×

L’origine du masque Goli

Le masque Goli est d'origine Wan. Selon la légende, un chasseur Wan suivait de routine ses pièges dans la forêt quand il entendit des chants.

Épris de curiosité, il chercha la provenance de ses décibels, quand il tombait inopinément sur une danse exécutée par des génies. Bien dissimulé il eu la latitude d’observer tout le déroulé de ce spectacle anodin, qu’il mémorisa dans les moindres détails. Une fois au village il s’empresse de raconter son aventure aux autres habitants qui peinent à le croire.

Pendant la nuit, le génie lui apparu et lui dicta exactement ce qu’il devait faire pour récupérer les masques (au nombre de 7) dans la forêt et pérenniser la danse dans le village. C’est ainsi que serait né le Goli.

Le nom du masque est donné à certaines personnes soit pour les protéger, soit pour en pérenniser le nom aux fins d’une succession familiale. Pour un homme, il s’appellera Goli Bi qui veut dire le fils de Goli et une femme Goli Nan, la fille de Goli. Si le porteur du nom venait à tomber malade, l’on doit sacrifier soit un poulet, soit un mouton au masque Goli afin que la personne recouvre la santé. C’est vers 1900 que les Baoulés arrivés à Bouaké, vont emprunter le masque Goli aux wan pour une fête, après laquelle ils vont finalement le garder et en faire leur patrimoine.

Dans la mythologie Baoulé, Goli est le fils de Nyamien (Dieu du ciel). C’est un être surnaturelle qui n’apparaît que lorqu’il y a un événement important (funérailles de chefs, des initiés et des dépositaires du masque, règlements de litiges etc.) au cours desquels des sacrifices sont faits pour conjurer le mauvais sort qui pourraient atteindre le village. Il apparait donc principalement comme un masque funéraire qui se décline en 7 entités, correspondantes aux composantes d’une famille nucléaire humaine normale. C’est à dire le père, la mère et les enfants (Garçons et filles).

Les différents types de Goli sont :

Le Gloin : le père
Taillé dans du bois mi-dur (« Sêwê » ou « Sicin » mais pas l’Iroko à cause de son poids), le masque présente un visage zoomorphe calqué sur l’image du criquet (selon le dépositaire du masque, le doyen N’dri Yao) ou calqué sur le crocodile selon d’autres avis. Avec des cornes d’antilopes et sur les côtés, deux disques rouges qui symbolisent le soleil.

Le porteur arbore un costume composé d’une cape en peau d’antilope sur un amas de fibres de feuilles de palmier fraîches, une jupe en fibres de raphia et des grelots aux pieds également recouverts de fibre de raphia.

C’est le père protecteur, qui garde le village de tous les maux, il accompagne les défunts dans l’eau delà (sa demeure). Règle les litiges entre habitant du même village, et de villages différents.

Le Kpan : la mère
Le Kpan a un visage humain peint en rouge, représentant une belle femme avec des nattes, le porteur du masque est recouvert de fibre de raphia, et porte une jupe de la même matière. Des grelots sont attachés à ces pieds et sont également recouvert par des fibres de raphia. Il porte une carpe en peau de panthère.

C’est la mère protectrice, qui accompagne la femme dans la fécondité et la grossesse.

Le Kouassi blé : le grand fils garçon
Le Kouassi blé est un masque zoomorphe au visage circulaire avec des cornes d’antilopes, des yeux globuleux et une bouche rectangulaire. Comme le Kpan, le porteur du masque est recouvert de fibre de raphia, et porte une jupe de la même matière. Des grelots sont attachés à ces pieds et sont également recouvert par des fibres de raphia.

Il est chargé de rapporter les évènements qui se passent au village au Gloin son père.

Le Gbakla Gboklo : le deuxième fils garçon
Le Gbakla Gboklo est un masque Zoomorphe avec des cornes d’antilope. Sont costume est identique à celui de son père le Gloin.
Le Gbakla Gboklo est celui qui sort lors des funérailles de personnes ordinaires pour représenter ses parents.

Le Kplé kplé : le dernier fils garçon
Le Kplé kplé a un visage zoomorphe arrondis orné de cornes d’antilopes. Il a le même costume que le kpan à la différence d’une cape en peau d’antilope.

Le Anté dandi : la grande fille
Le Anté Dandi a un visage humain presque similaire au Kpan avec le même costume mais n’arbore pas de cape.

Le Anté : la petite sœur
Le Anté a un visage humain presque similaire au Kpan avec le même costume mais n’arbore pas de cape. Le masque est moins imposant que le Anté Dandi.

Tous les différents types de Goli ont un rôle protecteur, ce sont des entités que l’on adore dans la forêt sacrée.

Dans la hiérarchisation des masques Goli, le Gloin est le père de tous. De ce fait, il est le plus craint. À l’annonce d’un décès, il envoie son grand fils, Kouassi blé pour s’enquérir des raisons des pleurs au village. Kouassi blé s’exécute et reviens du village avec une paille (principale composante des toitures des cases avant l’avènement des tôles) comme preuve de sa mission. Il fait son rapport à son père à qui il remet la paille afin que celui-ci retrouve l’habitation frappée par le deuil. Le Gloin ne se déplacera que si c’est un dignitaire qui est tombé. Une fois dans la case, seul avec le cadavre il lui assène plusieurs coups de sifflets afin de s’assurer de son état. Après quoi il retourne dans sa forêt et en informe sa femme le Kpan qui elle ne va faire son entré au village que trois jours plus tard. Ce scénario est mimé par des gestuels lors de la danse ou chaque acteur exécute des pas différents les uns des autres et qui doivent être des multiples de 7, que seuls comprennent les initiés. Le cérémonial dépeint ci-dessus ne se déroule que lorsque le défunt est une personne qui occupe une fonction importante dans la société villageoise et qui a des biens matériels conséquents. Pour une personne moins nantie c’est seulement le Gbakla Gboklo qui sort pour représenter toute la famille.

La danse du goli

L’annonce de la danse se fait par un cor dans lequel souffle une personne choisie qui est le soliste et qui communique avec le masque. Les autres membres de l’orchestre accompagnent le cor avec de grosses calebasses appelées « toha » habillés de files ornées de petites paillettes de grains qu’ils tiennent en mains pour rythmer la danse. Les paroles des chants accompagnant l’orchestre, sont en ethnie Wan. Le décor planté, les masques sortent par pairs, c’est d’abord les petits masques masculins « kplé-kplé » présentant des faces rondes qui font leur apparition. Après leur prestation, viennent les « Goli gloin » et pour boucler la fin des prestations, les masques féminins à tête d’homme aux coiffures tressées en forme de crête les « Kpan », le « Anté » ou le « Ante Dandi ». Aujourd’hui, en Côte d’Ivoire, le « Goli » est dansé dans presque tous les villages des régions du Bélier et du Gbêkê.

Les derniers articles

  • Les Ehotilé ou Bétibé

    A travers les Sous-Préfectures d'Adiaké (Adiaké, Assomlan, Eplemlan, Etuessika, N'Galiwa, Mélékoukro, Adiaké-Kakoukro...) et d'Etuéboué (Abiaty,…

  • Le mariage Malinké

    Le mariage reste un événement central dans la reproduction des structures familiales en pays Malinké.…

  • Les Niaboua ou Nyabwa

    Des révélations de M. Alfred Schwartz (cet européen anciennement au Centre ORSTOM-Sciences humaines de Petit-Bassam),…