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Prix JEONJU INTERNATIONAL AWARD FOR PROMOTING INTANGIBLE CULTURAL HERITAGE. Interview/ M. Oulaï Tia Pascal ( Directeur de la Fondation Koble Mandé du Sud):  » Ce prix honore notre Fondation et toute l’ Afrique entière ».

Du 19 au 27 septembre, la Fondation Koble Mandé du Sud, domiciliée à Man,a séjourné à JEONJU en Corée du Sud à l’occasion de l’attribution du Prix JEONJU INTERNATIONAL AWARD FOR PROMOTING INTANGIBLE CULTURAL HERITAGE. Le Directeur de la Fondation M. Tia Oulaï Pascal revient sur cet événement et nous en situe l’enjeu pour la préservation du patrimoine culturel de la région.

La Fondation Koble Mandé du Sud a été primée en Corée du Sud. Dites-nous de quel Prix s’agit exactement ?

Il s’agit d’un Prix pour la promotion du patrimoine culturel intangible. La ville de JEONJU depuis 2019 organise ce prix international auquel les structures qui sont dans le domaine de la promotion, de la préservation et de la transmission du patrimoine culturel immatériel appelé communément PCI. Ces structures postulent en ligne. C’est ce que nous avons fait au début de l’année 2024 en répondant à un questionnaire, en envoyant des témoignages, des films institutionnels etc… Sur 46 postulants, trois structures ont été retenues. La Fondation Koble Mandé du fait partie de ces trois lauréats. Nous avons représenté l’Afrique. Il y avait une structure de la Colombie ( Amérique latine ) et l’autre l’Azerbaïdjan ( Europe ).

Comment avez-vous été désigné pour recevoir cette récompense ?
Lorsque le Prix est lancé, un jury constitué de différents pays se met en place. Ce jury a en charge d’observer et de vérifier les candidatures. A la fin, il donne son verdict qui est souverain.

Comment avez-vous accueilli ce Prix ?

Ce Prix a été accueilli avec beaucoup de satisfaction bien sûr ! Au-delà de la Fondation Koble Mandé du Sud c’est toute l’ Afrique qui a été honorée puisque nous sommes là seule structure qui représente tout le continent africain. C’est un honneur et une fierté pour le Président-Fondateur M. Mamadou Kamara précurseur de cette initiative. Voyez-vous, une initiative locale qui est aujourd’hui lauréate d’un Prix international, cela donne le sentiment que nous n’avons pas travailler en vain. Cela nous donne des arguments supplémentaires pour continuer notre mission de conservation, de promotion et de transmission de notre patrimoine culturel. Le véritable challenge n’est pas de s’arrêter à un trophée mais surtout de perpétuer l’œuvre. C’est notre mission et nous devrions l’assumer.

Ce Prix comme son nom l’indique met l’accent sur la conservation et la promotion du patrimoine culturel intangible. On voit bien que c’est le credo de la Fondation Koble…

Bien sûr ! Le peuple Dan fait partie du grand groupe des Mandé du Sud. Ce peuple a beaucoup de valeurs culturelles à conserver, à promouvoir et à transmettre. Il est important que la nouvelle génération s’imprègne de ces valeurs et qu’elle les perpétue à son tour. Il ne faut pas qu’il y ait une rupture entre la nouvelle génération et l’ancienne.

Selon vous, qu’est-ce qui a milité en la faveur de la Fondation Koble pour qu’elle reçoive ce Prix ?

Je pense que tout ce que la Fondation Koble Mandé du Sud a présenté au jury ne souffre d’aucune contestation raison pour laquelle elle a reçu le Prix pour le continent africain. C’est donc la reconnaissance du travail bien fait !

Votre séjour en Corée du Sud vous a permis de côtoyer leur culture. Qu’est-ce qui fait la particularité de cette culture ?

Franchement ce séjour en Corée du Sud nous a permis d’ouvrir les yeux sur des choses assez importantes. En fait ce que nous négligeons au quotidien c’est ce qui fait notre identité. Je vous un exemple : la fabrication du vin à base de riz. C’est une tradition millénaire chez les coréens. C’est tout un process, c’est toute une histoire, tout un savoir-faire ancestral. Jusqu’à présent cela est préservé dans le pays et transmis aux nouvelles générations. Cela doit être possible chez nous avec l’extraction du vin de palme. On a découvert de petites unités de fabrication d’éventails ainsi que des unités de fabrication de cassettes pour magnétophone. Nous avons assisté au processus de fabrication des bandes de cassettes. Est-ce qu’autour de nous ici, nous n’avons pas assez de traditions comme ça à préserver ? Voilà toute la problématique. Quand je prends par exemple la région du Tonkpi, il y a l’idée du Gué. Il y a la production du vin de raphia qu’on peut perpétuer. En tout cas notre séjour en Corée du Sud nous a donné une bonne ouverture d’esprit.

Quels souvenirs gardez-vous de ce séjour ?

C’était simplement extraordinaire! Au niveau de la gastronomie ont a découvert culinaire assez particulière avec la consommation privilégiée des mets essentiellement locaux. Ces mets locaux-là entretiennent la santé des populations. J’ai été surpris de voir des personnes du 3ème âge débordés de santé. Ces personnes avec des sacs au dos ramassent des sachets dans la ville. Ils sont mensuellement payés pour ce travail.

Quels sont vos projets à moyen et à long terme ?

Nous voulons d’abord promouvoir ce prix afin d’inviter les personnalités, je veux parler des autorités administratives, politiques, religieuses et même le citoyen lambda à comprendre l’importance des valeurs culturelles et la nécessité de les préserver, de les promouvoir et de les transmettre aux générations actuelles et futures. Il est de notre devoir d’agir ainsi si nous ne voulons pas notre patrimoine disparaisse. Ces autorités doivent comprendre la nécessité de financer la culture. Ce n’est pas une option mais un impératif catégorique. A long terme nous voulons créer un musée sous-régional pour rassembler le peuple Mandé qui concerne le Mali, le Burkina et la Guinée. Nous devrions apprendre à préserver de façon individuelle ce que nous observons dans notre environnement qui peut avoir un lien avec la culture.

Un mot en guise de conclusion.

Je voudrais remercier de façon particulière M. Kamara, Président-Fondateur de cette institution qui a mis toute son énergie, tous ses moyens de Préfet à la retraite dans cette aventure. Aujourd’hui les lauriers sont là pour attester de la justesse de son combat de son engagement pour la culture de son terroir. Nous dédions ce Prix à toute l’Afrique. Je voudrais dire aux africains qu’ils ont une culture et doivent se battre pour la préserver,la promouvoir et la transmettre au risque de disparaître. Si cette culture disparaît cela voudrait dire qu’ils n’ont pas d’histoire et sont condamner à disparaître. Nous devrions préserver notre patrimoine culturel. Cela y va de notre survie.

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