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Présentation générale de la commune d’Assinie

Assinie est une localité du sud-est de la Côte d'Ivoire et appartenant au département d'Adiaké, Région du Sud-Comoé. La localité d'Assinie est une commune avec un maire depuis le 13 Octobre 2018.

Située à 94 km à l’est d’Abidjan2, Assinie est une station balnéaire de la Côte d’Ivoire, au bord du golfe de Guinée.
On distingue la zone d’Assinie où se trouve le cabanon de Paul-Emile Durand à l’ouest, bordée seulement par l’océan et accessible par la route, et à l’est qui constitue une presqu’île entre océan et lagune. Longue d’une quinzaine de kilomètres. Cette presqu’île très étroite (de 100 à 1 000 m) est occupée par de luxueuses villas et paillotes. L’accès se fait en voiture, par bateaux privés ou via des pirogues traversant la lagune.

L’embouchure de la lagune qui marque la fin de la presqu’île d’Assinie est appelée La « Passe ».

Première porte d’entrée des occidentaux en Côte d’Ivoire, Assinie – Mafia est un petit village, situé à 100 Km à l’est de la capitale Abidjan, et plus précisément dans la région dite du Sud Comoé faisant frontière avec le GHANA. Le village est établi autour d’un bras de la lagune Aby qui se jette dans l’Océan Atlantique et dans le prolongement d’une bande de terre de 20 Km de long et 500 m de large avec une plage magnifique qui donne au village un environnement de rêve. La plage côté mer est un endroit fabuleux. C’est une plage de sable blanc très fin qui grince sous les pieds, et la mer est chaude avec de magnifiques vagues. La lagune qui court tout le long de la voie qui mène au village est fabuleuse et idéale pour le ski nautique.

Aperçu Historique

L’implantation des Européens

L’histoire nous apprend que c’est en 1637 que cinq missionnaires capucins venant de Saint-Malo s’installent à Assinie. Elle fait suite à la fréquentation de cette côte à partir du XVIe siècle par les bateaux de commerce des principales nations européennes telles que le Portugal, la Hollande, le Danemark, l’Angleterre attirées, entre novembre et mars de chaque année, par un coton de la même qualité que la soie (Ministère de l’intérieur op. cit, p.11.).

Ce premier contact est marqué par sa brièveté du fait des conditions climatiques particulières au pays, de la fièvre jaune, du choléra, de la malaria, qui vont contraindre ces missionnaires au départ. L’année 1687 est perçue comme celle du retour des européens, notamment français par l’entremise du chevalier d’Amon commandant «Le Joly» et de Ducasse sur «La Tempête». Ils seront à juste titre reçus à la cour du roi Zéna, le monarque Assinien (Courreges novembre 1987, pp.11-12) en vue de passer certains accords nécessaires à la pérennisation de leurs futures actions dans cette région du golfe de Guinée.

Les accords de protectorat

En 1698, le chevalier d’Amon, envoyé de Louis XIV, passa un traité d’établissement avec le Royaume d’Assinie (Ministère de l’intérieur op. cit, p.7). C’est dans cette mouvance qu’il faut situer l’apparition d’un personnage dont l’histoire semble liée à cette parcelle de terre : Aniaba. Aniaba fut embarqué sur les vaisseaux de la Compagnie de Guinée et présenté à la Cour de Louis XIV, y reçut une éducation princière et retourna à Assinie, qu’il devait quitter de nouveau pour s’établir finalement dans l’actuel Togo. Les informations lacunaires disponibles ne permettent pas d’élucider un certain nombre de faits à son sujet. Il en est ainsi de son origine Ehotilé ou Essouma. Pour les premiers, qui revendiquent sa paternité, Aniaba serait une déformation d’Anougba quand les seconds penchent plutôt pour Adiaba (Ministère de l’intérieur op.cit, p.14).

La seconde version corrobore certaines des sources écrites qui nous sont parvenues de l’époque. Dans cette confrontation des preuves, il ressort qu’Aniaba n’était pas le fils du Roi d’Assinie, Zéna. Selon Ducasse, Lieutenant de vaisseau dans la marine royale envoyé en mission sur la côte de Guinée en 1687, le roi remis Aniaba à la marine française à l’issue de la signature de l’accord signé entre les deux parties pour témoigner de sa joie du débarquement des français et comme marque de sa bienfaisance. En effet, le témoignage de Tibierge, commis principal à bord du Pont d’Or et convoyeur d’Aniaba en France, souligne que ce dernier serait un Ehotilé captif appartenant au frère du roi, Yamaquay (Ministère de l’intérieur op. cit, p.15).Il fut fait prisonnier au cours d’une guerre qui opposa les Assinien à leurs voisins. Tibierge disait en substance que celui-ci l’avait adopté comme il le trouva fort joli et à son gré, et ensuite la première femme d’Yamaquay le prit pour fils. Banga qui accompagnait Aniaba dans son périple français, de son vrai nom Anouman, était également un esclave appartenant à son maître de même nom.

Paul Roussier, dans son livre sur L’Etablissement d’Issiny, pense que les Directeurs de la Compagnie de Guinée ont délibérément tenu secret l’identité d’Aniaba, ne voulant pas révéler que le noir chaleureusement reçu à la cours du « Roi Soleil », était un simple esclave et non un fils de roi (Ministère de l’intérieur op. cit, p.15). Aniaba, une fois à Paris à l’âge de quinze ans en 1688, sera solennellement baptisé du nom de Louis Jean Aniaba, à sa demande, par l’évêque de Meaux, Bossuet, le 1er août 1691.La cérémonie eut lieu en la chapelle du séminaire des Missions étrangères.

Le nouveau baptisé a l’honneur de figurer parmi les filleuls de Louis XIV qui le rencontra pour la première fois en 1690 (Courreges op. cit, pp.15-16). A la requête du roi, il sera instruit par Bossuet, dans la pure tradition de gentilshommes, et admis comme officier dans le régiment du Roi en même temps que Banga présenté comme son cousin.

Les prérogatives royales dont il jouissait lui permirent d’instituer l’ordre de chevalerie dit de l’Etoile. Il est au plus fort de sa gloire en 1700, où il est capitaine dans un régiment de cavalerie en Picardie, dispose d’une pension de 12 000 livres et cumule domestiques, chevaux et dettes. Quand disparait le roi d’Assinie Zena dont il prétendait être le fils (Ministère de l’intérieur op. cit, p.16), il obtint l’autorisation, par l’entremise du Ministre de la Marine, de quitter la cour de France en compagnie du chevalier d’Amon. Ce dernier se voit confier, à cet effet, le commandement du vaisseau « Le Poli » le 19 février 1701. Ils arrivent à Assinie le 15 juin de la même année. A leur arrivée sur la terre ferme, la déception des français fut grande. Le nouveau Roi, pour de vrai était Acassigny. Il n’y avait donc pas de trône à céder à Aniaba qui représentait alors le meilleur ambassadeur de la cause française dans la région. Les français avait fondé sur sa personne le secret espoir de l’établissement d’un commerce prospère dans la région. D’où les embrouilles qui apparaîtront entre Aniaba et ses tuteurs français au premier rang desquels le chevalier d’Amon. Il se verra déposséder des présents qui lui avaient été offert, en tant que « roi d’Assinie » au profit d’Acassigny (Ministère de l’intérieur op. cit, p.17).

Suite à cet épisode, Aniaba disparaitra des intrigues d’Assinie. Albert Van Dantzig dans un document datant de l’époque dira qu’il s’embarqua vers 1704 sur un navire français dont le capitaine, au lieu de le ramener en France comme il le souhaitait, le déposa finalement à Quita ou Keta, dans l’actuel Togo, ou il devint le conseiller du Roi, sous le nom d’Hannibal (Courreges op. cit, p.16). Ce que nous pensons de l’infortune d’Aniaba, si nous nous en tenons aux faits relatés, il aurait bien pu être le fils du roi Zena et non pas un esclave. Dans la tradition de ces peuples Akan lagunaires, la succession à un roi défunt ne s’opère pas comme dans le monde occidental de père en fils mais plutôt d’oncle à neveu dans la lignée maternelle (Kouassi et al 2013, pp.64-77). Une mauvaise lecture de la sociologie de ces populations par les explorateurs français a bien pu déboucher sur ce malentendu. Situation favorable pour lui, vu les honneurs à lui témoigner, au point où on pourrait l’imaginer, il ne put s’empêcher d’en tirer le meilleur parti. Musée du costume: Tableau, Après l’échec à l’époque d’Aniaba d’une présence soutenue de la France à Assinie, elle s’en éloignera pour ne revenir que quelques deux siècles plus tard, avec plus de détermination. Cette fois les accords seront plutôt passés avec le roi du Sanwi qui résidait à Krinjabo.

La présente localité avait conquise à l’issue de guerres d’hégémonies (voir plus haut chapitre concernant le cadre humain) toute la zone côtière comprenant Assinie. Les français comme s’ils refusaient de se départir du souvenir de leur lointaine relation avec cette terre, baptiseront la nouvelle configuration du territoire: Cercle d’Assinie. En effet, dans la première moitié du XIXe siècle, il fut confié au Ministère de la Marine de réfléchir, et prendre des initiatives, sur les voies et moyens pour la France de refaire son retard, dans la quête de nouveaux territoires. Condition nécessaire pour soutenir son développement dans le concert des nations en pleine expansion au XIXe siècle. Le ministère décida de l’exploration méthodique du golfe de Guinée et envoya un navire, « La Malouine » sous le commandement du lieutenant de vaisseau Fleuriot de Langle. Il devait faire le point des ressources commerciales du golfe de Guinée et déterminer les endroits favorables à l’établissement de factoreries. Il était prévu pour marquer la présence définitive de la France de les flanquer de fortins destinés à garantir leur défense. L’érection du comptoir d’Assinie tout comme ceux de Grand-Bassam et du Gabon datent de cette époque (Ministère de l’intérieur op. cit, p.37). Fleuriot de Langle et son équipage arrivèrent au large d’Assinie le 26 juin 1843. Ils sont accueillis par des piroguiers venus de la côte aborder leur navire. Par leur intermédiaire, ils établissent les premiers contacts assortis de cadeaux en étoffes. Fleuriot et un groupe de marins descendirent ensuite à terre à l’aide de canots en proie à la barre.

Les chefs des villages côtiers se montrèrent hospitaliers et les autorisèrent à choisir un emplacement en vue de la construction d’un poste. Les travaux de déblaiement commencèrent aussitôt. Ces Assiniens voyaient en ces nouveaux venus une opportunité de se prémunir contre les attaques répétées des Nzimas leurs voisins de l’est. Le plus important cependant restait la signature d’un traité avec le roi de Krinjabo, Attacla. C’est au neveu du roi Amon Ndouffou, plus connu dans les sources écrites sous le nom de Amatiffou, accompagné de nombreux notables, que revint la tâche de conduire les négociations avec le lieutenant de vaisseau Fleuriot de Langle. Ils parvinrent à ratifier après trois jours d’assises un traité dans lequel le roi de Krinjabo et les chefs sous sa domination, se rangeaient sous la souveraineté de la France à laquelle ils remettaient la possession pleine et entière de tout leur territoire. Ce qui signifie qu’ils s’interdisaient d’établir des relations extérieures avec les autres puissances impérialistes. Cependant les nouveaux vassaux de la France conservaient leur autorité coutumière sur leurs sujets (Ministère de l’intérieur op. cit, p.37).

L’application de ces accords, vu qu’ils redéfinissaient et rétrécissaient les prérogatives des chefs locaux, ne sera pas toujours aisée si on s’en tient aux interprétations qui seront faites par chaque partie dans le cours de l’histoire. Parmi les « privilèges » accordés au roi pour l’installation permanente de la France sur cette côte, il devait recevoir un don annuel dit « coutumes » versé à la fois par la France officielle tout comme par des résidents étrangers ou des commerçants de passage. Le roi de Krinjabo reçu après discussion : 36 fusils, 36 barils de poudre, 36 pièces d’étoffe, 120 jarres de 5 litres d’eau-de-vie, 96 acquets de tabac (l’acquet correspond à 120 têtes de cinq feuilles), le tout livrable chaque mois par douzièmes. Le roi obtenait ainsi des droits importants dans l’administration du territoire et se retrouvait au centre des tractations. Fleuriot de Langle de son côté fut satisfait de l’issue des négociations vu que les Français en s’installant à Assinie, obtenaient le droit de naviguer librement dans la région et surtout de commercer avec l’intérieur des terres. Le drapeau français fut solennellement hissé sur le terrain concédé pour l’érection d’un poste. (Ministère de l’intérieur op. cit, pp.38-41).

Les français ne tarderont pas à gagner la sympathie de nombreux chefs de la région dont le chef Birouёt d’Abi, le chef du village de Biatry de même que de celui d’Abia («Assinie » Janvier-Juin 1856, p.290). Assinie faisait donc officiellement partie des comptoirs français sur la côte ouest africaine. Des fêtes sont organisées avec banquets et compétitions sportives opposant des athlètes Assiniens aux laptops sénégalais venus des possessions françaises de Saint-Louis et de Gorée pour les travaux de construction du fort Joinville (nom du fort d’Assinie) (Ministère de l’intérieur op. cit, p.41). On peut remarquer ici l’annonce d’une nouvelle configuration des groupes linguistiques d’origine africaine et qui va s’intensifier les années à venir. Cependant, même si la France fait montre d’une réelle volonté pour prospérer à Assinie, un début d’essoufflement va bientôt se faire ressentir. L’omniprésence de l’Angleterre dans les territoires voisins de la Côte de l’Or (Gold Coast) n’était pas faite pour entretenir la sérénité chez les français. C’est au plan politique qu’elle fournit davantage d’efforts à travers l’érection de bâtiments dans le fort comme pour marquer les esprits.

En 1842, le commandant Bouët-Willaumez avait créé un protectorat français dans la région côtière de l’actuelle Côte d’Ivoire (de la rivière Fresco à Half-Assinie), lequel se réduisait alors essentiellement aux comptoirs de Biriby, Fresco, Lahou, Bassam et Assinie (à cette époque, les Européens ne pénétraient quasiment pas à l’intérieur des terres). En 1843, la France signe avec le roi du Sanwi, Amatifou (Amon N’Douffou II), un traité l’autorisant à s’installer à Assinie et à y exploiter la forêt, moyennant paiement d’une « coutume » (rente). Ce protectorat constituait une épine dans le pied de l’Angleterre, installée dans la Gold Coast (précédemment colonie hollandaise, actuel Ghana), et qui recherchait la maîtrise de toute la côte de la Sierra Leone (hors le Libéria) à l’actuel Nigeria. Jusqu’alors, les Anglais étaient presque les seuls à commercer dans la région. Plusieurs maisons de commerce françaises qui avaient cherché à s’implanter avaient dû déclarer forfait (Régis Aîné, de Marseille, en 1858). Les Anglais cherchèrent sans succès à plusieurs reprises, et jusqu’en 1881, à échanger la Gambie contre Bassam et Assinie. Les marchandises alors importées de la Côte d’Ivoire étaient les huiles et amandes de palme, l’or, le caoutchouc et l’acajou. L’export concernait les tissus, la poudre, les fusils à silex, l’alcool, le tabac, la coutellerie, la parfumerie (Verdier affirmera avoir introduit la parfumerie de Paris), le fer en barres, la chaudronnerie, le sel, le savon, et des articles divers.

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