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Interview / Jean Michel Légré ( Coordonnateur du comité de concertation catastrophes environnementales du Gboklê ):  » Nos populations ne veulent pas être abusées… « 

Depuis quelques semaines, un projet d’exploitation de minerais par la société Global Industries dans la la région du Gboklê suscite une levée de boucliers de la part des populations. Jean Michel Légré, fils de la région et par ailleurs coordonnateur du comité de concertation catastrophes environnementales du Gboklê qui a sillonné la région pour des séances d’explications auprès des populations a bien voulu répondre à nos préoccupations. Entretien…

Pouvez-vous nous faire la genèse de cette histoire qui défraie la chronique en ce moment ?

Il s’agit d’une entreprise du nom de Global Industries SARL détenant depuis 2008 un permis de recherche pour des minerais. Ayant alors découvert sept (7) types de minerais dont l’ilménite dans le sous-sol du Département de Sassandra, a engagé une enquête de commodo et incommodo à la Sous-préfecture en date du 23 mars 2023 pour finir le 22 avril 2023, pour l’obtention d’un permis d’exploitation.

En tant que jeune de la région et partisan de la protection de l’environnement que reprochez- vous à l’entreprise Global Industries ?

Le reproche que nous faisons à l’entreprise se situe à deux (2) niveaux. Premièrement la désinformation : à l’issue des rencontres qu’elle a pu avoir avec certains chefs de villages, elle n’a pas fait cas des impacts environnementaux et sociaux et de leurs stratégies d’atténuation. Il nous revient qu’une promesse de 88 millions FCFA par an aurait été faite à cinq (5) villages. Deuxièmement : le mépris de l’environnement : la zone d’exploitation de 83 km2 visée comprend une forêt classée (forêt classée de Dassioko) qui joue un important rôle dans le climat de la région. C’est aussi une richesse floristique et faunique dont l’emblème du pays, les rares populations d’éléphants. C’est une zone humide regorgeant une série de mangroves, milieu de reproduction de la faune aquatique et marine, qui est inscrite à la convention RAMSAR.

Quel est l’avis des populations au sujet de cette exploitation ?

C’est une totale inquiétude qui se dégage de l’opinion des populations.

Pourquoi sont-elles si inquiètes ?

L’importance de la zone au plan national et international et les risques encourus par une telle exploitation sont contradictoires.

Aujourd’hui les questions environnementales sont un enjeu capital pour le développement. Est-ce la raison pour laquelle vous souhaitez que les populations soient pleinement associées à ce type de projet ?

Bien sûr Monsieur ! La question de développement durable nous interpelle tous et les populations impactées par un tel projet ne sauraient être mises à l’écart. Elles sont parties prenantes et doivent avoir une compréhension plus claire sur le projet. Par ailleurs, la loi n°378 du 02 juin 2017 portant sur la protection du littoral ivoirien est un dispositif légal visant la protection de la zone, sans oublier que des bailleurs tels que la Banque Mondiale a un projet de restauration des mangroves dans la même zone.

Selon vous, quelle est la conduite à tenir pour que ce projet connaisse un aboutissement heureux pour les populations ?

Si un tel projet se réalise dans l’arrière-pays (zone forestière) cela serait compréhensible contrairement au littoral. Toutefois, il faut relever qu’une bonne étude d’impact environnemental et social et un plan de gestion environnemental et social conforteraient les acteurs en présence.

Votre mot de fin.

C’est d’abord un remerciement à l’endroit de la presse et de certaines ONG internationales et nationales dont l’ONG Afrique Verte Environnement (basée à Sassandra) qui nous soutiennent dans cette approche de veille et de défense des populations et des problématiques environnementales et climatiques. Enfin, nous tenons à rappeler que le développement harmonieux de la Région du Gboklê

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