×

Le peuple Dida

Les Didas sont une population d'Afrique de l'Ouest vivant au sud-ouest et au centre-sud de la Côte d'Ivoire. Ils sont autochtones des localités de Divo, Lakota, Hiré-Ouatta, Guitry, Fresco, Sassandra, Guéyo, Vavoua (tribu Sokya), Zikisso, Yocoboué, Lauzoua, Gagnoa (avec le canton Guebié), Grand-Lahou et Jacqueville (la tribu Ahizi plus le clan Lêlou qui parle le Dida). Ils font partie du groupe ethnique Krou. On compte plus d'un million d'âmes.

Langues
Ils parlent le dida, langue krou, déclinée en plusieurs variétés, variantes ou dialectes, dont le Djiboua, le Gôgnoa, le Guebié, le Godié, le Vatta, le Neyo, le Zikié, le Sokya, le Goudou, le Kodja, le Koboua, le Gah, le Laboua, Koboua, le Lôgragnoa, le Abo, le Zedié, le Tigrou, Gnéhiri, Ménéhiri, Yocoboua, Lêlou, Diéko, etc.

Histoire

Origine
Les Didas, comme tous les peuples krou de la Côte d’Ivoire et du Liberia, viennent de la vallée du Nil, plus précisément de l’Éthiopie. Ils se sont installés en Côte d’Ivoire au xie siècle, d’abord sur le littoral ivoirien dans les régions de Fresco et de Sassandra pour pratiquer la pêche. Devenus plus nombreux, ils agrandissent leur territoire dans la forêt. Le plus grand nombre d’entre eux optent pour la chasse et la cueillette. Ils pénètrent donc dans les forêts de l’ouest et du sud de la Côte d’Ivoire, à l’image des Bété avec qui ils ont les mêmes ancêtres : les Magwé. Les Didas pénètrent alors les régions de Divo, Hiré-Watta, Lakota, Guitry, Zikisso, Guéyo et Gnagbodougnoa. D’autres Dida progressent à l’est du littoral ivoirien sur l’île de Lauzoua, les localités de Yocoboué, de Grand-Lahou et de Jacqueville, notamment la tribu Ahizi.

Le canton Guebié de Gagnoa
Les Didas de Lakota connurent une scission qui entraîna le départ d’un groupe de mécontents vers Gagnoa. Ils firent là-bas la rencontre des Bétés qui les accueillirent à bras ouverts. Les Bétés se mirent à construire des maisons en banco pour les installer ; cependant, face à l’afflux de nouveaux arrivants, les Bété embarrassés ne cessèrent de répéter « Gabié », ce qui veut dire : « Les lianes sont finies » – car les lianes dont ils se servent pour construire des maisons en banco commencent à manquer. L’histoire suivant son cours, le terme « Gabié » est devenu « Guebié » par déformation. C’est aujourd’hui le canton Guebié de Gagnoa, où l’on pratique toutefois un dialecte et des us et coutumes identiques à ceux des cantons Deboua et Opareko de Lakota. Le canton Guebié de la sous-préfecture de Gnagbodougnoa (département de Gagnoa) est donc Dida : ce sont des Didas de Gagnoa.

La tribu Ogbrougbrou ou Gbrougbrou
Des tribus didas, notamment les Ogbrougbrou ou Gbrougbrou, vont se métisser aux peuples lagunaires venus du Ghana pour former certains peuples Kwa lagunaires : les Adioukrou, Alladjan, Ahizi, Avikam, Ebrié… Il s’agit en fait de peuples de métissage Dida-krou et Akan.

La tribu Sokya de Vavoua
Plus tard, certains Didas quittèrent le village de Kagbéla dans la région d’Hiré Watta pour s’installer à Vavoua. À l’origine de ce départ, Soky, un orphelin élevé par son oncle, qui s’était senti trahi lorsque celui-ci avait donné à son fils la femme qui lui était destinée. Ce fut l’élément déclencheur, car Soky, mécontent, traversa alors avec certaines personnes qui le soutenaient tout le pays Bété pour s’installer à Vavoua au pays Gouro. Ils y opposèrent une guerre meurtrière aux Gouro pour s’installer définitivement. Ils forment aujourd’hui la tribu Dida de Vavoua qu’on appelle les Sokyas ou les Kouyas, ou encore les Sokouyas.

La résistance coloniale
Les Didas ont opposé une résistance farouche à la pénétration coloniale française jusqu’en 1918. Ils n’ont pris part à l’économie de marché qu’après la Seconde Guerre mondiale, lorsque l’agriculture commerciale a remplacé peu à peu l’agriculture vivrière dans la région

Culture
Le pagne Dida fait à base de raphia est utilisé pour la confection de la tenue traditionnelle Dida et divers accessoires culturels

Le Djaka Festival est un festival des arts et culture du peuple dida qui se tient chaque année en pays Dida.

L’alloukou est une danse traditionnelle dida qui est effectuée par les hommes avec un morceau de pagne attaché à la taille au rythme des instruments de musique traditionnels.

L’agbagningnin est une danse de réjouissances pratiquée par des jeunes au clair de la lune, anciennement à l’occasion d’une bonne récolte ou après les tournois de foot inter-villages de nos jours. La danse est très animée avec des tam-tams et autres instruments de musique traditionnelle.

Le gbako est une hotte traditionnelle porté par la femme âgée dida pour les travaux champêtre. Un symbole du peuple Dida est d’ailleurs la représentation d’une femme avec une hotte au dos au rond-point du quartier Bada de la ville de Divo.

Le gnigbéli-lokui est le pagne de la tenue traditionnelle dida, fait à base de raphia.

Le kôdê est un pagne traditionnel dida fait à base d’écorce d’arbre tapée et séchée, qui s’avère très pour efficace pour protéger contre les épines et le froid (les Didas peuplent la forêt tropicale et humide)..

Alliance
Le peuple Dida, bien qu’il sache se montrer guerrier à l’occasion, est réputé pour son pacifisme et sa diplomatie. Les Opajdjilés, guerriers chasseurs, effectuaient de longues distances dans la forêt sombre et humide à la recherche de gibier. Ils y côtoyaient de nombreux peuples, ce qui enclenchait parfois des conflits qui finissaient par aboutir à un pacte de paix et non-agression appelé toupkè. Les principaux alliés des Didas sont :

Abbey (Agboville) ;
Akyé (Adzopé) ;
Abidji (Sikenci) ;
Adioukrou (Dabou) ;
Avikam (Grand-Lahou) ;
Alladjan (Jacqueville) ;
M’batto ou Kwa (Alépé) ;
Abouré (Bonoua) ;
N’Zima ou Appolo (Grand-Bassam) ;
Ebrié ou Atchan (Abidjan) ;
Ehotilé ou Bétibé (Adiaké) ;
Wané (Monogaga)
Baoulé kôdê (Béoumi) ;
Kroumen (Sanpedro) ;
Bakwé (Méadji) ;
Krobou (Agboville).
Il faut noter que l’alliance entre les Didas et les Abbeys occupe une place importante voire sacrée.

Coutumes

Les naissances
Chaque naissance est signe de bénédiction, de joie et promesse de bonheur pour la famille et toute la communauté. Le choix du nom de l’enfant se fait par la famille proche. Le prénom porte une signification ou reprend le nom d’une personne importante pour la famille.

Il peut arriver que la naissance d’un enfant soit placée sous la tutelle d’un ancêtre à la suite de manifestations et de visions à ce sujet. L’enfant prend alors pour prénom le nom de cet ancêtre. Dans ce genre de cas, on considère que l’enfant est sous la protection de l’ancêtre ou même qu’il est sa réincarnation.

Les mariages
Chez les Didas, le mariage passe par plusieurs phases. La première phase consiste en la désignation du futur conjoint. Après un accord préalable entre les deux parties, le futur époux envoie un ami vers les parents de sa fiancée ; cet intermédiaire est chargé de donner un cadeau symbolique à la jeune femme pour lui montrer l’amour de son prétendant. Le cadeau est le signe et la preuve de leur future relation, et la fiancée peut à ce titre le montrer à ses parents et à ses amies en guise de preuve de la relation. L’ami qui sert d’intermédiaire est un lien entre les deux amoureux : avant l’arrivée du futur époux, c’est lui qui le présente à la famille de la mariée. Pour que les parents acceptent cette union, le futur marié doit avoir une bonne réputation et le messager doit confirmer la personnalité convenable et vertueuse de prétendant. Il arrive que la famille envoie des espions pour vérifier ce que dit l’intermédiaire. Enfin, une fois ces étapes franchies, le prétendant peut se présenter avec ses parents pour la dot et le mariage.

Les décès
En pays Dida, il y a un processus à suivre par rapport au décès d’une personne. Il y a trois grandes étapes : le constat, l’annonce du décès et le louboutété. On constate d’abord le décès de la personne. On annonce ensuite à la famille proche dans de bonnes conditions. L’annonce du décès se fait après le conseil de famille pour se concerter sur le décès du défunt. Des envoyés se rendent ensuite chez les amis du défunt pour leur annoncer la nouvelle. Le défunt sera enterré un mois après son décès pour laisser le temps à ses amis et à sa famille de se préparer. Le jour des obsèques un repas mortuaire est servi. Il est considéré comme étant le dernier repas du mort. Le louboutété, qui est le conseil de famille, se réunira de nouveau, cette fois pour régler toutes les affaires concernant le défunt afin que plus rien ne le lie au monde physique ; ainsi, ses dettes sont réglées et ses affaires récupérées.

Croyance et religion
Pour les Didas, le défunt ne meurt pas vraiment, mais passe dans le monde des esprits. Pour eux, lorsqu’une personne décède, elle n’est pas vraiment morte, juste absente. C’est cette forte croyance qui les pousse à faire un dernier repas en son honneur. Les Didas ont une religion monothéiste ; ils considèrent qu’il y a un Dieu au-dessus de tous, un genre de grand chef, et pensent que les défunts deviendraient après leur mort ses serviteurs voire pour certains ses notables. C’est l’une des raisons pour lesquelles ils se tournent spirituellement vers les ancêtres, qu’ils considèrent comme plus accessibles. À cette fin, ils passent par des fétiches représentant un lien entre le monde des esprits et des vivants. Avec l’arrivée des colons et des missionnaires, le peuple Dida s’est converti de gré ou de force à la religion chrétienne ; néanmoins, certains rituels anciens sont encore pratiqués de nos jours.

Les derniers articles

  • Les Ehotilé ou Bétibé

    A travers les Sous-Préfectures d'Adiaké (Adiaké, Assomlan, Eplemlan, Etuessika, N'Galiwa, Mélékoukro, Adiaké-Kakoukro...) et d'Etuéboué (Abiaty,…

  • Le mariage Malinké

    Le mariage reste un événement central dans la reproduction des structures familiales en pays Malinké.…

  • Les Niaboua ou Nyabwa

    Des révélations de M. Alfred Schwartz (cet européen anciennement au Centre ORSTOM-Sciences humaines de Petit-Bassam),…