Le roi des Abbey
Les Abés ou Abbeys ou Abbays, ou Abès sont un peuple de Côte d'Ivoire représentant environ 2,8 % de la population du pays (soit plus de 580 000 personnes sur 21 millions d'habitants de Côte d'Ivoire, année 2011).
Les populations Abbeys ou Abés (ou Béssouffouè en langue Baoulé) sont composées de plusieurs fractions (Abé proprement dit, Abè-N’Damé, Abé-évé, Abé-Krobou, Abbey-agni, Abéanou issu du métissage entre Agba et Abé, Abé-Dida et aux Abidjis et aux Mbattos, ethnies dérivées de l’Abbey, Abbey-M’bochi.
Les Abés furent les guerriers de l’aile gauche de l’armée de la Reine Pokou. Les Abés sont inclus dans le groupe akan, qui comprend également les Ashanti, originaires comme elles du Ghana, d’où elles migrèrent entre le XVIIième siècle et le XVIIIième siècle vers la Côte d’Ivoire.
Ils vivent essentiellement dans la région d’Agboville, à 79 km au nord d’Abidjan.
La tradition orale recueillie cite, le roi Akossou, père de Patchibo et mari de Nana Yah Abobia fut puissamment aidé par son beau-père Miezan, chef de village de Konou, dans sa lutte contre les Konogos et les Ashantis.
En contrepartie de cette aide, Miezan demandera que la succession du trône Abbey soit désormais dévolue de père en fils et non plus d’oncle à neveu, comme le prescrivait la coutume afin que soit perpétuée la mémoire de sa fille. C’est depuis ce temps qu’en pays Abbey, le fils hérite du père.
Ainsi, le roi Ossohou succéda à son père Patchibo, mais après sa mort, l’ordre de succession fut compromis.
En effet, la reine Akoua, l’épouse du roi Ossohou, perdant ses enfants peu après leur naissance, il fut décidé pour conjurer ce mauvais sort, de vendre le petit N’Takpé pour un sou, conformément à la coutume. Certes, N’Takpé fut il rendu aussitôt à sa mère mais après avoir changé de nom (nom suggéré par un étranger dahoméen qui serait de passage dans le village), pour s’appeler désormais Obodji Soboa, qui veut dire en Abbey ou dans une ethnie proche du Dahomey « actuel Benin » « joli garçon prévoyant ».
Lorsque les Abbey s’insurgèrent contre l’autorité française, le roi Ossohou, après avoir vraiment tenté de faire entendre raison à ses sujets, se réfugia dans le camp des Européens et leur offrit son fils Obodji Soboa, alors âgé de 35 ans environ, comme guide des soldats. Celui-ci joua son rôle à la satisfaction des Français, si bien qu’après la victoire, ils le nommèrent chef supérieur des Abbey.
À la mort du Roi Ossohou, Monso, fils aîné, qui selon l’ordre normal de la succession en faveur, devrait prendre la place, se désista en prenant le fils de son jeune frère, sa majesté Obodji Soboa, dont l’influence en tant que chef supérieur était déjà certaine.
Obodji accepte le trône et eut un brillant début de règne, avant de sombrer.
En effet, fait chevalier de la Légion d’honneur le 16 janvier 1927, puis officier le 31 décembre 1932, il fut plus tard déchu de ses fonctions en 1940, du fait d’une longue maladie.
Toutefois, son souvenir reste encore vivace, à cause de ses premières chaussures, des sandalettes en pneu d’auto, connues sous le nom « d’Abodjé ».
Durant l’indisponibilité d’Obodji Soboa, son intérim (1940-1944) était assuré par François Eddo M’Bassidjé, le premier notable dans l’ordre de préséance. C’est lui qui succéda à Obodji Soboa.
Après avoir joué son rôle de Chef supérieur des Abbey et nouveau Roi pendant 27 ans à la satisfaction de tous, sa Majesté le roi M’bassidjé François est mort le 19 mai 1971.
La succession aurait dû revenir à Alexandre Gbagba qui, durant l’absence de sa Majesté, le roi M’Bassidje, avait assuré son intérim, si avec notre accession à l’indépendance, il n’avait pas été décidé de mettre désormais fin au remplacement des chefs coutumiers décédés, en dehors des chefs de village.
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