La vie artisanale chez les Dan
Pas de castes professionnelles, pas de spécialisation. La cordonnerie, la teinturerie, le tissage, peu développés dans ces régions, sont pratiqués à peu près uniquement par des artisans Dioula ou des ethnies voisines, mais toutes les autres activités artisanales sont exécutées par les Dan eux mêmes.
Habillement
Une des particularités de l’habillement des Dan des villages isolés consiste en une coiffe confectionnée avec la crinière du colobe noir. Les danses rituelles des Dan sont de véritables ballets. Les fillettes sont spécialement formées pour exécuter des danses sacrées. Elles portent un superbe casque orné de broderies géométriques, garni d’une crinière de plumes blanches; des grelots fixés aux chevilles servent à rythmer leurs danses, accompagnées par un joueur de harpe portant une tunique indigo chargée de gris gris.
Parure
Bijoux de cuivre jaune ou de laiton, gravés de motifs géométriques, anneaux de chevilles spiralisés. Nombreux accessoires de parure pour la danse: armes de parade, bracelets munis de clochettes, casques avec cauris, jupes en cuir brodé, cannes de chef, etc.
Tissage et teinture
Réservés aux artisans Dioula qui fabriquent des pagnes blancs à petites ou grandes rayures bleu indigo, alternées.
Vannerie
Les vanniers sont très nombreux chez les Dan. lis exercent surtout leur activité pendant la saison des pluies au moment où les matières premières sont les plus nombreuses. Ils fabriquent pour des besoins familiaux des paniers coniques en liane et raphia, des tamis pour le riz, des corbeilles en forme de berceau servant à transporter les noix de kola, des nattes servant de rideaux de portes, en forme de lamelles de palmes, brodées avec des fibres de raphia (les plus belles nattes sont faites par une ethnie très proche des Dan, les Toura, dans la région de Zala). Ils font aussi des fauteuils et des sièges en bambou et liane, des pièces de vannerie aux formes coniques très belles.
Il faut aussi citer leur ponts de liane, véritable architecture en vannerie.
Cuir
Le travail du cuir est réservé aux artisans étrangers, sauf pour la réalisation des jupes en cuir brodé, qui servent pour certaines danses sacrées.
Travail du métal
Les bijoutiers orfèvres Dan utilisent la cire perdue (ils ont dû apprendre cette technique des Baoulé). Ils réalisent des statuettes en bronze figurant des scènes de la vie quotidienne : une femme allaitant, un homme battant du tambour, un danseur masqué, etc. Ces statuettes ont un caractère profane et sont vendues maintenant aux touristes.
Bijoux en bronze, très finement travaillés (motifs linéaires, ainsi que des représentations d’hommes ou d’animaux).
Travail du bois
Le possesseur du masque qui est toujours un homme soit le commande à un artisan qui travaille sous les ordres d’un prêtre (chef religieux qui peut établir le contact entre l’homme et le devin) soit l’obtient en héritage de son père.
Il existe deux utilisations des masques : ceux qui appartiennent à un rang plus ou moins élevé dans la hiérarchie du Poro, qui sont craints (le masque ayant toujours un caractère religieux ou social particulier) et ceux qui ne servent que dans les divertissements de la communauté (masque de singe jouant le rôle de bouffon, masque de juge, de policier, de mangeur de riz, etc.)
Le centre de cette production se trouve chez les Dan et leurs voisins Guéré Wobé, dans les régions de Dan et Danané, unis par le culte du Poro.
Dans la région de Danané, les différents styles (Dan, Guéré) s’interpénètrent et le jeu des influences réciproques a produit des créations prodigieuses. Les formes arrondies des masques Dan se combinent aux formes cubiques des Guéré. Les deux styles « classiques » les plus caractéristiques peuvent être illustrés par deux masques :
Dan: « la mère des masques », porté par les danseurs montés sur de grandes échasses. Ce masque, d’un ovale très pur, figure un visage féminin idéalisé, front légèrement bombé, nez droit, lèvres fines sensibles, yeux mi clos en amande, donnant l’expression d’une grande sérénité, et patine noire foncée toujours très belle, obtenue par un bain de boue.
Ce masque type, d’une très grande variété, symbolise la Mère primordiale et féconde, qui apaise les querelles, protège les femmes enceintes et les nouveau nés. Bouche ouverte en losange, laissant apparaître les dents, lamelles de fer blanc appliquées en bordure de l’oeil, etc.
Guéré: à l’opposé, le masque de type Guéré, appelé tégla, est abstrait, terriblement agressif et inquiétant. Le front, les oreilles. les yeux, le nez, la bouche sont évoqués par des tubes, des cones. des demi lunes rehaussés d’une profusion d’ornements variés : douilles de cartouches pour collerettes, moustaches et barbe de fibres noires, plumes, clochettes, objets métalliques. Ce masque joua un rôle politique. Masque de guerrier pour effrayer, il annonçait aussi l’avenir pendant les guerres, et y mettait fin.
Le sculpteur sur bois Dan réalise quelques statues féminines, bras le long du corps, dont le visage ressemble à « la mère des masques ». Il sculpte les grandes cuillères anthropomorphes à riz, po, utilisées uniquement pour la distribution du riz pendant le festin rituel, terminée par une tête à long cou, où le manche évoque les jambes. et le creux de la cuillère la tête.
Le sculpteur fabrique aussi les tablettes mankala utilisées pour le jeu, composées de deux rangs parallèles de trous; les deux faces sont ornées de motifs géométriques gravés. A chaque extrémité, une tête d’homme ou d’animal.
Les petits masques ma sont des répliques en miniature (environ 10 cm) des masques dan, travaillés en bois ou en pierre. Ils servent d’insignes aux membres initiés de la société Poro, et aussi comme amulette protectrice.
Les artisans fabriquent aussi des pilons à riz ou à tabac ornés de têtes, des sièges pour les circoncis, des chaises en bois et paille de riz, des harpes dont le résonateur fait d’une calebasse est orné de dessins géométriques en cuir. Citons aussi le tambour monoxyle à fente (qu’on ne trouve que chez les Dan et les Baoulé), les grandes trompes (truta) en ivoire sculpté, appartenant aux chefs.
Poterie
Poterie en terre rouge assez grossière réalisée souvent par des hommes, ce qui est rare en Afrique
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