Le peuple Néyo
Les Néyo sont une communauté ethnique de Côte d'Ivoire partageant la même langue, la langue: Néyo. C'est une toute petite ethnie de moins de 10 000 personnes réparties sur 25 villages le long de la côte, de part et d'autre du fleuve Sassandra.
Les Néyo vivant aujourd’hui dans leur village sont estimés entre 3 000 et 10 000 personnes. Aucune indication n’est disponible sur les Néyo vivant en dehors des 25 villages néyos.
Leur situation démographique est d’autant plus alarmante que le développement de la ville de Sassandra et de son arrière-pays immédiat a fait d’eux une entité minoritaire dans l’équation actuelle du peuplement de l’embouchure, où les allochtones sont devenus sont quatre fois plus nombreux que les autochtones.
Les villages néyos se situent sur la côte Ouest de la Côte d’Ivoire, au bord du golfe de Guinée et de part et d’autre du fleuve Sassandra.
Voici la liste des 27 villages néyos historiques, dont deux ne sont plus habités.
D’ouest en est, à partir de Monogaga, village Woni et dernier village non Néyo sur la côte.
01- Péko : village inhabité
02- Klapoli (en français d’Afrique : Poly Brousse)
03- Niéga
04- Diégopoli (en français d’Afrique : Poly Plage)
05- Godé
06- Goviadou
07- Latéko
08- Bassa
09- Vodiéko
10- Lébléko
11- Niézéko
12- Loluéko : village inhabité (regroupé avec Niézéko)
13- Djoniéko
En montant vers le nord, sur la rive Ouest du Sassandra.
14- Groudou
15- Lopidou
16- Missé
17- Gaourou
En redescendant au sud, sur la rive Est du Sassandra.
18- Loïri
19- Gapéïpo
20- Dabéda
21- Niani
22- Brodié
D’ouest en est, en longeant le golfe de Guinée.
23- Diégoïpo (en français d’Afrique : Coco Plage)
24- Kadropa
25- Lipoyo
26- Aoropa
27- Dabéko
La langue Néyo fait partie du groupe de langue Kru, lui-même issu du groupe linguistique langues nigéro-congolaises
Parmi les nombreuses versions expliquant l’origine de l’ethnonyme Néyo, la plus crédible semble être celle qui fait de ce terme la contraction de Néné-yo, « les enfants de Néné », ancêtres des premiers occupants de l’embouchure du Sassandra, les Gnagbia, aujourd’hui disparus. Mais on peut dire aussi que « Nè » signifiant mère, « Nè yo » veut dire « enfants de la même mère » et donc « frères ». Donc les Néyo sont des « frères ».
C’est de part et d’autre de l’embouchure du fleuve Sassandra que s’est constituée, du xve siècle à la fin du xixe siècle, l’entité Néyo actuelle, à partir de groupements extrêmement disparates, venant des pays Krou, Guéré, Bété, Bakwè et Godié, et sans doute attirés par les possibilités commerciales qu’offrait l’endroit, depuis que les Portugais avaient jeté pour la première fois l’ancre devant le rio Sao Andre en 1471.
Les Néyo ont été les intermédiaires obligatoires du commerce pré-colonial entre les populations de l’arrière-pays (Bété et même Wè, par l’intermédiaire des Kodia qui contrôlaient le fleuve) et les navires portugais puis hollandais, danois, anglais et finalement français, qui avaient de grandes difficultés à franchir la barre et qui craignaient de s’enfoncer dans les terres.
En 1893, Georges Thomann explorateur et administrateur colonial français, débarque à Sassandra et créé le premier Cercle de Sassandra. Ce sont les débuts de la Colonisation française. En linguiste et ethnologue amateur, il publie de nombreux récits et essais qui constituent aujourd’hui un témoignage extrêmement précieux sur l’histoire, les habitudes quotidiennes et la langue des Néyo du début du xxe siècle.
Les Néyo sont une société patriarcale, organisée en groupes familiaux et en villages. Le pouvoir est exercé par un « conseil de sages » composé des doyens et des chefs de lignages (familles) du village et d’un chef du village, désigné lors d’une assemblée. Le pouvoir n’est pas héréditaire, il se conquiert avec l’age, la richesse, la puissance, l’importance de la descendance et la sagesse. Les femmes ne participent pas aux assemblées des hommes et n’ont aucun rôle politique.
L’ethnie Néyo est formée de dix (ou 6?) « tribus », ou gbini; la tribu commandée autrefois par un kè (de l’anglais « king »), correspond tantôt à une fédération de patriclans (ou de patrilignages majeurs), tantôt au simple patriclan (ou patrilignage). Elle se subdivise, comme chez les Godié, en lolokpa et lignages moyens ; le lolokpa, unité le plus souvent encore exogamique, se définissant comme l’ensemble des individus descendant en ligne agnatique d’un même ancêtre. Le lignage moyen se segmente en lolohuri, lignages mineurs(ou minimaux), le lolohuri tendant actuellement à supplanter le lolokpa en tant cadre de l’exogamie.
Ils sont historiquement animistes mais beaucoup se sont convertis au catholicisme à l’arrivée des premiers missionnaires. Aujourd’hui le catholicisme en perte de vitesse est largement supplanté par le protestantisme évangélique. Quelques très rares Néyo sont devenus musulmans. Mais qu’ils soient plus ou moins athées, respectueux des phénomènes de la nature ou convertis à l’une ou l’autre des religions monothéistes, la plupart conservent une croyance tenace dans le pouvoir du sorcier et restent convaincus qu’on ne meurt pas de mort naturelle.
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