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Le travail du métal chez les Sénoufo

Presque toujours regroupés dans des villages ou dans les divers quartiers des villes, les artisans du métal se divisent en trois catégories.

Les fondeurs bijoutiers appartiennent au groupement des Kpembélé (équivalent des Lorho en dioula). Ils sont plus spécialisés dans le travail du cuivre et du bronze. Ils utilisent le cuivre avec la technique de la cire perdue. C’est pourquoi, on découvre souvent en pays sénoufo des ruches cylindriques en vannerie accrochées à tous les arbres. En dehors du miel, on récupère la cire pour tous les fondeurs, qui en utilisent beaucoup. On en fait des galettes que l’on place au soleil avant de les pétrir pour rendre la cire plus malléable. De longs fils très fins sont obtenus en roulant un cylindre de cire sur une planchette lisse au moyen d’une petite spatule en bois bien poli. Le fil est ensuite roulé en spirale. Avec cette technique, les bijoutiers fabriquent des bagues, des bracelets, des pendentifs. Actuellement, ils ont beaucoup de difficultés à se procurer du cuivre, aussi récupèrent ils les vieilles douilles de fusil et les robinets usagés. Ils confectionnent pour les devins, avec de l’aluminium importé ou du cuivre de récupération, des petites figurines votives ou divinatoires qui sont très expressives : animaux mythiques (le caméléon dans les présages est porteur de mauvais message et de la lèpre), petite statuette en forme humaine, aux pieds retournés en arrière, cavaliers appelés bandéguélé. Toutes ces petites figurines permettent aux devins (sandogo) d’interpréter les augures. A Korhogo, les Lorho (Dioula) vivent dans le quartier de K’go, à l’entrée de la ville. Près de Korhogo sont installés aussi des ateliers de fondeurs d’origine Mandé, mais parfaitement intégrés aux Sénoufo depuis des siècles. Ils confectionnent pour leurs cérémonies d’initiation des petits masques de bronze qui imitent curieusement le célèbre modèle sénoufo dit kpéfié. étant plus libres sur le plan religieux que les Sénoufo, ils inventent des variations très modernes avec, par exemple, un clou à la pointe retournée pour suggérer le nez, les yeux étant représentés par deux trous rectangulaires. Ils fabriquent aussi des poignards, des haches de parade. On trouve des masques sénoufo en cuivre en Burkina Faso, à Banfora.

Les forgerons de la région de Dabakala font tous partie d’une caste spéciale (Noumou) à l’intérieur de l’ethnie djimini (agriculteurs Sénoufo). Les Noumou, tous endogames, vivent dans le même village ou dans un quartier réservé. Par exemple, toute la population des villages de Tissele Noumousso appartient à la caste Noumou. Ils sont aussi cultivateurs, car leur production artisanale ne suffirait pas à assurer leur vie matérielle. Ils fabriquent des outils agricoles, des couteaux, des fusils, et ils travaillent aussi le bois, en réalisant les bobines et les peignes des métiers à tisser. Les trois jours consacrés au travail de la forge sont le lundi, le vendredi et le dimanche. Leurs productions sont vendues sur les marchés de Dabakala, le mercredi, et de Finésiguedougou, le dimanche.

La caste des forgerons Sénoufo (Fonombélé) s’occupe exclusivement de la fabrication d’outils agricoles, d’outils ménagers et de quelques objets rituels. Il y a encore quelques années ils n’avaient pas le droit de chercher une femme en dehors de leur groupement professionnel. Mais bien que cette endogamie ne leur soit plus imposée, ils continuent à la pratiquer. Les fils de forgerons sont longuement initiés à leur métier magique. Dans les cérémonies funéraires, le grand masque Kponiougo leur est réservé. Des statues hermaphrodites expriment la double force des artisans du feu et de la terre. Les forgerons qui sont aussi spécialisés dans la sculpture sur bois doivent subir une initiation supplémentaire. La technique sénoufo de la cire perdue est différente de celle pratiquée par les ethnies du Nord. Elle se rapproche de celle des Baoulé. En général, le moule et le creuset sont séparés. On fait couler le métal en fusion du creuset dans le moule, alors que, chez les Sénoufo, le creuset est toujours soudé au moule. A Koni, situé à 15 km au nord de Korhogo, on extrait encore le fer dans des puits très étroits et on trouve encore quelques hauts fourneaux en activité. Mais, très rapidement, le fer de récupération arrêtera sans doute l’activité de ce village, à moins, hélas! qu’on ne maintienne des fours en marche que pour les touristes. Actuellement cinquante artisans forgerons extraient encore le fer et le fondent. La fonte terminée, les lingots (de fonte très impure) d’environ 20 kg sont vendus aux forgerons de la région. A l’Ouest de la Burkina Faso, presque à la frontière de la Côted’Ivoire, il existe un village de fondeurs en activité : Tourni, près des villages sénoufo de Sindou et Kankalaba.

Source: Aide et Action – Ethnies africaines

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