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Le patronyme Kéïta, Koéta, Koïta ou Kweta

Le nom de clan Kéïta est un Patronyme d'origine Malinké que l'on retrouve essentiellement chez les communautés mandé (Bambara, Soninké, Marka ou Dafing) et voltaïques (Bwa et Minyanka). Ce nom Kéïta serait étroitement lié à Soundjata Dans l'histoire du Mandé, les Kéita seraient à l'origine des Konaté.

Transcription du nom Kéïta

La simple transcription du nom de ce clan donne lieu à plusieurs possibilités que d’ailleurs les usagers ne justifient pas toujours. Ainsi, les communautés mandé. ont retenu presque partout la transcription «Kéita» retenu sous la colonisation. Ce nom de clan est transcrit presque partout chez les Bwa du Dahan – tun, par ‘Ueta alors que les Duwéna dans leur dialecte ajoutent le «k» devant les voyelles aspirées des Dahan – sio., ce qui donne Kweta (Koïta, Koéta ou Kuéta) ou Kéita. Ce nom de retrouve sous la forme «Koïta» ou même «Goïta» dans le monde Minyanka. Par commodité nous allons user simplement de la transcription Kéita.

Histoire et signification de clan Kéïta

L’histoire part de Mamady Kani Konaté qui était un chasseur, comme tous les premiers rois du mandingue.. Il était considéré comme un très grand chasseur, dompteur de fauves et guérisseur des hommes et des animaux. Il inventa le simbo ou soumbo, sifflet de chasse : à l’aide de ce dernier il entrait en communication avec les génies de la brousse. Ses disciples étaient nombreux qu’il les réunit pour former une grande armée redoutable. Grâce à son armée, il devint roi d’un vaste pays qui s’étendait depuis Sankarani jusqu’au Bouré.

Il eut quatre fils : Kani Simbo, Kanignogo Simbo, Kabala Simbo et Simbo Bamari Tagnogokelin. Ils étaient tous initiés à la chasse, ce qui leur valut le titre de Simbo.

Simbo Bamari eut pour fils Mbalinéné, qui eut pour fils Bello Bakon ou Fakon, qui eut pour fils Naré Maghan Kon Fata Konaté dit Frakro Maghan Keïgni ou Maghan, le père de Soundjata.

Une première explication du nom de famille Keita

«Après la mort de Mamady Kani Konaté, c’est son fils aîné qui lui succéda. Les gens du pays et des autres royaumes surnommèrnt ces descendants : «keyeta», c’est-à-dire les «héritiers», qui est devint le nom de famille Kéïta. Ainsi, le nom Kéïta équivaut à celui de Konaté».

Une deuxième explication, selon la tradition orale :
«Soundiata Kéïta était le seul rescapé des douze fils du roi du petit royaume mandingue (Maré Maghan Kon Fata Konaté) tué par Soumaroro (ou Soumangourou) Kanté, le roi forgeron du Sosso. Soumaroro laisse la vie sauve au petit Soundjata, car celui-ci était paralytique. Mais, le jour de ses 7 ans, n’en pouvant plus d’être la risée de la cour, Soundjata plia une barre de fer pour en faire un arc et acquis une force étonnante. Craignant pour sa vie, il dut s’exiler et décida, avec ses alliés, de combattre Soumaroro qui avait enlevé sa sœur.

Une nuit, la sœur de Soundjata réussi à percer le secret de l’invincibilité de Soumaroro Kanté. Ainsi, quand un jour de 1235, les armées des deux adversaires se trouvèrent face à face, Soundjata tendit son arc et frappe à l’endroit précis de l’épaule de Soumaroro indiqué par sa sœur. Soundjata assura, ensuite sa victoire en s’emparant des régions riches en or de Ghana dont il fit son vassal.

Le diamou ou nom de famille Kéïta (prononcé Kéta, de Ké = succession et ta = prendre, en malinké) aurait été créé en faveur de Soundjata depuis le jour de la défaite de Soumaroro ou Kanté en 1235 à la bataille de Kirina.

«Kéta, lui a-t-on crié, prends la succession des empereurs du Mandingue ; elle te revient de droit car, fils de Prince tu as sauvé ton pays d’un asservissement qu’il n’avait jamais connu depuis que le soleil luit.»

Les lignages Kéïta ou Koéta Bwaba

Nous avons répertorié 29 lignages, soit 13 fondateurs et 16 non – fondateurs. Il faut leurs associer 17 lignages de gens de castes (4 de griots et 13 de forgerons). En termes d’inscription territoriale, ils sont plutôt absents Duwé- tun à part quelque unités dispersées. Ils sont concentré dans le Dahan- tun (partie sud du Pays bwa du Mali. Elle a comme village de référence le village de Mandiakuy (Manzan’ui en dialecte dahan, dialecte de la région)), le Sun – wa ( Sun / frontière et wa/ sur = sur la frontière. Ce sont les villages situés autour de la frontière Mali/ Burkina).

Leur nom composé est Wagnun – sio. Leur totem principal est le baho/ l’écureuil fouisseur appelé aussi rat palmiste, mais aussi le grillon (kanbo), le crapaud (hanbun), l’éléphant blanc (sama- fomu) ou encore le boa (domu).

1. Origine et migration des lignages fondateurs de villages

Les lignages Kéïta fondateurs de villages indiquent trois origines à partir desquelles, ils se seraient dispersés : Kangaba (petite ville au nord – est de Bamako après Koulikoro quand on va vers Nyamina. Ce sont des Bambara qui y habitent); le pays minyanka (leurs ancêtres sont partis de Toura près de Diéli) et le Burkina Faso (villages bwa de Sénoulo, et Bara dans l’actuelle commune de Djibasso). Cela permet de conclure que ce clan n’est pas homogène car, si certains se disent typiquement Bwa, d’autres se disent Minyanka ou Mandé (rattaché à Soundjata Kéïta) à l’origine.

– Les Kéïta originaires de Kangaba

selon la tradition de Kénné : «Ces Kéïta auraient quitté Kangaba près de Bamako pour venir dans le pays bwa. Arrivée sur place, un groupe est parti fondé Maréna( commune de Koumbia, cercle de Yorosso, région de Sikasso), un autre est parti à Bara (commune de Djibasso au Burkina Faso, où ils portent le patronyme Koéta) et le troisième a fondé Kénné ( commune de Mafounè). Ces Kéïta seraient de la branche parentale de Soundjata Kéïta, envoyés pour raccompagner les combattants Bwa, ils se sont plu au pays et sont restés.

En effet, des traditions populaires véhiculent l’épisode des archers bwa au côté de Soundjata Kéïta contré Soumaroro Kanté au XIIIème siècle.

La tradition orale dit que ce sont les Koéta (ou Koïta) de Bara qui seraient à l’origine de la fondation de Kira dans la même commune. Elle dit ceci : «A un moment, les choses se sont compliquées, alors, certains ont quitté Bara pour Kira». il est intéressant de noter que l’on retrouve les mêmes toponymes dans la commune de Safrané dans le dafina burkinabè. En effet, on a le village de Bara fondé par des Koté et de celui de Kira fondé par des Séré.

Les Kéïta de Sanda (Sara / commune de Mafounè), qui est à quelques kilomètres à l’est, sont originaires de Kénné où ils portent le patronyme Kéïta. A la suite d’une discussion autour de l’enfant de la femme d’un marabout qui passait près du village, il a été dispersé. En effet, les gens voulaient savoir si l’enfant pouvait manger dans le sein de sa mère enceinte. Ils ont donc fini par tuer la femme après lui avoir donné à manger pour clore le débat. Le mari, un marabout, à monter le village et les gens se sont dispersés.

– Les Kéïta fondateurs originaires du pays minyanka

Les fondateurs Kéïta des villages de Makuy (Ma’ui/ commune de Koula, encore appelé Masso) et Sialo (commune de Mafounè) , revendiquent une appartenance Mandé, alors que leurs ancêtres sont partis de Toura près de Diéli en pays minyanka.selon la tradition de Sialo, leurs ancêtres se sont d’abord installé à Kanian, mais les relations se sont détériorées et ils sont allés fonder Sialo. Mais, «nous sommes des Mandekaw», disent-ils, malgré leur itinéraire migratoire en pays minyanka. Les Kéïta de Makuy dans le Bwo – wa avouent qu’ils sont Minyanka, tout en ne sachant pas comment et quand ils seraient devenus Bwa.

– Les Kéïta fondateurs originaires du pays bwa

Les Kéïta fondateurs de Kira (commune de Mafounè) affirment venir de Sénoulo (Sénoulo / commune de Djibasso) au Burkina Faso en précisant que leur site d’origine est derrière le fleuve / mu béné. Ceux de Sira (commune de Mafounè) sont venus d’un site abandonné appelé Sara.

Les Kéïta (wan – sio) de Mandiakuy ( Manzan’ui / commune de Mandiakuy) sont venus d’un site abandonné Dorikouré entre leur village et Manina (commune de Bénéna). Ils ne précisent pas toujours leurs origines et identités lointaines, se contentant de se déclarer des Bwa. Cette version, aujourd’hui apocryphe par rapport à l’histoire officielle transmise de bouche à oreille n’a pas cours. Une certaine censure empêchent cette hypothèsede se développer puisqu’elle fait de l’ombre à ceux qui sont considérés comme les premiers occupants (les Dakouo).

Du côté Burkinabè, les lignages fondateurs sont ceux de Kourkuy (commune de Doumbala), Bara, Kira, Diékuini (commune de Djibasso). Ils seraient tous d’origine Bwa.

2 – Les lignages Kéïta non – fondateurs de villages

Certains de ces lignages sont arrivés directement de villages fondés par leurs parents. D’autres au contraire ont intégré des villages déjà fondés par d’autres lignages en venant de diverses directions. Ceux de Panani (commune de Mafounè) Viennent de Bogo (commune de Bomborokuy) ainsi qu’un lignage de Mandiakuy), tous du Burkina Faso.

D’autres lignages, enfin, Viennent soit de villages toujours actuels, soit de sites abandonnés situé au Mali. Ces lignages Kéïta dans les villages ne jouent pas de rôle important en général. Au mieux, le lignage peut avoir la responsabilité de culture de «Do» dans le cas où il est arrivé en seconde position dans le village. C’est le cas à Batchirikuy (Baciri’ui) et Hénékuy dans la commune de Bénéna. C’est par exemple ce qui est arrivé à Fora (Fura/ commune de Koula). Les Kéïta sans arriver en 3e position, mais comme en quittant Manyan ils avaient déjà le «Do», les gens de Fora leur ont demandé de rester avec eux. Dans ce village les Kéïta se disent Minyanka et en comme une sorte de tissu bicolore noir/ blanc ou encore la boue. Les Kéïta de Touba (2 lignages) / comamune de Diora sont venus l’un de Farakuy (commune de Nouna) et l’autre de Sari – gnun un site abandonné au sud du village. L’un est dit formé de fara wobé / Peul esclaves et l’autre de Mandekaw/ habitants venus du Mandé.

Les Kéïta non fondateurs de Kouma, Bora (commune de Yasso), Yabara (commune de Koula) , Doui (commune de Mandiakuy) Mayoro (commune de Diora) et Mariolo ( commune de Mafounè) sont des Minyanka qui sont devenus des Bwa aujourd’hui. En effet, dans leurs migrations du Nord vers les Sud les Minyanka n’ont pas évacué le pays comme un seul homme. Certains ont dû rester et ce sont mélangés aux Bwa formant la communauté bwa d’origine Minyanka dont certains Kéïta ne sont qu’une infime partie. Comme l’ecrit B. de Rasilly, les Minyanka descendent vers le sud à la recherche de terres plus fertiles s’assimilent Bwa conservant leurs noms traditionnels ou en changeant.
on trouve également des Koéta dans les villages de Karékuy et Saint Martin (commune de Doumbala) Ouarakuy (commune de Djibasso).

3. Les Kéïta gens de caste

Les Kéita forgerons ont des lignages dans les villages de Mayoro (commune de Diora) Konsakuy (un club commune de Fangasso), Kio (commune de Bénéna), Kiko, Kénné (commune de Mafounè), Bienso (la commune de Niasso, cercle de San), Touba (commune de Diora), Borokuy (commune de Mafounè), Kian.

Les griots eux sont dans les villages de Kénné, Kio, Panani (commune de Mafounè)

Les lignages Kéïta ou Koéta du pays Bobo

En pays bobo le village de Tangouma (commune de Balavé) , a été fondé par des Koéta d’origine Bwa qui ont opté pour l’appartenance bobo, bien que restant en relation avec leurs parents Bwa.
Au nord – Ouest du pays bobo, un autre clan d’une ancienne origine Marka, celui des Koéta Latakôma (Lion) qui a fondé Déré et dont les lignages se trouvent à Kiébani, Bougoura, Kogoué (commune de Fô), Kouroumani (commune de Kouka) et Priwé (commune de Sami).

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