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Grand-Béréby

Grand Béréby, pour un voyageur en vacances, c'est essentiellement une plage magnifique, en forme d'anse dont la pointe ouest se termine en éboulis de rochers.

A l’autre extrémité de la plage, sur un terre-plein la dominant presque à pic, un restaurant bar fut longtemps le rendez-vous des forestiers. On y échangeait des nouvelles de toute la région, on riait, on chahutait, puis on repartait tous azimuts.

Ce temps est révolu. Le petit « bouiboui » a été vendu et le très raisonnable hôtel Beau Séjour fut construit à la place de l’ancien bâtiment, avec adjonction de chambres confortables en bungalows où vinrent séjourner les premiers touristes, amateurs de natation, de bains de soleil, de pêche sous-marine. Le long de cette large échancrure de sable ouverte entre deux caps rocheux, ils y ont trouvé le silence, la place qui manquent tant en Europe et même la possibilité de nager sans danger, car la barre laisse un plan d’eau calme.

A Grand Béréby continuent de vivre des Krumen qui pratiquent la pêche à défaut de pouvoir louer leurs services comme autrefois sur les bateaux caboteurs. Quant aux forestiers, les rois de cette côte, ceux qui ouvraient les pistes, ils ont disparu.

L’hévéa, si peu exotique
La crise du bois, la surexploitation des forêts du Sud-Ouest n’expliquent pas seules la disparition des forestiers. Leur règne a été suivi par celui des experts en agronomie. Partout des recherches de site et des analyses de sol ont eu pour but d’étendre les plantations de café et de cacao en grandes unités, de créer des palmeraies et de consacrer des périmètres de plus en plus vastes à l’hévéa.

En venant de l’arrière-pays, le contraste est frappant entre les vagues de la forêt dense et les immenses superficies recouvertes aujourd’hui par cet arbre donnant le précieux caoutchouc.

Pour le touriste qui rêve toujours d’exotisme, l’hévéa, même lorsqu’il a atteint toute sa hauteur, est décevant pour la seule raison qu’il n’a rien de tropical, c’est-à-dire de gigantesque et de luxuriant, ni dans sa taille, ni dans son épaisseur, ni dans la forme de son feuillage. Il évoque plutôt les forets européennes, car il a la grâce, la finesse le frémissement léger des peupliers Son aspect discipliné est encore accru par le fait que dans ces plantations bien entretenues, l’espacement nécessaire entre les arbres provoque un sous-bois aéré d ailleurs favorable à de jolis jeux de lumière.

Ce n’est évidemment pas l’hévéa qui a donné à Grand Béréby sa nouvelle réputation de station à la mode, mais le luxueux complexe sur la pointe rocheuse qui fait face à l’hôtel Beau séjour. Il métamorphose l’ambiance de cette plage naguère si sauvage, bien qu’on ne puisse accuser ses bâtiments de disproportion ni de faute de goût. Tout a été fait au contraire pour tenter une intégration discrète au site. Mais le fait que ses clients soient de riches étrangers suffit à transformer son atmosphère. De toutes façons, la nouvelle route lui aurait ôté toute chance de rester presque inhabité.

A l’est de la pointe de Beau séjour, un projet serait déjà en cours, heureusement de taille modeste et rappelant davantage l’ancien bistrot de celle que toute la côte appelait «Libellule».

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