×

Le « Doubéhi », un modèle de stabilité sociale

Le peuple Bété s'est doté d'institutions pour garantir un fonctionnement harmonieux de sa société, parmi lesquelles le «Doubéhi ». Ce concept est malheureusement galvaudé par des personnes étrangères à cette culture et qui semblent ne pas bien le comprendre.

Le mot « Doubehi » est composé de deux noms : « Dou » qui signifie village, et « Behi » qui veut dire ami. En associant les deux noms, Doubehi signifie « l’ami du village ». C’est une amitié qui lie un homme à une femme ou encore deux personnes de sexe masculin. Dans ce cas, on parle plutôt de « Gouali » ou de « Tito ».

Les doubéhi sont des complices censés partager tout sauf leur intimité. Ils s’entraident et veillent à ne pas ternir l’image de leur amitié vis-à-vis des autres en se vouant respect mutuel et admiration. Ils partagent la plupart du temps des plaisanteries. Le (la) doubéhi est considéré(e) comme la personne la mieux placée pour faire passer un message ou des conseils à son/sa doubéhi. Il (elle) est donc sollicité(e) au besoin, pour jouer ce rôle d’intermédiaire qui , dans la plupart des cas, donne gain de cause. Au cas où les deux doubéhi vivent au village, il est courant de voir le doubéhi aller aider le mari de son amie àdébroussailler la parcelle de terre destinée à abriter le champ de riz de cette dernière.

La doubéhi à son tour peut aider la femme de son ami à semer son champ de maïs ou à moissonner son riz. Au cas où seulement l’un des doubéhi vit au village, il est de son devoir de faire en sorte que son ami(e) ne manque de rien lors de ses séjours villageois. Il crée les conditions, dans la mesure de ses moyens, pour que les séjours du doubéhi soient agréables.
Le (la) doubéhi a le devoir de se tenir aux côtés de son ami(e) dans les moments de bonheur et dans les moments difficiles, surtout dans le deuil. Le doubéhi pleure aux côtés de son ami(e). Il joue le rôle de consolateur et d’accompagnateur dans toutes les étapes des obsèques traditionnelles.

Le (la) doubéhi porte assistance financière, dans la mesure de ses moyens, à son ami(e) endeuillé(e). Cette assistance financière peut aller jusqu’à couvrir toutes les dépenses liées aux obsèques. Enfin, les doubéhi deviennent dans la plupart des cas des amis et confidents des épouses ou époux des doubéhi avec qui la «cohabitation» se fait sans problème.

L’exception à la règle

Dans d’autres circonstances, il peut exister des relations amoureuses entre les Doubehi. C’est le cas de l’amitié entre les enfants de sexe masculin et féminin, certes d’un même groupement de villages, mais de villages différents. En effet, pour mieux faire face aux enjeux du développement, des villages se réunissent pour former un grand village. C’est le cas du village Lelebrekoua à Gagnoa, qui est la fédération de Lélépa et Brekoua. Il est clair que même si le mariage n’est pas autorisé entre les doubehi de Lélépa, il n’en demeure pas moins qu’un enfant de Lélépa puisse avoir des relations affectives pouvant aboutir au mariage avec un autre de Brekoua.

Source: mairieguiberoua.ci

Les derniers articles

  • Les Ehotilé ou Bétibé

    A travers les Sous-Préfectures d'Adiaké (Adiaké, Assomlan, Eplemlan, Etuessika, N'Galiwa, Mélékoukro, Adiaké-Kakoukro...) et d'Etuéboué (Abiaty,…

  • Le mariage Malinké

    Le mariage reste un événement central dans la reproduction des structures familiales en pays Malinké.…

  • Les Niaboua ou Nyabwa

    Des révélations de M. Alfred Schwartz (cet européen anciennement au Centre ORSTOM-Sciences humaines de Petit-Bassam),…