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Le mariage ato vlè

Le mariage ato vlè était sanctionné par des transferts importants de poudre d'or et par des festivités onéreuses (consommation somptuaire de bétail, de vin de palme, etc.). En contrepartie, la famille de I'épouse renonçait à tous ses droits sur cette dernière et sa descendance.

L’ato vlè bla (bla : femme) ne retournait jamais chez elle en visite. A sa mort, elle était enterrée dans le village de son mari. Il en allait de même pour ses enfants. Mais, surtout l’ato vlè annulait la capacité de mise en gage des oncles utérins et, pour les neveux la possibilité d’hériter de ces derniers. En contractant un tel mariage un homme s’assurait des droits sans partage sur ses propres enfants. Bien plus, de cette manière, il pourvoyait aussi ses héritiers utérins de dépendants qui, dans un contexte normal, auraient eu de fortes chances d’échapper à leur autorité.

En effet, une succession inaugure toujours un état de crise et est fréquemment sanctionnée par des scissions, des changements d’allégeance, ou la création de nouveaux groupements sociaux. Mais les ato vlè ba (ba : enfant) n’ont plus de maternels chez qui aller se réfugier s’ils ne s’entendent plus avec les héritiers de leur père. L’ato vlè n’était donc pas seulement une forme prestigieuse de mariage (car les transferts importants de poudre d’or et les festivités honoraient autant la famille de l’épouse que celle de l’époux).

Nous l’avons déjà dit, l’idéal d’un homme baoulé est de garder auprès de lui non seulement ses propres enfants, mais encore, ceux de ses soeurs. Les solutions apportées au problème de la dépondération de l’autre terme de l’alliance matrimoniale ont varié en fonction des changements de conjoncture.

C’est ainsi que la pratique de l’ato vlè a disparu avant même la conquête coloniale. Les raisons de cette disparition sont très vraisemblablement multiples. Pourtant à notre sens, il faut en retenir deux qui nous semblent capitales : d’une part, l’augmentation du volume de la richesse et sa diffusion ; d’autre part, l’afflux de captifs et de réfugiés tagouana, djimini, etc. au cours de la guerre de Samori.

En effet, au début, les agwa et le ble nbgi étaient les seuls à détenir l’or et les richesses qu’ils avaient emportées avec eux en quittant Koumassi. Mais la découverte des gisements aurifères du Yaouré et de Bocanda et surtout, dans la première moitié du XVIII siècle, celle des gisements de Kokumbo firent augmenter le volume de la richesse et provoquèrent sa diffusion parmi tous les Baoulé. Ajoutons à cela les effets du commerce avec Tiassalé. Donc, les agwa et les ble n’zigbi n’étaient plus les seuls à détenir la richesse et à pouvoir pratiquer le mariage ato vlè une forme de mariage réservée qui tend à se généraliser ne peut que se dévaloriser. Mais ce qui sonna véritablement le glas de l’ato vlè, c’est, à notre sens, l’afflux de captifs et de réfugiés fuyant les troupes de Samori. Les captifs étaient tellement nombreux, et par ailleurs dévalorisés, qu’il n’était plus possible de ne pas s’apercevoir des similitudes entre ato vlè bla et kanga bla, entre ato vlè ba et kanga ba. D’ailleurs kanga ba et ato vlè ba sont tous deux désignés de la même façon, comme auolo ba (enfants de la cour, de la maison).

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