×

Le refroidissement des bâtiments : une opportunité pour la croissance verte ?

Les bâtiments en zones urbaines, périurbaines et rurales représentent environ 40 % de la consommation énergétique

Le secteur de la construction consomme jusqu’à 40 % de l’énergie et contribue jusqu’à 1/3 des émissions annuelles mondiales de gaz à effet de serre. L’utilisation de climatiseurs et de ventilateurs représente près de 20 % de l’électricité totale utilisée dans les bâtiments du monde entier [1]. Sur les 35% de la population mondiale vivant dans les pays ayant un climat considéré comme chaud (où la température quotidienne moyenne >25 °C), seul 10 % possède une unité de climatisation [2]. L’amélioration du niveau de vie, la croissance démographique et les occurrences de vagues de chaleur (dues au réchauffement climatique) devraient stimuler une demande de refroidissement sans précédent au cours de la prochaine décennie. Le nombre de climatiseurs installés pourrait augmenter des deux tiers d’ici à 2030 dans le monde. En effet, selon la première partie du 6ème rapport du Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat (GIEC), les augmentations des événements d’extrêmes de chaleur devraient très certainement se poursuivre tout au long du 21ème siècle avec un réchauffement climatique supplémentaire sur le continent africain [3].

L’augmentation de la demande d’énergétique pour le refroidissement des bâtiments a un impact sur la capacité de production et de distribution d’électricité, en particulier pendant les périodes de pointe et les épisodes de chaleur extrême ainsi que sur les émissions de CO2. Les émissions de CO2 provenant du refroidissement des espaces de vie sont corrélées aux besoins énergétiques et augmentent rapidement, plus d’une gigatonne entre 1990 et 2019. La figure montre les projections réalisées de l’Agence Internationale de l’Energie (AIE) sur les variations de consommations d’énergie dans le bâtiment en utilisant un scénario de transition énergétique rapide entre 2017 et 2050. Les mesures relatives à l’amélioration de l’enveloppe, aux choix technologiques et la performance des équipements sont les trois leviers de mitigation et d’adaptation les plus pertinents pour réduire la demande énergétique des bâtiments et par conséquent de limiter les émissions de dioxyde de carbone.

Initiative sous régionale,

Les bâtiments en zones urbaines, périurbaines et rurales représentent environ 40 % de la consommation énergétique totale des états membres de l’Union Economique et Monétaire de L’Afrique de l’Ouest. Les enjeux de la consommation énergétique et les changements climatiques ont conduit à la mise en place de politiques et de règlementations. La commission de l’UEMOA a adopté en 2020 les directives N° 0004/2020/CM/UEMOA et N° 0005/2020/CM/UEMOA à travers le Programme Régional d’Economie d’Energie (PREE), composante clé de l’Initiative Régionale pour l’Energie Durable (IRED). La directive N° 0004/2020/CM/UEMOA est relative à étiquetage énergétique des lampes électriques et des appareils électroménagers neufs et la directive N° 0005/2020/CM/UEMOA fixe les mesures d’efficacité énergétique dans les bâtiments de la sous-région. Ces mesures d’efficacité énergétique permettront de réduire la consommation énergétique du secteur dans des proportions significatives (20 % ou plus), et de se positionner au cœur des politiques d’accès aux services énergétiques, et de préservation de l’environnement selon l’UEMOA. La mise en œuvre est en cours à l’échelle des états à travers les phases de transposition en textes nationaux. Concernant le Burkina Faso, la phase de transposition des directives en textes nationaux est en cours, avant la phase de mise en œuvre effective.

Contexte du Burkina Faso,

Le taux d’urbanisation jusque-là, faible augmente rapidement et les besoins en nouveaux bâtiments sont élevés. A cette urbanisation rapide, on peut noter l’insuffisance de certaines technologies locales à répondre aux besoins socio-culturels, et qui a conduit à l’adoption de technologies de construction sans prise en compte systématique du contexte énergétique et climatique. Le besoin en refroidissement des bâtiments est en constante augmentation, et est lié à l’urbanisation croissante (32 % en 2018, devrait atteindre 35 % d’ici à 2026), au secteur immobilier en développement (7,5 % par an) [4], à l’augmentation des revenus et à l’amélioration de la couverture électrique. En comparaison par rapport à la période 2011-2015, les importations d’équipements de climatisation ont subi une croissance de 26.5 % pour la période 2016-2020 selon les données de Direction Générale de la Douane du Burkina Faso. Le marché est caractérisé par des équipements inefficaces sur le plan énergétique et principalement dominé par des unités de climatisation avec des compresseurs à vitesses constantes. A l’instar des autres pays de la sous-région, le pays ne dispose pas suffisamment d’instruments de régulation et de contrôle des marchés permettant d’éviter les importations des équipements énergivores utilisant des technologies obsolètes comme des réfrigérants à fort Potentiel de Réchauffement Global (PRG).

Les espaces urbains présentent deux aspects quand il s’agit de la consommation énergétique. Dans certaines franges de la société, les revenus sont assez élevés, et la consommation d’énergie est élevée due à l’utilisation d’équipements énergivores et aux constructions inadaptées. Pour les autres franges, qui constituent une grande part de la population, les modes de consommation sont faibles. Dans le domaine du bâtiment, cela se manifeste par une forte consommation énergétique dans les bâtiments publics et dans le résidentiel des classes privilégiées pour le refroidissement. Les classes moins nanties font face à des ambiances en inconfort thermique, car les bâtiments sont évolution libre.

Le Gouvernement et les partenaires au développement ont reconnu la nécessité de se préparer et s’adapter aux impacts du changement climatique à travers l’élaboration des Contributions Déterminées au niveau National (CDN) et dans le Plan National d’Adaptation. Dans le CDN, les besoins en refroidissement écoénergétiques, sont considérés à travers la promotion de matériaux d’enveloppe du bâtiment et l’efficacité énergétique tant dans l’habitat urbain que rural.

C’est dans ce contexte que le Global Green Growth Institute (GGGI) dans ses missions d’accompagnement du Burkina Faso dans l’accélération d’une transition vers la croissance verte, en partenariat avec le Clean Cooling Collaborative, s’active dans la mise en œuvre du projet « d’Efficacité Energétique et de Rafraîchissement des Logements Sociaux ». L’objectif global est de réduire la demande énergétique et d’améliorer l’efficacité énergétique dans le secteur du logement. Les principaux résultats sont les suivants :

Renforcer la prise en compte de l’efficacité énergétique dans le bâtiment dans l’environnement réglementaire du Burkina Faso.
• Améliorer la mise en œuvre des Normes de Performances Energétique Minimales (NPEM), pour les équipements de climatisation et de ventilation ;
• Mettre à jour les politiques, codes, et textes nationaux du logement et de l’urbanisme en prenant en compte l’efficacité énergétique.
Renforcer les capacités de mise en œuvre de solutions de rafraîchissement dans le secteur du bâtiment.
• Rassembler les acteurs du secteur de la construction sur la thématique du rafraîchissement écoénergétique dans un cadre formel sous une forme de communauté de pratique ;
• Organiser des sessions de sensibilisation sur l’amélioration des performances énergétiques des bâtiments ;
• Développer des programmes de formation sur l’efficacité énergétique dans le bâtiment ;
• Intégrer les solutions de rafraîchissement et la démarche bioclimatique dans les programmes publics de logements sociaux au Burkina Faso.
Accroitre la demande en solution de rafraichissement efficace dans le secteur résidentiel.
• Mener des campagnes de sensibilisation à l’échelle nationale sur le rafraichissement passif des logements ;
• Améliorer l’accès aux solutions financières à destination des projets d’efficacité énergétique dans le secteur du bâtiment.
GGGI travaillera en étroite collaboration avec le gouvernement du Burkina Faso et ses partenaires locaux pour réduire la demande d’énergie et améliorer l’efficacité énergétique dans le secteur du logement. Grâce à ce projet de trois ans, GGGI aidera le gouvernement à réduire les émissions de GES provenant du secteur du bâtiment, en augmentant l’accès au refroidissement dans le résidentiel.

En rappel, l’Institut Mondial pour la Croissance Verte (Global Green Growth Institute – GGGI) est une Organisation Intergouvernementale à laquelle l’Etat du Burkina Faso a adhéré. Il a son siège à Séoul, en Corée du Sud et accompagne les Etats Membres dans l’accélération de leur transition vers la croissance verte. Le développement des villes vertes, y compris la promotion des bâtiments verts, constitue l’un des quatre piliers de ses interventions, dans ses Etats-Membres.

Les derniers articles

  • Les Ehotilé ou Bétibé

    A travers les Sous-Préfectures d'Adiaké (Adiaké, Assomlan, Eplemlan, Etuessika, N'Galiwa, Mélékoukro, Adiaké-Kakoukro...) et d'Etuéboué (Abiaty,…

  • Le mariage Malinké

    Le mariage reste un événement central dans la reproduction des structures familiales en pays Malinké.…

  • Les Niaboua ou Nyabwa

    Des révélations de M. Alfred Schwartz (cet européen anciennement au Centre ORSTOM-Sciences humaines de Petit-Bassam),…

Actualité

Facebook