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La dot en pays Abidji

Chez Les Abidji comme chez la plupart des Akans, le mariage traditionnel n’est pas seulement l’union entre 2 personnes, il est avant tout l’alliance entre deux familles, il se fait en deux étapes : Le Kôkôkô ou fiançailles et le Sika Akkarô ou dot.

Il est à préciser que normalement les 2 cérémonies se font séparément mais il est de plus en plus admis que les 2 événements soient réunis en une seule et grande cérémonie.

Le Kôkôkô ou fiançailles

Comme sa sonorité l’indique, cette onomatopée désigne les coups que l’on donne à une porte lorsqu’on souhaite rentrer dans une maison. Dans le cas des fiançailles donc, c’est la permission qu’on formule à sa future belle-famille en vue d’une autorisation de prendre leur fille pour compagne. C’est une cérémonie très sobre chez les Abidji et restreinte aux deux familles. Mais c’est elle qui enclenche le mariage par la suite.

Elle comprend en général:
– 1 ou 2 bouteilles de liqueur suivies d’une symbolique somme allant 10.000FCFA à 25.000FCFA
– 1 bouteille de liqueur pour la famille paternelle de la fiancée et l’autre bouteille sera consommée sur place et servira de témoin pour les fiançailles.

Le Sika Akkarô ou le mariage traditionnel

Intervenant après le Kôkôkô, c’est l’occasion d’une fête ouverte aux amis et connaissances des conjoints. Que le futur marié et sa délégation arrivent dans le village la veille ou le jour J, le de la fiancée (Le confident) jouera un rôle prépondérant ce jour-là. Il se chargera de concert avec la famille de la fiancée de loger les hôtes, leur affecter une famille où ils seront pris en charge et instruits sur la conduite à tenir lors des négociations.

Au cours de la cérémonie, les 2 familles sont disposées de part et d’autre et se font face. Un porte-parole de la famille du fiancé est désigné, puis un émissaire est choisi dans la famille de la fiancée, il servira d’avocat pour défendre le futur marié et c’est lui qui se chargera de négocier le montant de la dot à la baisse.

Après les salutations d’usage, le porte-parole introduit la raison qui motive la venue de la famille.

La cérémonie peut commencer par un petit jeu qui a pour but de tester la patience du prétendant et de sa famille. Ce jeu devra évaluer la détermination de ce dernier et de sa ferme volonté d’épouser sa promise.

Assis en plein milieu des 2 groupes de famille, sur un trône décoré à l’occasion et donnant dos aux siens, face à la future belle-famille il devra se soumettre à ce petit jeu excitant et à la fois exaspérant. Le trône dédié à sa fiancée vide, il devra attendre le temps que dureront les négociations et les animations. On fera défiler devant lui des jeunes filles qui peuvent être les sœurs ou amies de la mariée habillées pour la circonstance et cachées sous des pagnes. Ces filles avanceront les unes après les autres, il scrutera leur démarche, leur taille, leur morphologie et se prononcera s’il s’agit de sa dulcinée ou pas. Ce petit jeu sera la preuve qu’il connaît bien sa fiancée. On le fera patienter longuement en prétextant que sa promise s’est évadée et que des recherches sont en cours pour la retrouver, ou soit qu’elle est partie dans un village voisin qui n’est accessible qu’à pied, donc son arrivée sera longue. Ou encore qu’il faille aller la chercher à moto mais qu’il devra donner l’argent de l’essence pour y aller, ou enfin que la moto est tombée en panne donc la réparation sera à nouveau à ses frais etc.

A lui et à sa famille de garder leur sang-froid et exécuter toutes les petites combines de la famille de sa fiancée, c’est le prix à payer pour l’épouser.

Pendant ce temps la fiancée est isolée depuis la veille dans un lieu tenu secret et prise en charge par des vieilles ayant de longues expériences dans le ménage. On lui donnera divers conseils, des astuces et petits secrets pour réussir assurer une longévité à son foyer. Puis au petit matin du jour indiqué elle sera l’objet de toutes les attentions, on s’occupera de sa toilette et de son habillement, d’autres familles seront mises à contribution pour aider à rassembler de l’or et divers bijoux pour la rendre plus belle et prête à rejoindre son prince charmant.

Direction le lieu de la cérémonie

Enfin la fiancée apparaîtra de loin, dans des tenues d’apparat, habillée comme une déesse au milieu d’une foule compacte en liesse, entonnant des chants de joie et de louanges, avec à ses côtés son louhouyi, lui-même paré de pagnes traditionnels et de bijoux en or. On l’installera aux côtés de son fiancé et les négociations entre les deux familles se poursuivront pour s’accorder sur un montant assez raisonnable.

Les éléments qui composent une dot chez les Abidji

– Une somme dite symbolique sera demandée, (Pour compenser en partie l’argent que les parents ont investi pour l’éducation et les soins de leur fille.) Cette somme peut être élevée et ne signifiera en aucun cas l’achat de la mariée mais tout simplement la valeur de la femme.
– Des bouteilles de liqueur, des casiers de bières et de sucrerie,
– Des complets de pagne,
– Du sel, du tabac,
– Des cure-dents, cola,
– Des pots de Bangui,
– De l’huile de palme

NB : ces éléments énoncés peuvent varier en fonction des villages, des familles et en tenant compte de certains critères relatifs au prétendant : la qualité des relations antérieures entre le prétendant et sa future belle-famille, sa situation sociale, son origine ethnique etc …

Enfin une libation sera faite sur la terre, la boisson est versée au sol et des paroles sont prononcées pour bénir les époux et recommander leur union aux ancêtres protecteurs

La cérémonie se terminera par des danses et un partage généreux de nourriture en toute convivialité.

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