Les chasseurs « dozo »: origine du « dozoya »
Doso est un terme en langue bambara constitué de « do », ce qui entre et de « so », la concession. En d'autres termes, doso veut dire « ce qui entre dans la concession et y reste », en parlant de savoir, de savoir- être et de savoir faire.
Le dosoya (le fait d’être doso) dote l’individu d’une somme considérable de savoirs recoupant presque tous les aspects de la vie (art de la chasse, médecine naturelle, pouvoirs mystiques dont le don d’ubiquité, de métamorphose, d’invulnérabilité aux armes métalliques?) et aussi le respect d’un code de conduite morale et sociale.
Le dosoya existe depuis très longtemps. Pour devenir doso, il faut obligatoirement subir une initiation auprès d’un maître doso. Le postulant au dosoya doit, avant toute chose, informer sa famille de son désir d’entrer dans la confrérie des doso. Ensuite, il formule sa demande auprès d’un grand-maître doso. Cette demande se fait avec douze (12) noix de cola et une poule. Ces offrandes, une fois agréées par les fétiches, le postulant alors prend un bain rituel qui le consacre élève doso. Il est alors placé sous la responsabilité du maître à qui il doit un dévouement et une obéissance inconditionnels. L’enseignement au dosoya est global où sont conjuguées théorie et pratique. La durée de l’enseignement est variable suivant les capacités de l’élève ou la franchise du maître vis- à- vis de son élève.
Quand le maître juge que l’élève a bien assimilé les différents enseignements et qu’il fait montre d’un sens élevé d’intégrité et d’humilité, il le libère et l’autorise à rejoindre les siens après un bain rituel et une séance de bénédictions.
Le dosoya est par essence une éducation. Etre doso signifie respecter de façon rigoureuse les valeurs qui fondent la confrérie. L’essence du dosoya se définit à travers trois (03) aspects principaux :
1- le fondement spirituel de la confrérie : chaque confrérie de doso a à sa tête un grand maître. C’est lui qui détient l’autel de la confrérie (« dankun » ou « frankun »). C’est sur cet autel que sont offerts les sacrifices rituels pour la protection des doso et pour une chasse fructueuse.
2- Les valeurs morales du doso : dans la confrérie doso, l’image que donne le chasseur est déterminant pour le succès de ses entreprises. Le doso doit être un exemple de probité morale pour son entourage. Le dosoya répugne aux vices telles que le mensonge, le vol, la jalousie, la malhonnêteté. Le dosoya est avant tout synonyme de vertu, de respect, respect des anciens et des ancêtres, respect de la hiérarchie, respect de l’autre, observance des codes de bonne conduite et de bonne moralité. Le doso doit avoir un sens très élevé de l’honneur, de la dignité, de la loyauté et de l’humilité.
3- Les savoirs dispensés : chez les doso, le mérite se mesure à l’aune des acquis, des connaissances. A l’élève doso, est donc enseigné l’art de la chasse. Il apprend à chasser. Il apprend quoi chasser, pourquoi chasser, etc? En plus, il est instruit des propriétés de certaines essences végétales car le doso est aussi un « guérisseur ». Il est initié à la médecine naturelle par la connaissance des vertus pharmacologiques des plantes.
Un des signes distinctifs du chasseur doso est son accoutrement. Véritable tenue de camouflage, l’accoutrement du doso se compose d’un bonnet, d’un chemisier, d’un pantalon aux bas étroits. Tous ces éléments sont en cotonnade teints aux couleurs de la nature avec une dominance des tons jaunes et verts. Hormis le pantalon, le bonnet et le chemisier sont souvent piqués d’amulettes, de cordelettes et de morceaux de verre ou de miroir. Ce sont autant de protection contre d’éventuels ennemis et les mauvais esprits qui hantent la brousse. L’accoutrement du doso est son armure. En plus, chose essentielle, il y a son fusil et la queue d’un animal abattu qui lui sert de façon circonstancielle de chasse- mouches. Il est strictement interdit de laver la tenue d’un doso.
La musique dozo
Il existe une musique et des danses particulières aux doso. Les musiciens sont des griots doso qui chantent les louanges des chasseurs, glorifient leurs hauts faits. Généralement ces musiciens jouent du ngoni (sorte de harpe), utilisent des tambours sphériques et une castagnette métallique jouée avec une baguette de même nature.
Des différents rythmes, découlent de nombreux pas de danse. Certains chants sont populaires où tous les doso peuvent danser. Par contre certains pas sont spéciaux et rappellent les démarches de certains animaux sauvages. Seuls les doso ayant déjà abattu ces animaux sont habilités à esquisser ces pas de danse. Au nombre de ces pas, il y a le « lanaya » rappelant la démarche de la panthère, le « sogogbankélé », danse de l’animal à une corne (le rhinocéros). Il y a aussi la danse de l’hippopotame, du buffle, du lion, de l’éléphant…
La confrérie des doso possède aussi des sociétés de masques qui se produisent lors de certaines cérémonies telles que les funérailles. Les têtes de ces masques sont zoomorphes, ils sont vêtus d’une pièce unique en coton. Les masques portent des noms : « Maliène » pour le masque phacochère, « gnumu » pour le masque antilope, « seenu » pour le masque buffle?
Les doso considèrent les animaux de la brousse comme étant le bétail des génies. Pour que la chasse soit fructueuse et pour leur propre protection, ils doivent se concilier ou dominer ces êtres surnaturels qui peuplent la brousse. Si certaines proies sont facilement abattues, pour d’autres il faut prendre beaucoup de précautions sous peine d’être tué ou de devenir fou. Aussi le doso est tenu de respecter strictement et rigoureusement certaines règles quand il abat certains animaux : manière de l’égorger, de couper sa queue, de le vider?
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