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Du royaume du Nafana au royaume du Kabadougou

Le royaume du Kabadougou a été fondé au début du XIXe siècle dans la région d'Odienné sous la houlette des Bambara. Les Diarassouba dans ce processus s'allient (vers la f in du XVIe siècle) aux Kamagaté, aux Komara, aux Bamba et à Sirakoma et Sirazan, des chefs d'armée de Ségou.

Massamba Kourouma du Massala (territoire de Samatiguila), informé de cette expédition militaire à destination de son pays, fit allégeance à Koma Diarassouba, le principal instigateur de la conquête.

Les Diarassouba devinrent les maîtres de ce territoire, naguère occupé par les Sénoufo, baptisé Nafana et limité dans sa partie nord par le Massala, autour de 1760. De leur côté, les Kamagaté, venant de subir les assauts des Sénoufo, s’établirent à l’emplacement actuel d’Odienné. Aux côtés de ces premières familles, on note les Dibi, les Sylla et les Savané. L’hégémonie Diarassouba se substituera à celle des Diomandé qui s’étendait au-delà d’Odienné et de Boundiali. Elle est ruinée un siècle plus tard par les Touré du Kabadougou.

Le royaume de Nafana avec Tiyéfou pour capitale ne durera que du dernier tiers du XVIIIe siècle au milieu du XIXe siècle. Il est détruit en 1848 par Vakaba Touré, commerçant musulman dont la personnalité est liée à la création du royaume du Kabadougou (Loucou 1984, p. 25-85 ; Derive, Dumestre 1976, p. 25-27). Profitant des dysfonctionnements nés de la course à la succession de Dyondo Diarassouba, troisième souverain du Nafana, les Touré soumettent le territoire des Diarassouba. Si certains Diarassouba se rallièrent aux Touré, ils restèrent un foyer de dissidence jusqu’à l’arrivée de Samory.

Le Kabadougou ou Kabasarana incluait le Worodougou et s’étendait du pays Mahou à la région de Bamako (Loucou 1984, p. 99-100 ; Derive, Dumestre 1976, p. 36-40). Les Touré ont structuré leur royaume en une unité politique qui aboutit à un État ou un territoire mandé dit Kafou avec Odienné comme capitale politique. Le Kafou du Kabadougou, était dirigé par les Faama Touré qui assuraient les fonctions de chefs suprêmes de l’armée et de la justice. Pour plus d’efficacité, le pouvoir était exercé au niveau local par des gouverneurs de province Faama deen. Le pouvoir qu’ils avaient réussi à mettre sur pied aboutit à une domination de tous les villages annexés.

En outre, cette organisation permit aux Touré de créer une nation qui incluait les Siguinani, les N’galanani, les Mavala et les Kénibala (Sidi 1992-1993, p. 204212 et p. 277). Elle déclinera progressivement, à la mort en 1858 de Vakaba Touré, du fait de mésententes entre ses fils Va-Mouktar, Mangbè Amadou ou Vaamadou, Va-Brêma et VaMoriba (Loucou 1984, p. 100). Royaume du Kabadougou : Vakaba Touré Vakaba Touré (1800-1858) anciennement Kaba Touré (Loucou 1984, p. 99-100), et qui deviendra plus tard Va Kaba c’est-àdire « Père Kaba » par respect, serait né à Lekoro dans le Nyénendougou ou à Samatiguila. Très tôt les marabouts vont détecter chez Vakaba Touré le tempérament d’un homme d’État.

Il se montre d’abord comme un puissant négociant de volailles et de kolas qu’il allait acheter dans le Worodougou et qu’il revendait à Djenné. Ces talents de commerçant, et sa bonne maîtrise du coran qu’il tenait du grand maître Karamogoba Diabi, l’amènent à contrôler le commerce des armes à feu. Cet atout, sa capacité à manier les armes que Mori Oulé Cissé chef de guerre résidant à Madina lui enseignera, son courage et sa forte personnalité font de lui un personnage d’exception qu’il faut avoir comme allié (Derive, Dumestre 1976, p. 36-42). Il entame alors vers 1842, à partir de Samatiguila, la conquête des villages du Toron. Il libère Kouroukoro, village natal de sa mère, que convoitait Mori Oulé Cissé. Il met en déroute son armée, s’en empare et, s’appuyant sur les querelles de succession consécutives à la mort de Dyondo Diarassouba, le troisième souverain du Nafana, il soumet le territoire des Diarassouba (Loucou 1984, 208 p. 99-100 ; Derive, Dumestre 1976, p. 36-40). Il parviendra, par cette entreprise, à consolider les assises territoriales du royaume de Kabadougou, dont l’hégémonie cependant va s’avérer précaire. Il rencontra à la f in de sa vie Samory Touré qu’il aurait béni pour son œuvre future. En reconnaissance Samory aurait donné en mariage à Vakaba Maagbè Amadou, le deuxième fils de son hôte, sa fille Sogonasé et épargna Odienné. On connaissait à Vakaba Touré quatre femmes à savoir : Mamangbé (sa favorite), Ngosandie, Madonie Kanté et Nansogonan. Son fils aîné, Mouktar, lui succèda. Celui-ci porta les frontières du royaume dans les limites de Bougouni au nord, Borotou au sud, Kebi à l’est, Gbeleban à l’ouest.

Source: Siméon Kouakou Kouassi, Philippe Delanne, Viviane Fortaillier
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