du joyeux et exhubérant Madagascar.

Parmi les espèces que vous pourrez encore croiser au fil de votre visite (en 2013 on dénombrait 191 animaux répartis en une trentaine d’espèces), de nombreuses variétés de singes et d’oiseaux (milans noirs, dindons, pélicans, haras…), des varans, des pythons, des civettes, des genettes, des mangoustes, une bonne cinquantaine de crocodiles (crocos gavials, alligators, caïmans…), des tortues (la tortue de terre centenaire des Seychelles est particulièrement impressionnante), diverses espèces de biches, des antilopes, Noël et Pascal, les fils de feu Bill et Maguy, le couple de buffles, Tomy et Tito les hyènes, CAN l’éléphant (baptisé ainsi car il est né en 1992, le jour de la victoire des Eléphants de Côte d’Ivoire face au Sénégal en Coupe d’Afrique des nations), un hippopotame nain, des écureuils, ou encore Simba la panthère, qui succède aux lions Simba et Lala, malencontreusement décédés pendant la crise post-électorale.

La plupart de ces animaux proviennent des parcs nationaux de Côte d’Ivoire, mais d’autres, comme certains oiseaux, sont des dons d’ONG allemandes ou de particuliers. On trouve également des espèces en provenance du Kenya (pigeons, haras), du Libéria (tortues, hippopotame nain) ou d’Afrique du Sud (pélicans et hyènes). Cause principale de l’état moribond du zoo : le budget alloué par l’État, insuffisant à rénover les infrastructures et à couvrir les frais nécessaires pour répondre aux besoins en personnel, matériel, soins et nourriture des animaux, et bien sûr les crises à répétition qu’à subies le pays depuis 1999.

Comme le dit le proverbe :  » On ne demande pas à un homme qui a faim si son chien a mangé « , et si l’on compte que CAN l’éléphant consomme 200 kilos de nourriture par jour et qu’il faut entre 9 et 15 kilos de viande au minimum pour rassasier un lion ou une panthère, les calculs sont vite faits.

D’autant que le prix du billet d’entrée est resté inchangé alors même que celui des denrées alimentaires et des médicaments ne faisait qu’augmenter, phénomène encore aggravé par les années de crise. Un plan de réhabilitation du zoo national d’Abidjan a néanmoins été adopté en Conseil des ministres courant 2013.

L’Etat a ainsi débloqué 330 millions FCFA pour rénover les zones délabrées du zoo, les habitats des animaux et les locaux de l’administration et du personnel, et 280 millions FCFA supplémentaires ont été alloués pour repeupler le zoo et acquérir de nouvelles espèces animales. Dans cette perspective, le zoo accueillait en mars 2015 de nouveaux pensionnaires acquis par l’Etat : trois lions, une espèce ayant quasiment disparu de Côte d’Ivoire.

Le mois suivant, des zèbres devaient venir gonfler les effectifs fauniques du zoo. Même si cet espace écologique n’a pas encore retrouvé son lustre d’antan, des efforts indéniables sont entrepris, et l’on note des améliorations sensibles par rapport aux années précédentes. En plus du personnel et de l’administration, de nombreux particuliers se démènent dans l’ombre pour maintenir l’arche à flot.

Les administrateurs du zoo comptent aussi sur des financements privés et des dons d’ONG ou de privés (avis aux généreux donateurs), mais il faudrait également entreprendre une importante campagne de sensibilisation ou décrocher un partenariat avec des parcs nationaux de la sous-région ou instituts de recherche privés afin d’éviter que l’établissement, unique parc zoologique de Côte d’Ivoire et autrefois l’un des plus importants d’Afrique de l’Ouest, ne soit livré à son sort et sombre progressivement dans l’oubli et l’indifférence générale.

Source: petitfute.com

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