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Le peuple Abidji

Les Abidji sont un groupe ethnique situé à une centaine de kilomètres au nord-est d'Abidjan, à proximité de l'axe routier Abidjan-N'douci. Ils sont localisés dans le département de Sikensi, au sud de la Côte d'Ivoire.

Le pays abidji paraît n’avoir été occupé par ses habitants actuels que depuis cent cinquante ou deux cents ans tout au plus ; il semble que ceux-ci n’y rencontrèrent pratiquement personne, la région étant perdue au milieu d’immenses forêts; seuls quelques campements isolés s’y trouvaient, très clairsemés.

Deux principaux courants d’immigration, d’origine différente, se rencontrèrent sur ce territoire et, par leur juxtaposition accompagnée d’une certaine fusion culturelle, formèrent le peuple abidji qui, auparavant, n’existait pas. Le premier de ces courants semble issu du peuple alladian situé au sud de la lagune Ébrié. Il a donné naissance à une partie du groupe des Abidji Enyébé qui est, semble-t-il, le plus ancien et se situe à l’ouest du pays abidji. Ce groupe comprend les villages de Katadji, Sikensi A et B, Braf-Obou (Braffouéby), Bécédi, Bakanou A et B, Ay-Mabo et Soukou-Obou. Abiéou est un campement issu de Katadji. Le second courant venu de l’est est issu du groupe ashanti. Il comprend selon toute vraisemblance des Agni-N’dénié − dont certains seraient originaires du village d’Agoua − des M’batto et même des Ébrié. Cet ensemble a formé les Abidji Ogbru qui se sont établis à l’est du pays dans les villages de Yaobou, Gomon, Sahouyé, Agouaye, appelé aussi Badasso, Elibou et, beaucoup plus au sud, jouxtant le pays adioukrou, N’Doumi-Obou et Aka-Obou.

Tous les clans boso abidji sont patrilinéaires : il n’y a pas de boso matrilinéaires, les lignages abidji sont des patrilignages. Si le boso est très nombreux dans un village donné, il peut se diviser en sous-clans, lesquels porteront alors le nom de l’ancêtre qui est à l’origine de leur lignage. Lorsque le clan est très nombreux et qu’il est divisé en sous-clans, il n’y a pas de chef de clan mais seulement des chefs de sous-clans. Par contre, lorsque le clan ne comporte pas de sous-clans, il a un chef. Ces chefs sont les plus âgés des descendants patrilinéaires directs des ancêtres fondateurs, soit du clan lorsqu’il ne se divise pas en sous-clans, soit des sous-clans quand il y en a.

La société abidji, outre sa structure verticale en clans, sous-clans et lignages, comporte une structure horizontale commune à beaucoup de peuples lagunaires voisins : les classes d’âge ou tikpè qui unissent institutionnellement, quel que soit leur clan, les individus de chaque génération. Calquées sur le système adioukrou, elles se réfèrent vraisemblablement au système ébrié. Il y a sept tikpè qui portent le même nom que les sept classes d’âge des Adioukrou. Ce sont dans l’ordre les ningbési, bodjoro, sétè, n’dyroman, abroman, m’bédié, m’boruman. Chaque classe est subdivisée à son tour en trois sous-classes : odyungba, bago, kata.

L’organisation politique traditionnelle repose donc sur le système des classes d’âge. Mais il y a une personnalité plus profonde, dans la société traditionnelle abidji. Il s’agit du maître de la terre ou chef de la terre obou nyane. Ce maître de la terre est traditionnellement le descendant patrilinéaire du fondateur du village, c’est-à-dire le chef du clan qui s’est installé le premier sur l’emplacement de l’actuel village. Si le clan est divisé en sous-clans, ce sont leurs chefs qui seront à tour de rôle les chefs de terre. Ceci se comprend car ce sont les premiers occupants qui ont, non pas la propriété, mais la maîtrise de la terre et qui peuvent donc en disposer en faveur des clans arrivés après eux.

C’est le chef de terre qui est l’intermédiaire entre le village (c’est-à-dire son clan fondateur et les autres clans arrivés ensuite) et les divinités chtoniennes à qui il offre périodiquement des sacrifices, car c’est d’elles que son clan et par lui les autres clans qu’il a accueillis tiennent le droit de cultiver, d’utiliser le sol et en obtiennent leur nourriture. C’est lui qui préside la fête traditionnelle du dipri.

Source: AKA Konin collection digitale« documents de sciences humaines et sociales »

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