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Loi des masques et coutumes dans la société ouobé

Les Ouobé occupent les cantons Peomé, Semien, et Tao, situés à l'Ouest de la Côte-d'Ivoire, près de Man. Ils comptent environ 53.000 personnes, conscientes de former avec les Guéré une communauté de même origine, coutumes et croyances.

La connaissance historique des Ouobé est très réduite. Le souvenir des faits du passé s’estompe très rapidement pour devenir mythe. Les récits mythiques, contes et légendes, sont au contraire très nombreux. Ainsi, les hommes venant du ciel, descendus sur la terre par l’intermédiaire de « Kela », principe fondateur, étaient les Tingnons, ancêtres des Ouobé. Les animaux ont aidé les hommes à s’adapter : le lièvre a donné l’eau… « Kela » incarna l’esprit dans le corps humain et attribue à chaque famille un animal symbole de l’alliance divine avec la terre, le « gba », animal totémique dont il est interdit de consommer la chair.

Les « gba » se sont diversifiés avec les lignages : « gba » de village, de famille, de lignage, d’individu. La peine de mort sanctionne la violation de l’interdit alimentaire. Les génies « kosri » intervinrent pour aider les hommes à lutter contre la Nature : ils complétèrent la loi divine par des règles propres au monde terrestre (règles de la guerre, de la justice…) symbolisées par un grand masque fait à l’image du donateur. L’auteur fait une étude descriptive des masques. Il signale les influences subies par les Ouobé dans ce domaine notamment de la part des Yacouba. Puis il analyse un à un les masques des clairvoyants ou « koma », le plus grand, qui lutte contre la sorcellerie, le masque de paix, conciliateur entre les individus, le masque de source, de guerre, de décès,etc…

Les masques renfermant toute la puissance bénéfique des ancêtres, ne doivent pas être vus ni des étrangers, ni des non initiés, ni des femmes. Les sanctions de ces interdictions consistent essentiellement en amendes et offrandes de cola.

Les « kohu » (amulettes, fétiches, médicaments) sont des objets dans lesquels sont concentrées certaines forces surnaturelles qui jouent un rôle de protection, de compagnon de vie, défenseur des intérêts du porteur. Ils peuvent avoir un rôle plus public par exemple dans la recherche et le châtiment des sorciers, mais ils n’entrent pas en compétition avec les masques, chaque village n’ayant jamais tous les masques décrits précédemment ni tous les « kohu ».

Les sociétés secrètes ont été données par les génies « kosri » en même temps que les masques. La société secrète à masque, au recrutement par voie héréditaire, maintient la cohésion sociale et affirme la singularité’ de la société humaine dans sa vassalité céleste face à « Zédé », d’où son but de recherche et de révélation de la sorcellerie.

La société des « koui » est importante pour ses fétiches (ou « kohu ») dont la puissance déborde bien souvent le cadre du groupe. Les religions révélées sont apparues tardivement en pays ouobé; si elles entraînent souvent l’abandon des masques par les convertis, elles entraînent rarement celui des fétiches. Les mythes des religions révélées (récits de l’Ancien Testament, légendes islamiques…) sont souvent reinterpretés par les convertis en fonction des mythes ouobé et juxtaposés, plutôt que substitués.

La sorcellerie est, selon l’auteur, la première manifestation de l’individualisme : dans une société où les modèles culturels sont contraignants et laissent peu de place à l’initiative personnelle, elle permet d’échapper, par une alliance individuelle et secrète avec les forces obscures, aux contraintes sociales.

Coutume ouobé et les différents rites auxquels se soumet l’homme depuis la naissance : initiation, mariage, mort, rites de la vie quotidienne.

Après sa mort, l’âme de l’homme quitte son corps et va rejoindre « Kêla » dont elle est issue et pourra se réincarner dans un nouveau-né. C’est par l’intermédiaire des animaux que Dieu dispense plantes et fleurs aux!.hommes (les excréments de l’éléphant devenus paddy par exemple).

L’introduction des cultures industrielles en pays ouobé a eu pour effet de permettre, au bénéfice d’étrangers, la cession du patrimoine légué par les ancêtres et a fait apparaître la notion de propriété individuelle.

Source: Mémoires de l’IFAN, 1967, n° 78, 358 p., 6 pi, bibliogr.

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