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Bomizambo, la cité du pagne Baoulé

Le pagne Baoulé est un des plus beaux tissus Africains. Comme son nom l’indique, il est fabriqué par le peuple Baoulé, ethnie majoritaire en Côte d’Ivoire représentant 30 % de la population, à Bomizambo (et dans les villages alentours), à une trentaine de kilomètres au nord de Yamoussoukro.

Tout comme les potiers de Tanou Sakassou, les tisserands Bomi sont de véritables artistes qui donnent vie au patrimoine artisanal ivoirien. A l’occasion d’un week-end à Yamoussoukro ou d’un séjour à Bouaké, un arrêt à Bomizambo s’impose donc pour découvrir l’art du tissage Baoulé et, pourquoi pas, acquérir des tissus « made in Côte d’Ivoire ».

C’est quoi le pagne Baoulé ?
Le pagne Baoulé est un tissu traditionnel Africain, fabriqué selon des méthodes ancestrales de tissage à la main. Dans le village de Bomizambo, ce savoir-faire se transmet de père en fils depuis des générations. Ici, seuls les hommes tissent.

Mais attention, rien à voir avec le wax aux couleurs chatoyantes et aux motifs bariolés qui fait désormais fureur en Occident (ce dernier est un tissu originaire d’Indonésie, importé par les Portugais et majoritairement produit en Europe … mais c’est une autre histoire dont je vous parlerai un jour !).

Le pagne Baoulé est confectionné à partir de coton, soie ou polyester dans une grande diversité de couleurs et de motifs. Il est tissé en bandes étroites d’environ 15 cm, ensuite assemblées les unes aux autres pour former un pagne de 1,80 m pour les femmes et 3,20 pour les hommes. Il peut faire office de tissu décoratif mais sert surtout pour les cérémonies traditionnelles (mariage coutumier, fêtes de réjouissance).

De l’art de tisser le pagne Baoulé
Sur une dizaine de kilomètres au bord de la route entre Yamoussoukro et Tiébissou, les métiers à tisser se succèdent et attirent l’oeil avec leurs longs fils de coton colorés.

En rentrant de Bouaké, nous nous sommes donc arrêtés à la principale coopérative située à Bomizambo. Nous sommes accueillis par son responsable qui ne semble pas particulièrement heureux de recevoir des visiteurs. Il n’a qu’une envie : nous mener à la boutique et nous faire acheter des pagnes.

Mais qu’à cela ne tienne, je lui demande si nous pouvons d’abord aller voir les tisserands, les observer et les questionner sur leur travail. A contre cœur, il nous y mène et commence la visite guidée. Son adjoint heureusement est un peu plus chaleureux.

C’est dimanche mais l’activité bat son plein comme en semaine. Des tisserands de tout âge, de 7 à 77 ans, tissent inlassablement. Assis sur une planche en bois, les pieds sur les pédaliers, ils effectuent des allers-retours incessants avec leurs mains tenant fermement une navette en bois poli. D’autres sont assis parterre à former les bobines de fil.

Nous observons avec admiration deux petits garçons de 8/9 ans qui tissent déjà avec une incroyable dextérité. Nos yeux peinent à suivre leurs mains tant ils vont vite.

Ensuite, l’un d’eux cède sa place à mes fils qui essayent, à leur tour, plutôt gauchement de manier le métier à tisser. Ils réalisent à quel point c’est difficile !! Et c’est pourquoi devenir tisserand nécessite une longue formation !

Devenir tisserand de pagne Baoulé
Quand nous sommes arrivés à Bomizambo, nous avons été surpris de voir que la majorité des tisserands étaient de jeunes enfants. C’était un dimanche, jour sans école certes … mais cela nous a quand même mis mal à l’aise.

En fait, Bomizambo est l’école d’excellence pour apprendre le métier de tisserand. Les anciens forment les plus jeunes, avec l’accord de leur parent. Certains enfants viennent de Yamoussoukro ou de Bouaké pour acquérir cette formation qui dure 7 ans. Elle se fait en 4 étapes :

– La première est une période d’observation qui peut prendre un à deux ans.

– Lors des deuxièmes et troisième étapes, l’apprenti a un atelier à tisser à sa disposition. Il passe quatre à cinq ans à apprendre les coutures les plus complexes et prêter main forte à son formateur.

– Lors de la dernière étape, l’apprenti est autonome et exerce librement son métier de tisserand.

Les pagnes Baoulé font partie du patrimoine artisanal et culturel de la Côte d’Ivoire, au même titre que le pagne Kita fabriqué dans le sud du pays ou encore les toiles de Korhogo fabriquées dans le village de Fakaha dans le nord.

En mai dernier, le Burkina Faso a déposé la marque « Faso Dan Fani pagne tissé de la patrie ». Une première étape vers la labellisation de son processus de fabrication 100% artisanal.

Espérons que la Côte d’Ivoire entreprenne aussi ce type de démarche afin de protéger son patrimoine artisanal et valoriser le travail de ses tisserands !

INFORMATIONS PRATIQUES

– Bomizambo se trouve à 30 km au nord de Yamoussoukro en direction de Bouaké (et 5 km avant la ville de Tiébissou). La principale coopérative se trouve sur la gauche en venant de Yakro.

– Avant ce village, vous pourrez en observer des dizaines d’autres qu’il est tout aussi possible de visiter et a priori bien plus accueillants que Bomizambo … Alors surtout n’hésitez pas à vous arrêter selon votre instinct et à aller à la rencontre des artisans !

– Une visite dans l’un de ces villages peut se faire à l’occasion d’un séjour à Yamoussoukro. Pour tout savoir sur les activités proposées par la capitale ivoirienne, je vous invite aussi à consulter mon article Que faire à Yamoussoukro.

– Les pagnes Baoulés se vendent par 2 (longueur : 1,80 m) et les prix varient entre 13000 et 18000 FCFA.
Depuis 2015, le festival du pagne Baoulé se déroule à Bomizambo au mois d’août : défilé en pagne, exposition des nouvelles créations, présentation des étapes de la conception de ces étoffes…

Source: levoyageducalao.com

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