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Les Komian

Les komian sont dotées d'un pouvoir de prévention du malheur et, le cas échéant, de guérison. Cette puissance s'exerce par le truchement d'un art divinatoire et thérapeutique qui permet aux komian d'indiquer les remèdes à prendre, les sacrifices ou les rites à exécuter pour retrouver la force de vie perdue, voire de confectionner toutes sortes d'amulettes destinées à protéger leur porteur, à le faire réussir aux examens ou à avoir du charme auprès des des femmes.

Ce pouvoir de prévention et de guérison est mis au service de la collectivité entière dans le cadre de pratiques publiques plus ou moins fréquentes, mais obligatoires à l’approche de la fête de l’igname. Les komian signalent alors les éventuels malheurs qui planent sur le village, les épidémies qui approchent ou les mauvais sorts jetés par des ennemis. Elles permettent ainsi au groupe de prendre les devants.

Un troisième pouvoir s’ajoute aux précédents : celui d’une parfaite connaissance de la nature, des forces des êtres et des plantes, des rapports qui les lient entre eux, des conflits qui peuvent éventuellement les opposer et des techniques de leur résolution. à cet effet, l’initiateur a travaillé l’intelligence et la sensibilité de la candidate pour l’ouvrir à un degré beaucoup plus aigu que celui auquel peuvent parvenir les simples villageois, à la vision des violences et des divers maux dont souffrent les personnes et les groupes.

Ces pouvoirs qui définissent les komian reposent sur un double fondement. Il s’agit d’abord du culte des amouan (fétiches) qui ont pris possession des komian soit pendant leur initiation, soit pendant la danse inaugurale qui a lieu le jour de leur intronisation officielle.

Sous la direction du maître d’initiation, ces puissances surréelles ont été identifiées et nommées, et les nouvelles komian doivent leur vouer un culte sans faille et observer les interdits qu’elles leur ont édictés. Toute négligence dans l’accomplissement de ces devoirs engendre la colère des dieux protecteurs qui leur retirent leur soutien, vouant ainsi leurs protégées à l’ignorance, à la cécité surnaturelle et au mensonge.

L’apprentissage de l’art divinatoire constitue l’objet principal de l’initiation ainsi que le second fondement de ses pouvoirs. Il permet au maître pendant une durée de trois ans de familiariser les futures komian avec les danses et chants divinatoires, de les initier au maniement et à l’interprétation des diverses techniques de consultation : baguettes, cauris, cordes, etc. Cet apprentissage peut se parfaire auprès de plusieurs maîtres réputés.

Leur danse de possession ahô ou ahoé est exécutée pour conjurer le mauvais sort, les maladies, faire tomber ou arrêter la pluie selon les besoins du moment. Elles préviennent quelques calamités avant la moisson. Elles sont chargées de veiller à la sécurité métaphysique de la communauté. C’est ainsi qu’autrefois, les rois avaient des komian attachées à leur personne (celles-ci, en qualité d’éclaireureuses, les accompagnaient lors de leurs sorties publiques ou étaient consultées avant toute décision politique). Elles intervenaient également dans les affaires politiques. Par exemple, on consultait d’abord les komian pour l’éviction d’un roi.

La question se pose de savoir si cette institution culturelle authentique pourra surmonter les contraintes actuelles imposées par la prolifération des religions dites révélées (christianisme, islam) et la médecine moderne.

La vie musicale chez les Agni-n’dénéan par Konin AKA

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