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Le peuplement Faafouê dans la Côte d’Ivoire actuelle de 1721 au XIX ème siècle

Le peuple Faafouê est arrivé dans l'actuel Côte d'Ivoire avec la grande migration des Assabou dirigée par Abla pokou.

Ce peuple était très bien consolidé, mais après la mort d’Abla Pokou et le désir d’Akoua Boni d’entreprendre des conquêtes, l’union des Faafouê s’effrite. A ces raisons, il faut ajouter les querelles de succession et la réduction de l’espace cultivable à Niamonou compte tenu de la surpopulation. C’est ainsi que toutes les tribus Faafouê voient le jour. Aujourd’hui, ils se localisent dans les départements de Bouaké, Sakassou, Dimbokro et dans la sous-préfecture de Kokumbo.

Les Faafouê sont un sous- groupe des Baoulé Assabou de la reine Abla Pokou. Les Baoulé se repartissent en deux grands groupes : Allanguira ou Denkyira qui sont originaires du Denkyira et Assabou qui sont originaires de l’Ashanti. En effet, les Allanguira sont les premiers à s’établir dans l’actuel territoire de Côte d’Ivoire après leur défaite contre les Ashanti à la bataille de Feyase en 1701, (Apkenan, 2016, p. 52-64). Refusant la vassalité, les Allanguira migrent dans la Côte d’Ivoire actuelle entre 1706 et 1710, (Apkenan, 2016, p. 52-64).

Quant aux Assabou parmi lesquels se trouvent les Faafouê, ceux-ci ont migré en direction de la Côte d’Ivoire actuelle en 1721 sous la direction d’Abla Pokou, (Apkenan, 2016, p. 52-64). Ils s’établissent tous à Niamonou, avant leur dispersion dans toute la partie centrale de l’actuelle Côte d’Ivoire, dans les départements de Bouaké, Sakassou, Toumodi, et Dimbokro. La raison qui a motivé notre choix pour ce sujet est de faire connaître l’histoire des Faafouê qui est peu connue de l’histoire du peuplement de la Côte d’Ivoire en général et de l’histoire du peuple Baoulé en particulier.

L’année 1721 marque le départ des Assabou dont fait partie les Faafouê du Ghana actuel suite à la défaite des Aowin contre les Ashanti. Le XIX ème siècle, constitue l’installation définitive des Faafouê dans la partie centrale de l’actuelle Côte d’Ivoire. La question principale de cette étude est de savoir comment le peuple Faafouê s’est-il formé dans la Côte d’Ivoire actuelle ?

1 – Les origines des Faafouê et les causes de leur migration dans la Côte d’Ivoire actuelle

1.1 – Les origines des Faafouê

Les Faafouê sont des Assabou, donc du grand groupe Akan. Leur origine est la même que celui des Assabou. En effet, le peuple Assabou est originaire de la confédération Ashanti, eux même Akan. De ce constat, nous nous demandons d’où viennent les Akan ? Comme l’indique Ivor Wilks la question des origines des Akan est complexe. C’est pourquoi, nous indiquons seulement les étapes des déplacements des Akans. Il faut noter que maints lieux d’origine indiqués par les auteurs ne s’opposent qu’en apparence. Tous ces lieux ont été simplement des étapes de certains akans. Il faut avoir à l’esprit que les peuples qui sont de culture akan, sont issus d’ancêtres aux origines multiples comme le souligne Kouamé René Allou. Le lieu d’origine le plus ancien est la vallée de l’Omo, la Rift Valley. Certains ont participé, connu et intériorisé la civilisation égypto-nubienne.

De même que la civilisation de Méroé et sa métallurgie ancienne, et la civilisation de Nok et sa culture des têtes funéraires en terre cuite, (Allou, 2002, p.90). Des ancêtres de futurs Akan ont vécu dans le Sahara néolithique et ont été des auteurs de l’art rupestre. A ce propos, (Allou, 2002, p.90) écrit « Une fraction de ceux issus de Nok viendra dans le moyen Niger précisément dans le Diakoro, le Dia, le Djoboro et autour du Lac Debo où il reproduira cette culture des têtes funéraires en terre cuite. » Mais déjà pendant la préhistoire, des communautés humaines vivaient sur les terres akan actuelles et sont les auteurs d’une culture lithique que quelques études archéologiques révèlent. Mais les études en ce domaine ont besoin d’être poursuivies. De nombreux Proto-Akan, les Kwa Mbon vivaient dans le futur Mamprugu, autour de la vallée de la Volta noire et dans le futur Gonja où ils cohabitaient avec les Kwa Ngbanye, les Guan auxquels ils sont apparentés. Le fait que la cité de Manso dans le Bono a été bâtie au V ème siècle après J.-C., permet de penser que c’est autour de cette période ou peu avant, que les Akan sont massivement descendus au Sud de la Volta noire pour occuper l’espace bono.

A partir de l’espace bono ont lieu les mouvements de migration qui s’étendent sur une longue période et viennent recouvrir les foyers résiduels du peuplement préhistorique, et de foyers de communautés d’origine guan, (Allou, 2002, p.90). Ces déplacements s’étendent du V ème siècle au XVIII ème siècle, avec des fluctuations multiples alternant des déplacements massifs et des déplacements isolés.

Le mouvement migratoire des Ashanti, en direction de cet espace, est dirigé d’abord par Nanan Twum. Il est succédé ensuite par Antwin qui conduit les Ashanti dans l’Adanse. Nanan Twum et Antwin sont des anciens chefs Ôyôkô. Une fois arrivé dans cet État, Antwin est succédé après sa mort par Kwabia Amanfi, (Allou, 2002, p.356). Une guerre éclate entre le Denkyira et l’Adanse à l’issue de laquelle le Denkyira sort victorieux, cela occasionne l’insécurité sur l’asantemanso. Dès cet instant, tous les peuples se dispersent pour se trouver de nouveaux refuges afin d’éviter l’insécurité. C’est ainsi que les Ashanti quittent donc cet espace sous la conduite d’Oti Akenten, (Allou, 2002, p.357), car Kwabia Amanfi, leur chef, a été émasculé par l’une de ses femmes, l’aïeule des Tena qui n’a pas supporté qu’elle soit trompée par son mari, (Allou, 2002, p.363). Par cet acte plusieurs membres du clan Tena seront massacrés à la mort de Kwabia Amanfi et les Ôyôkô, en créant la confédération, exigent la suppression de l’usage du nom Tena et son remplacement définitif par le nom Bretuo, (Allou, 2002, p.363).

Les Ashanti quittent l’Asantemanso sous la conduite d’Oti Akenten pour s’installer chez les Ekôona, à Kokofu, (Allou, 2002, p.362). Dès lors une alliance naît entre les Ôyôkô et les Ekôona. C’est à partir de Kokofu qu’Oti Akenten est parti créer Kumassi et la chefferie de Kwaman qui regroupe les Ôyôkô. Les Ôyôkô créent d’autres chefferies notamment Juaben, Offinso, Ejisu, Bekwai, Nsuta, Kumahu, Ohwin etc…Cet espace ashanti s’appelle l’Amansie et regroupe, les Ôyôkô et les Ekôona trouvés sur place, avec qui, ils ont créé une alliance.

Après la mort d’Oti Akenten, Obiri Yoboua lui succède. Sous le règne d’Obiri Yoboua, l’espace Ashanti était déjà créé. L’autorité de l’Ashanti devient importante et s’étend au Nord-Ouest, probablement dans le but de contrôler la route commerciale menant à Begho-Nsoko, (Apkenan, 2016, p.52-64). L’Ashanti commençait à asseoir son autorité. Mais Obiri Yoboua sera tué par les ex-Akwamu, les Domaa en 1680, (Dantzig, 1980, p.131). Il sera succédé par son neveu Osei Tutu. C’est lui qui est généralement considéré comme le véritable fondateur du royaume de l’Ashanti. Il continua la guerre de son oncle contre les Dooma. Il attaqua aussi, au Nord, le Tafo. Mais lorsqu’il s’empara de Sefwi, territoire tributaire du Denkyira, Ntim Gyakari, le nouveau denkyirahene, s’énerva et lui fit porter une grande bassine de cuivre jaune qu’Osei Tutu devait remplir d’or et renvoyer comme tribut. Les Ashanti considérèrent cela comme une insulte et refusèrent ; Ntim Gyakari décida de les châtier.

Malheureusement pour lui Osei Tutu s’était renforcé en regroupant tous les Ôyôkô de l’Amansie pour former une confédération afin de se délier de la domination du Denkyira. Ainsi devant ce refus, des affrontements ont lieu entre le Denkyira et l’Ashanti des Faafouê. A l’issue de deux batailles décisives en 1701 dont l’une à Edunku et l’autre à Feyase, les Denkyira sont vaincus. L’Ashanti devient alors l’Etat le plus fort de la zone Ouest de la Côte de l’Or. Aussitôt, il engage des guerres d’hégémonie à ses voisins et à tous les Etats de la Côte de l’Or. Ainsi du début du XVIII ème Siècle jusqu’au dernier quart du XIX ème Siècle, les guerres de conquête de l’Ashanti embrasent la Côte de l’Or.

L’Ashanti est limité au Nord par le Brong-Ahafo et le Buem, à l’Est par le Kwahu, au Sud par l’Adansi et l’Akyem, à l’Ouest par le Sefwi et le Denkyira. Mais les limites de l’espace sous domination Ashanti du XVIII ème au XIX ème siècle s’étendent au Nord jusqu’au-delà du Gonja et du Dagomba, au Sud à l’Akwamu, à l’Est hors de la Côte de l’Or, c’est-à-dire jusqu’à l’espace N’denian, (Allou, 2015, p.388). Mais les querelles intestines qui ont abouti à l’assassinat de Dakon et des affrontements entre Opokou Ware et les autres opposants dont Boa Kwati et Okuku Adani poussent les Assabou à quitter Kumassi, la capitale de l’Ashanti pour se réfugier dans l’Aowin. Ils y restèrent jusqu’à la grande offensive ashanti contre l’Aowin en 1721 qui les contraint à fuir vers l’Ouest.

1.2 – Les raisons du déplacement des futurs Faafouê en 1721 en direction de l’actuelle Côte d’Ivoire

Les causes du déplacement des futurs Faafouê de l’Ashanti en direction de l’actuelle Côte d’Ivoire sont confondues à celle des Assabou. Après la mort d’Oseï Tutu en octobre 1717, (Allou, 2002, p.716), roi des Ashanti, deux prétendants revendiquent le trône Opokou Ware et Dakon frère d’Abla Pokou. Revendiquant chacun le trône, c’est finalement par la force que la succession se fit. C’est alors qu’une guerre éclata entre les deux prétendants au trône et c’est finalement Opokou Ware qui sortit vainqueur et Dakon fut tué, (Koné, 1994, p.23). C’est ainsi qu’il fut intronisé en 1718, (Allou, 2002, p.717). Cependant la mort de Dakon poussa sa sœur Abla Pokou à trouver refuge dans l’Aowin à partir de 1718 avec les partisans de son frère défunt y compris les futurs Faafouê dans l’espoir d’avoir une protection, (Allou, 2002, p.718).

Dans le souci de se défaire du joug de l’Ashanti, l’Aowin mena une expédition militaire contre l’Ashanti. (Ekanza, 1983, p.92) écrit à ce propos: « les documents hollandais annoncent successivement le 9 et le 21 mars 1718, une expédition militaire Aowin forte de 8000 à 9000 personnes lancée à la fois contre le Wassa et l’Ashanti. Le 21 mars l’expédition est de retour, chargée d’un butin de guerre considérable : l’or mais surtout 20000 prisonniers composés essentiellement de femmes et d’enfants.»

Cette expédition fut menée en l’absence du roi Ashanti qui était en guerre contre l’Akyem. Mais, la riposte fut fatale pour l’Aowin ce qui provoqua en 1721 la migration Aowin dont fait partie les futurs Faafouê avec à leur tête Abla Pokou. La fuite était bien organisée. C’est pourquoi de l’Aowin, le groupe Assabou a pris la direction méridionale sous la conduite d’Abla Pokou. Après plusieurs détours pour chercher un passage favorable de la Comoé, C’est finalement à MlanMlanso au sud de Bettié et à cinquante kilomètres en amont de Grand Bassam qu’un passage fut trouvé.

Les différents groupes pendant cette traversée sont : les Walèbo, les Faafouê, les Zikpli, les Saafouê sont de famille noble et de quatre familles vassales que sont les Aïtou, les Nanafouê, les N’Gban et les Agba, (Maurice, 1901, p.204). Ce sont ces différents groupes qui accompagnent Abla pokou pour s’installer à n’tran’wlê y nouan qui a été déformé pour donner N’dranouan qui signifie la limite de ma demeure. N’dranouan a pour chef-lieu n’Akawa, qui déformé, donne Akawa qui signifie je reste ici . Selon Brou Jean Paul toutes ces phrases ont été prononcées pour mettre fin à l’exode car étant vieille et fatiguée, elle ne pouvait plus continuer sa marche. C’est le royaume qu’elle a créé. C’est pour dire que la reine Abla Pokou a vécu les derniers instants de sa vie à Akawa et elle y a été inhumée dans la forêt sacrée de gnamônou ou niamonou dans le lit du cours d’eau n’drahan-bah ou draba. Elle fut succédée au trône par Akoua Boni, la nièce d’Abla Pokou. C’est à partir de cet espace que les Faafouê se dispersèrent dans l’espace qu’ils occupent aujourd’hui.

1.3 – Les guides de la migration et l’explication du nom Faafouê

Selon la tradition orale et Maurice Delafosse et Kouamé René Allou lors de la migration des Assabou, la reine Abla Pokou était accompagnée de quatre grandes familles nobles dont les Faafouê sous la conduite de Bouanli Abo. C’est cette dernière qui est l’aïeule de tous les Faafouê. C’est pour dire que ces derniers sont issus du grand groupe Baoulé Assabou venu du Ghana actuel au XVIII ème siècle.

Que signifie le nom Faafouê ? Les Faafouê comme le souligne Maurice Delafosse et Kouamé Allou René sont issus du clan royal des Agoua. Pour (Maurice, 1901, p.161), Faafouê signifie ceux qui viennent de la droite ou ceux qui formaient l’aile droite de l’armée Ashanti. Cette définition de Faafouê est contestée par, (Allou, p.730) qui dit ceci « Faafouê dérive de Fa, un ancien titre akan de noblesse, un titre royal qui veut dire l’indépendant, l’autonomiste ».

En comparant ces deux définitions, nous pensons que celle donnée par Kouamé Allou René semble être la plus logique. Car selon Yao Koffi, les Faafouê ne sont pas un peuple vassal, mais sont aussi des Agoua c’est-à-dire noble au même titre que celui du Walèbo. Selon N’Goran Koffi II, le peuple Faafouê constitue lui-même une puissance que tout autre peuple se doit de respecter. Il ajoute que les Faafouê sont de la même famille qu’Abla Pokou c’est-à-dire celle des nobles.

2 – Les differentes composantes du peuple Faafouê

Le peuplement Faafouê est composé de plusieurs sous-groupes notamment les Faafouê-Gossan, les Faafouê Kplékpléssou, les Faafouê N’dranouan et les Faafouê Bounguê.

2.1 – Les Faafouê N’dranouan

Les Faafouê N’dranouan se trouvent au Sud de Bouaké dans la région du Kan. Ils ont décidé de s’installer définitivement près de la source de la rivière « N’dra », « Nouan » qui veut dire au bord ou en bordure, à côté ou encore non-loin. Ils sont issus du groupe qui a fait la traversée du fleuve Comoé avec Abla Pokou. Ils sont composés de deux sous-groupes, les Assenzé dans le Centre Est Tiéplé et des Souafouê commandés par le chef de canton qui réside à Oko près du Kan. Ces deux sous-groupes comptent dix –huit villages. La tribu Assenzé est constituée des villages suivants : Abidji, Kongodékro, Kouakou-Yobouékro, Krossounabo, Lomibo, Mamian, N’Douakro. La tribu Souafouê quant à elle comprend : Akawa, Kanoukro, Kouabo, Kouassikro, M’Brakro, Niamoutiékro, Ouoko, Pokoukro, Toungbossou. Le chef-lieu de canton est Kanoukro. C’est de N’dranouan que les autres Faafouê sont partis pour donner les autres ensembles.

2.2 – Les Faafouê Gossan

Le nom Gossan a été pris lors de la conquête de l’espace occupé par les Gouro qui cultivaient le maïs. Ce nom est originaire du Gozan qui signifie en langue Gouro propriétaire de maïs. Ce nom a été donné pour désigner ceux qui sont venus s’installer à côté des propriétaires de maïs. Les Faafouê Gossan sont un mélange de Gouro les premiers habitants de la région et de Tagouana.

Le Gossan est actuellement représenté par le village de Kouassiblékro. Ce village Faafouê est situé à environ douze kilomètres de Bouaké sur la route de M’bahiakro après le monastère bénédictin. Les villages de la tribu Faafouê-Gossan sont Kouassiblékro, M’Massou ou Kouassiblékro 2, Langbassou, Sakassou, N’Dakro, Angoua-Tanoukro, Koffikro.

2.3 – Les Faafouê Kplékpléssou
Selon le dépouillement des archives de Bouaké, un habitant de la tribu Fahri nommé Abi est accusé de meurtre et s’enfuit dans le canton Saafouê où il se refugia chez un vieil homme Mounguê Koua. Abi était surnommé « pepre » à cause de sa petite taille. Il lui proposa de l’amener dans un endroit qu’il connaissait et où il y avait beaucoup de gibier. Mounguê Koua et Abi partirent vers le Nord et s’arrêtèrent à un endroit qui selon Agoua Appolinaire se trouve à peu près à l’actuel kilomètre dix de la route de Fettèkro. Mounguê Kwa trouva la région fertile et giboyeuse et s’y installa avec sa famille.

D’autres Fahali et d’autres Saafouê ayant reçu l’information vinrent s’installer à côté de lui et c’est ainsi que fut créée la tribu Kplékpléssou. Ainsi, selon Agoua Apollinaire, le Kplékpléssou résulte de la colonisation par les Baoulé venus d’un peu partout. Mais pour Agoua Apollinaire et N’guessan Yao Mathieu Kplékpléssou est un nom donné aux premiers Faafouê dans leur mission de conquête. Pour eux ce nom signifie « l’endroit où les guerriers ont eu une bataille assez féroce ou une croisade avec d’autres conquérants. »

Une autre version recueillie par Yao Koffi Michel donne comme signification de « Kplékplé »« un endroit libre dégagé et vaste et « sou » . » Au regard de ces différentes versions nous pensons que cette dernière semble être la plus logique, car en langue Baoulé l’endroit où l’on ne trouve rien ou rien ne pousse, est appelé Kplékplé. Pour appuyer cette affirmation, (Kouamé, 2015, p. 213) dit ceci : « Ce canton constitue la collectivité baoulé la plus pauvre et la plus misérable du Baoulé – Nord. Le territoire était désert. » En clair, les Kplékpléssou sont issus d’une fusion d’éléments Fahri, de Saafouê et de Faafouê proprement dit.

Le chef-lieu de canton Kahankro. Les Kplékpléssou sont composés de Cinq sous-groupes qui sont : Les Afouê Krofouê regroupés en cinq villages que sont Affouékro,Akpatoukro, Diongonou, Kahankro, N’Doua-Kouamékro; Les Bobo qui sont composés de trois villages qui sont, Agbangnassou, Bobo, Soubonou ; Les Kairo qui comprennent plusieurs villages notamment Adiékankro, Amanikro, Brobo, Kokokro, Konan-N’Guessankro, Kondounou, Koplékro, Kouakoukro, Latémanakoffikro, N’Gblakro, Sibirikro, Yangankankro Sotikro, Toumbakro, Yaokro, Yébouékouadiokro; Les Kanankro composés d’un village qui est Aboua-Angankro ;Les Totimbo composés de trois villages que sont Kouakro,Prikro, Totimbo.

2.4 – Les Faafouê Bounguê

Le nom Bounguê a été donné par les Faafouê Gossan pour désigner les Faafouê qui sont au Nord de la région du centre, c’est-à-dire ceux qui font limite avec les peuples Tagouana et Djimini. Ils forment un ensemble de sept villages créés à la suite des conquêtes vers le Nord de l’actuel Côte d’Ivoire. Ils sont issus d’un mélange de Tagouana, de Djimini et Gouamessounou. Ces villages crées sont les suivants : Alomabo, AssengouKan, Assengoupkli, Dietouankro, N’drikro, Senzenou et Yapo-Kouakoukro. Ils sont regroupés l’actuellement à proximité de la gare Kan.

3 – La mise en place des Faafouê 1730 – XIXème siècle

3.1 – Dans l’espace de Bouaké et environ

Avant la mort d’Abla Pokou, tous les groupes Baoulé étaient installés à Niamonou. A sa mort, elle est succédée par sa nièce Akoua Boni, (Allou, 2003, p.137-143). Celle-ci entreprit de nombreuses conquêtes territoriales, en vue d’étendre la domination du peuple Baoulé sur les autres peuples de la région. Alors, elle permit aux autres groupes Baoulé de pouvoir occuper ou annexer les régions environnantes pour avoir des espaces vitaux, contrôler les zones aurifères et les routes commerciales.

C’est ainsi qu’elle-même quitte le N’dranouan pour s’établir dans le Walêbo avec une partie des Faafouê.

Ces Faafouê forment aujourd’hui vingt-six villages à Sakassou regroupés en six groupes, (Kouamé, 2014, p.42-119-129). Nous avons le groupe Ahouê, Anobo, Assafou,Gbani, Lomo et Mandéké. Le chef-lieu de tous ces groupes Faafouê est Assafou, (Kouamé,2014, p.129). Cette politique volontariste pousse d’autres Faafouê à quitter eux aussi le N’dranouan.

Le mouvement d’expansion des Faafouê vers le Nord s’arrêta à une vingtaine de kilomètres de la ville actuelle de Bouaké. Dans leur avancée, ils se heurtent aux populations Sénoufo, Gouro, Tagbanan et Djimini. Pendant plusieurs années, les Faafouê ne prirent véritablement pas possession du territoire, car ils « se contentèrent de parcourir le territoire conquis sans s’y fixer définitivement. Ils restèrent cantonnés aux environs de Niamonou». N’goran Koffi II soutient que les attaques pour la conquête des terres fertiles se faisaient avec stratégie. Tout d’abord les Faafouê prospectaient, se renseignaient et espionnaient les villages avant d’entreprendre toute attaque. Certaines populations se soumettaient, d’autres s’enfuyaient.

Ce fut le cas des Gouro Yassoua qui peuplaient la partie Nord de l’actuelle Bouaké. Cette tribu était constituée de chasseurs, de cultivateurs de riz et surtout de maïs. C’est pourquoi, leur village s’appelait « Gossan ». Avec l’arrivée des Faafouê dans la région, Kwa Gbêkê se met dans une logique de conquête et de colonisation du territoire Gouro. Ces derniers, devant le nombre impressionnant des Faafouê, et surtout, devant leur puissance militaire, bandonnent leurs biens et leur territoire pour la région de Zuénoula. Les Faafouê de cette partie prirent le nom de Gossan aujourd’hui, ils ont pour chef lieu Kouassiblékro. D’autres groupes Faafouê s’installèrent encore dans la zone. C’est le cas des Faafouê Kplékpléssou. Le chef lieu de la tribu Kplékpléssou est Kahankro. Les Kplékpléssou sont composés de Cinq sous-groupes notamment les Afouê Krofouê, les Bobo, les Kairo, les Kanankro et les Totimbo.

Ensuite viennent les Faafouê Bounguê qui sont au Nord de Bouaké. Ils font limite avec les Tagbanan et les Djimini. Ils forment un ensemble de sept villages créés à la suite des conquêtes vers le Nord de l’actuel Côte d’Ivoire.

Les Faafouê N’dranouan se trouvent au Sud de Bouaké dans la région du Kan. Ils sont composés de deux sous-groupes, les Assenzé dont le Centre Est Tiéplé et des Souafouê commandés par le chef de canton qui réside à Oko près du Kan. Ces deux sous-groupes comptent dix-huit villages. Après l’occupation de Bouaké et ses environs par les Faafouê, ils se dispersent vers le Sud.

3.2-La dispersion des Faafouê au Sud 1800-1860

Les Faafouê comme tous les autres groupes Baoulé cherchaient à obtenir ce qui leur manquait et à accumuler des richesses en développant les échanges avec l’extérieur. Le sel, la poudre, les armes le cuivre, les perles de verroterie et l’or étaient les principaux produits convoités par les Baoulé. C’est dans cette optique que des lignages Faafouê se déplacèrent vers le Sud dans la région de Toumodi en y créant Kokumbo et une vingtaine de villages dont les plus anciens Kplessou, Akroukro, Kimoukro, Nianké-Konankro, Aboikakro, (Chauveau,1979 p.156-166). Ces différentes populations Faafouê provenaient soit des Faafouê Gossan, des Faafouê N’dranouan soit des Faafouê Kplékpléssou. Selon N’Goran Koffi II, au-delà de la région de Toumodi, les Faafouê ont créé dans la sous-préfecture de Dimbokro quatre villages que Pokoukro, Assrékoffikro, Tahikro et Fahafouêattikro.

En définitive, au XIXe siècle, les Faafouê se détachent de l’espace N’dranouan et s’implantent dans l’actuelle région de Bouaké, de Sakassou, de Toumodi et de Dimbokro. Plusieurs motifs ont contribué à leur déplacement de N’dranouan dans toutes ces localités.

Conclusion

Les Faafouê sont des Ashanti. Ils ont quitté leur pays d’origine avec Abla Pokou à la suite d’une querelle de succession après la mort d’Osei Tutu. Les affrontements entre les héritiers au trône ont provoqué la mort tragique de Dakon. La reine Pokou, sœur cadette de Dakon s’enfuit de Kumassi avec ses partisans pour se réfugier en Aowin. En 1721, lorsque la crise de succession prend fin avec la victoire définitive d’Opokou Ware sur ses rivaux, il attaque l’Aowin qui en 1718, par l’entremise de son général de conquête, Ebiri Moro, a opéré un raid dévastateur sur Kumassi en l’absence de ses chefs partis combattre les Akyem. C’est la riposte à ce raid qu’Opokou Ware attaque l’Aowin et pourchasse la reine Pokou et ses partisans qui y avaient trouvé refuge. L’Aowin est vaincu sur toutes les lignes de combats. C’est la grande migration des Aowin vers l’Ouest où on trouve les fugitifs Assabou de la reine Pokou. Les Assabou s’installent dans le N’dranouan, au Centre de la Côte d’Ivoire actuelle. Toutefois, après la mort d’Abla Pokou, Akoua Boni successeur décide de façon volontaire de quitter le N’dranouan pour s’installer dans le Walêbo afin d’occuper et de contrôler toutes les terres. Cette politique volontariste d’Akoua Boni pousse les Faafouê à se disperser dans la Côte d’Ivoire actuelle. Ils occupent alors plusieurs localités. La participation des Faafouê au peuplement des Baoulé est très remarquable au sein du peuple Baoulé.

IFOE, N°9, JUIN 2018
Revue électronique spécialisée en Histoire, Archéologie et Art.

Auteur: Roger Kouassi Django
Université Alassane Ouattara
djangokouassiroger@gmail.com

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